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Mondial-2014 - Sifflets pour la Seleçao, puis samba rue Alzirao

Mondial-2014 - Sifflets pour la Seleçao, puis samba rue Alzirao

Tous en maillot jaune cinq étoiles, les visages crispés, tendus vers l'écran géant du fan-fest officieux mais 100% carioca de la rue Alzirao à Rio, ils ont hurlé, tremblé et rongé leurs ongles pendant 93 minutes.

Mais la Seleçao est tombée mardi sur un os à Fortaleza, à 3000 kilomètres de là. Le Mexique était trop coriace, son gardien en état de grâce, les Brésiliens brouillons.

Et au 0-0 final, des sifflets ont fusé parmi la foule déçue des 25.000 "torcedores" massés dans cette rue du quartier populaire de Tijuca, à un kilomètre de l'imposant stade Maracana.

"Avec une équipe comme ça, on ne va pas gagner le Mondial", grogne même un policier militaire de faction.

Et puis très vite, en l'espace de quelques minutes, Rio de Janeiro reprend ses droits. Le chanteur de l'école de samba Unidos da Tijuca à peine monté sur scène, hommes et femmes se mettent à danser frénétiquement. D'autres commencent à manger et surtout à boire. Du Coca et de la bière bien sûr. Mais aussi, une fois n'est pas coutume, et preuve qu'on n'est pas rancunier à Rio, de la tequila vendue par un marchand ambulant.

Rafael Pires 21 ans, un jeune métis, "aime venir à Alzirao pour les matches du Brésil à cause de l'ambiance bon enfant et sûre".

"Mais je vais aussi (au fan-fest officiel de la Fifa) à Copacabana, car là-bas il y a les gringas et j'ai mon petit succès", ajoute en riant le jeune dragueur.

"Alzirao c'est le vrai Brésil, le peuple. Copa c'est pour les gringos" (les étrangers, NDLR) abonde Julio Cesar Cortat, un Angolais de 21 ans, qui vit depuis sept ans au Brésil.

L'histoire de ce point de rendez-vous incontournable des cariocas à chaque Coupe du monde a commencé en 1978, raconte l'un de ses fondateurs, Ricardo Ferreira.

"J'avais quinze ans et on regardait le match Brésil-Autriche à la télé chez un copain de la rue. C'était un match difficile et tout à coup le Brésil a marqué un but. Fou de joie, j'ai allumé un feu de Bengale. Mais il a fait exploser le lustre du salon et la mère de notre copain nous a foutus dehors", se rappelle-t-il en riant.

C'est alors qu'il a eu l'idée d'aller chercher une télévision et de l'installer au coin de la rue pour voir la fin du match avec ses copains : "Les gens ont commencé à venir, à la fin, on était 200".

En 1982, la mairie a organisé le premier concours de décoration de rues et l'Alzirao a remporté la deuxième place.

"La Seleçao a été éliminée après le cinquième match, on était 700. Puis les supporteurs sont venus de plus en plus nombreux. En 2010, quand le Brésil s'est incliné devant les Pays-Bas au cinquième match (quarts de finale), on était 25.000".

Normalement, les rues sont décorées deux mois avant la Coupe. Cette année, les gens ont un peu plus tardé. Le coeur n'y était pas, en raison des manifestations anti-Mondial, du climat ambiant de grogne sociale.

Rue Alzirao, on croise Antonio Ramos, 58 ans, une amulette dans une main et dans l'autre un bouquet d'"arruda" (une plante qui éloigne le mauvais oeil au Brésil).

Mais aussi l'attaquant-vedette de la Seleçao Neymar. Enfin son sosie, Mc Neymar, de son vrai nom Thiago Mendez, qui pose pour les photographes.

Il imite à la perfection toutes les mimiques, tous les tics de son idole. Et distribue les interviews comme Neymar en personne, avec une langue de bois confondante d'authenticité: "J'ai confiance, notre équipe est bien préparée, bla bla bla..."

Puis, il se lance dans la chorégraphie du "Passinho de Neymar" (le petit pas de Neymar), le funk qu'il a composé et sur lequel il compte bien pour devenir autre chose qu'un sosie.

Samba puis funk, la musique syncopée des ados des favelas: la fête va continuer sans modération rue Alzirao. Mais pas jusqu'au bout de la nuit. Après 22 heures, c'est tapage nocturne.

cdo-pal/ag/fbx

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