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A la veille du procès en appel du Rubygate, la carrière politique de Berlusconi semble compromise

A la veille du procès en appel du Rubygate, la carrière politique de Berlusconi semble compromise

A quelques jours du début du procès en appel du Rubygate pour prostitution de mineure et abus de pouvoir, l'étoile politique de l'ex-fringant Cavaliere Silvio Berlusconi semble avoir définitivement pâli.

L'ancien Premier ministre va tenter devant les tribunaux d'obtenir au moins une réduction de la peine de sept ans de prison et d'interdiction à vie de mandat public qui lui a été infligée en juin 2013 pour avoir rémunéré des rapports intimes avec "Ruby la voleuse de coeurs", la danseuse marocaine Karima El-Mahgroub, quand elle était mineure, et pour avoir fait pression sur la préfecture de Milan pour la faire relâcher après un larcin.

Les ennuis du magnat de la télévision ne s'arrêtent pas là: depuis mai, il a commencé une activité de bénévolat dans un centre pour malades d'Alzheimer pour purger une condamnation à un an de prison - transformée en un an de travaux d'intérêt général -- pour fraude fiscale (procès Mediaset). Il est aussi en cours de jugement pour corruption de sénateur et au coeur d'une enquête pour corruption de témoins dans le procès Ruby.

"L'affaire Ruby semblait le moment décisif qui allait déterminer sa chute mais elle n'est plus que l'un des nombreux épisodes de sa lente agonie politique", explique à l'AFP Antonio Gibelli, historien et auteur de livres sur Berlusconi.

Le patron de l'empire Fininvest (télévision et édition), qui ne fait plus recette dans les médias, n'assistera probablement pas à la première audience très technique.

Sa défense devrait être identique à celle du procès en première instance: M. Berlusconi 77 ans, nie avoir eu des rapports sexuels avec Ruby lors de fêtes que des témoins ont décrites comme osées voire obscènes avec séances de striptease et de déguisements.

Ses avocats devraient répéter aussi la version selon laquelle M. Berlusconi est intervenu auprès de la préfecture de Milan car il était convaincu que Ruby était la petite-fille du président égyptien de l'époque Hosni Moubarak et cherchait à éviter un incident diplomatique. Une thèse réfutée par l'accusation qui est sûre qu'il essayait de cacher leurs liens illégaux, Ruby étant mineure.

Des écoutes téléphoniques sordides de mères poussant leurs filles à se rendre aux dîners fort rentables organisés chez Silvio Berlusconi ont occupé les pages des journaux pendant des mois tout comme les dessous du procès Ruby 2 dans lequel ont été condamnés trois proches du magnat pour lui avoir organisé un véritable réseau de prostitution.

Mais l'intérêt médiatique s'est peu à peu tari en parallèle de la descente aux enfers politique du milliardaire.

Son expulsion du Sénat en novembre 2013 pour sa condamnation définitive pour fraude fiscale a marqué le début d'un déclin irréversible à la fois pour lui et pour son parti Forza Italia.

Sa formation de centre droit PDL s'est scindée en deux et son parti qui avait obtenu un score record de 37/38% aux législatives de 2008 est tombé à 17% aux récentes européennes, arrivant troisième derrière le Parti démocrate (gauche) et même le Mouvement Cinq étoiles de Beppe Grillo.

"Berlusconi a commis l'erreur de croire que son pouvoir était éternel. Forza Italia doit aussi arrêter de penser qu'il est irremplaçable et se trouver un nouveau chef", a estimé Gianfranco Pasquino, expert en sciences politiques de la Johns Hopkins School à Bologne.

Le magnat vieillissant, descendu pour la première fois dans l'arène politique il y a 20 ans est complètement éclipsé désormais par le jeune et charismatique Matteo Renzi, 39 ans, qui s'est propulsé de la mairie de Florence à la tête du gouvernement en début d'année.

Les problèmes de Berlusconi "ont été aggravés par les ennuis judiciaires de deux de ses proches, Marcello Dell'Utri (un ex sénateur condamné pour collusion mafieuse, ndlr) et Claudio Scajola (un ex ministre impliqué dans un scandale de corruption, ndlr)", note M. Gibelli.

"Il y a comme une atmosphère de défaite autour de Berlusconi, lui-même apparait comme une figure pathétique, marginalisé par son propre parti mais refusant d'accepter que son époque est terminée", selon M. Gibelli.

Pour M. Pasquino, même une confirmation en appel de la culpabilité de M. Berlusconi dans le Rubygate n'aurait "aucun impact sur la scène politique. Sa carrière est finie, il n'a aucune chance de faire un comeback".

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