Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les islamistes somaliens poursuivent leur "guerre" au Kenya, 10 morts dans une nouvelle attaque

Les islamistes somaliens poursuivent leur "guerre" au Kenya, 10 morts dans une nouvelle attaque

En "guerre" contre le pouvoir kényan, les islamistes somaliens shebab ont poursuivi leurs attaques meurtrières le long de la côte touristique de l'océan Indien, avec un nouveau raid qui a fait au moins dix morts lundi soir près de l'archipel de Lamu.

En moins de 48 heures, deux attaques perpétrées dans la même zone -en plein territoire kényan et à une centaine de km de la frontière somalienne- ont fait près de 60 tués, tous Kényans, posant un défi majeur aux autorités du pays, dont les troupes combattent contre les shebab en Somalie au sein d'une force africaine.

Dans la nuit de lundi à mardi, des hommes armés ont cette fois fait une descente sur le village de Poromoko, y tuant au moins "dix personnes", a indiqué la police locale.

Selon la même source, les assaillants semblaient faire partie du commando - une cinquantaine d'hommes lourdement armés - qui avait tué dimanche soir au moins 49 personnes dans la localité toute proche de Mpeketoni, ciblant exclusivement - selon des témoins - des hommes de confession chrétienne.

Légèrement en retrait de l'océan Indien, Mpeketoni se trouve à une trentaine de kilomètres de la ville touristique et historique de Lamu, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

A Mpeketoni, ravagée dimanche soir par les flammes, la tension restait très forte mardi matin, alors qu'une trentaine de corps étaient toujours étendus sous une tente dans le jardin de l'hôpital, avant leur enterrement.

"Les gens se disaient que c'était terminé hier (lundi), mais quand nous avons appris les nouvelles ce matin, l'humeur est devenue sinistre", a confié à l'AFP David Njoroge, un pasteur évangélique de 54 ans.

Les shebab, liés à Al-Qaïda, n'ont pas tardé à revendiquer l'opération sanglante de Poromoko, affirmant avoir tué "20 personnes".

"Nous avons tué 20 personnes, principalement des policiers et des gardes forestiers kényans. Les membres du commando se sont rendus dans plusieurs endroits à la recherche de soldats", a déclaré à l'AFP par téléphone Abdulaziz Abu Musab, porte-parole militaire des shebab.

"Les membres du commando ont accompli leur devoir et sont rentrés tranquillement à leur base", a-t-il ajouté, sans préciser si cette "base" se trouve au Kenya ou en Somalie voisine, située à une centaine de kilomètres au nord de la zone des attentats.

Une porte-parole de la police nationale kényane, Zipporah Mboroki, a confirmé le nouvel attentat mais sans donner de bilan. "Nos policiers essaient d'accéder au lieu de l'attaque et les informations restent partielles", a-t-elle dit.

Condamné par les Etats-Unis et l'ONU, l'attentat de Mpeketoni était le plus meurtrier et le plus spectaculaire depuis l'assaut par un commando shebab du centre commercial Westgate de Nairobi en septembre 2013, qui avait fait au moins 67 morts.

Selon des survivants, le commando s'en est pris dimanche exclusivement à des hommes chrétiens, épargnant femmes, enfants et musulmans.

"Ils les ont tués un par un (...), directement dans la tête, l'un après l'autre", a raconté David Waweru, un jeune homme qui avait réussi à se mettre à l'abri.

En revendiquant lundi l'attentat de Mpeketoni, les shebab avaient promis de nouvelles tueries au Kenya. Les islamistes avaient aussi menacé étrangers et touristes, les appelant à éviter le Kenya, décrété "zone de guerre", sous peine d'"amères conséquences".

Ils mettent en cause Nairobi pour l'intervention kényane en Somalie mais aussi pour "les intimidations et exécutions extrajudiciaires de responsables musulmans".

L'armée kényane est entrée en Somalie en octobre 2011 pour y combattre les islamistes somaliens aux côtés des autres contingents de l'Amisom, force africaine qui compte aujourd'hui 22.000 hommes.

Plusieurs responsables musulmans radicaux ont été tués ces dernières années dans la ville de Mombasa, sur la côte kényane, où la communauté musulmane est de plus en plus perméable à l'islamisme. Des organisations de défense des droits de l'Homme ont accusé les autorités de perpétrer des exécutions extra-judiciaires.

Les attaques, attribuées aux shebab ou à leurs sympathisants, n'ont cessé de s'intensifier depuis mars au Kenya. Le pays, connu dans le monde entier pour ses safaris et ses plages paradisiaques, voit son tourisme s'effondrer dans ce climat de violence.

bur-ayv-tmo/hba

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.