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Mauritanie: Aziz grand favori d'une présidentielle boycottée par ses opposants

Mauritanie: Aziz grand favori d'une présidentielle boycottée par ses opposants

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a réussi en six ans à débarrasser son pays des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, part grand favori de la présidentielle de samedi, boycottée par ses principaux opposants.

Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en août 2008, M. Aziz, un ex-général, s'est ensuite fait élire pour un premier mandat de cinq ans en 2009. A cette époque, le groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est très actif en Mauritanie où il commet attentats et enlèvements.

Aujourd'hui, ce pays apparaît comme un havre de paix dans la bande sahélo-saharienne fortement déstabilisée par les crises au Mali et en Libye. Un résultat obtenu grâce, selon le chef de l'Etat, à "la réorganisation des capacités de l'armée et des forces de sécurité", avec l'assistance technique de la France, ex-puissance coloniale.

En 2010 et 2011, l'armée mauritanienne a mené avec succès des raids "préventifs" contre des bases et des unités combattantes d'Aqmi dans le nord du Mali, d'où la branche maghrébine d'Al-Qaïda préparait et lançait ses actions en territoire mauritanien.

Selon Mohamed Fall Ould Oumeire, analyste politique et directeur du journal La Tribune, "le premier point sur lequel le succès d'Aziz est indéniable est bien celui de la sécurité et de la stabilité du pays avec l'éloignement du spectre de la menace terroriste".

Le chef de l'Etat, président en exercice de l'Union africaine (UA) jusqu'en 2015, reste très impliqué dans la résolution du conflit au Mali, où il a réussi le 23 mai à arracher un cessez-le-feu entre des groupes rebelles et l'armée après une brusque reprise des hostilités à Kidal (extrême nord-est du Mali).

Dans le domaine économique, la Mauritanie, vaste pays désertique de 3,8 millions d'habitants bordant l'océan Atlantique, riche en minerai de fer, aux eaux poissonneuses et qui exploite du pétrole depuis 2006, a enregistré en 2013 un taux de croissance de 6%. Le président Aziz se targue en outre d'avoir fait baisser le taux d'inflation à moins de 5%.

Ces succès dans la lutte contre les groupes islamistes armés et dans le domaine économique font dire au président Aziz et à ses partisans que depuis qu'il est arrivé au pouvoir, la Mauritanie a accompli des "pas de géant".

Mais ses principaux opposants dénoncent la caractère "autoritaire" de son régime et ont appelé à boycotter le scrutin présidentiel, "une mascarade électorale" organisée de manière "unilatérale" selon eux, en dépit de négociations avec le pouvoir sur leur éventuelle participation.

Les sympathisants du Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU, opposition radicale), ont manifesté contre la tenue de l'élection et pour dénoncer "le pouvoir dictatorial" de l'ex-général Aziz.

Le FNDU, qui mise sur un fort taux d'abstention, regroupe les onze partis de la Coordination de l'opposition démocratique (COD), comprenant le parti islamiste Tewassoul (16 députés à l'Assemblée nationale), des personnalités indépendantes, des syndicats et des organisations de la société civile.

Quatre candidats se présentent néanmoins contre le président sortant, dont une femme de 57 ans, Lalla Mariem Mint Moulaye Idriss, et Biram Ould Dah Ould Abeid, un militant réputé de la lutte contre l'esclavage qui, bien qu'aboli légalement en 1981, reste pratiqué en Mauritanie selon plusieurs ONG.

M. Ould Abeid, un Haratine (descendant d'esclaves) est président de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA-Mauritanie) et se présente comme "l'unique candidat sorti des couches défavorisées du peuple".

El-Houssein Ould Ahmed El-Hadi, porte-parole du chef de l'Etat, a dénoncé "des discours racistes et communautaristes nuisibles à l'unité nationale", sans toutefois citer M. Ould Abeid, ni le seul candidat négro-mauritanien au scrutin, Ibrahima Moctar Sarr, qui affirme que les Noirs de son pays sont "marginalisés et victimes d'injustice".

Le quatrième candidat est Boidiel Ould Houmeid, du parti El-Wiam, formation de l'opposition dite "modérée".

La présidentielle sera surveillée par plusieurs observateurs internationaux, dont ceux de l'UA, dirigés par l'ancien ministre tunisien Béji Caïd Essebsi.

hos-stb/cs/de

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