Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le Sénat espagnol donne le feu vert à l'avènement de Felipe VI

Le Sénat espagnol donne le feu vert à l'avènement de Felipe VI

Le Sénat espagnol a donné mardi le feu vert à l'avènement du nouveau roi Felipe VI, dans un scénario inédit depuis le retour de l'Espagne à la démocratie en 1978, enclenché après l'annonce de l'abdication de son père, Juan Carlos.

Le roi, âgé de 76 ans, a présidé avec la reine Sofia son avant-dernier acte officiel, un déjeuner dans sa résidence de la Zarzuela, avec parmi les invités le chef du gouvernement Mariano Rajoy.

Le dernier sera, mercredi au Palais royal de Madrid, la signature de la loi d'abdication. "Un acte solennel, très court, lors duquel aucune parole ne sera prononcée", soulignait la Maison royale.

Le texte, déjà voté par les députés, a été approuvé mardi par le Sénat avec 233 voix pour, 5 contre et 20 abstentions, les partis soutenant la monarchie y disposant, comme à la Chambre basse, d'une écrasante majorité, alliant pour l'occasion le Parti populaire, de droite, qui gouverne l'Espagne, et l'opposition socialiste.

Parmi les voix discordantes, très minoritaires, qui réclament un référendum sur l'avenir de la monarchie, celle des indépendantistes républicains catalans d'ERC. "Il n'est pas acceptable que l'on puisse transmettre par héritage sa condition", a lancé la sénatrice Ester Capella.

Le prince Felipe, 46 ans, deviendra, dès la loi publiée au Journal officiel, mercredi soir ou jeudi, le nouveau roi d'Espagne. Une succession inédite depuis que l'Espagne, sortie de la dictature à la mort de Francisco Franco le 20 novembre 1975, a renoué avec la démocratie dont Juan Carlos fut le symbole.

Trente neuf ans plus tard, c'est un roi usé par les ennuis de santé et les scandales qui a annoncé, le 2 juin, sa décision d'abdiquer, murie depuis plusieurs mois, afin de laisser place à une "nouvelle génération".

Mais en se retirant, Juan Carlos transmet à son fils la délicate mission de rénover une monarchie discréditée et de préserver une unité nationale malmenée par la poussée séparatiste en Catalogne.

En uniforme militaire, portant la ceinture de soie rouge de capitaine général des Armées, qu'il aura reçue des mains de son père, Felipe jurera fidélité jeudi à la Constitution de 1978, socle fondateur de la démocratie espagnole.

Une cérémonie devant les députés et sénateurs réunis, en l'absence d'invités étrangers, conciliant la sobriété requise en temps de crise et la proximité avec les Madrilènes. Rompant avec la tradition catholique, la journée sera exclusivement laïque.

Après avoir traversé Madrid en voiture, Felipe et la nouvelle reine Letizia, première souveraine espagnole non issue de la noblesse, accompagnés de Juan Carlos et Sofia, sortiront sur le balcon central du Palais royal pour saluer les Madrilènes.

Mais tout au long de cette journée, la haute silhouette du jeune roi éclipsera celle de Juan Carlos, le grand absent de la cérémonie au Congrès des députés, et de la réception qui suivra au Palais royal, en présence de 2.000 invités et des ambassadeurs étrangers.

Une "décision personnelle", assure la Maison royale, prise par le roi lui-même afin de "donner un plus grand rôle" à Felipe.

Espoir d'une monarchie désormais contestée par environ un Espagnol sur deux, selon les sondages, Felipe reste populaire, mais dispose d'une étroite marge de manoeuvre, dans un pays où la crise économique et un taux de chômage de 26% ont engendré une perte de confiance dans les institutions.

Le mécontentement, pourtant, s'exprime peu dans les rues et les manifestations en faveur d'une république qui avaient accompagné l'annonce de l'abdication se sont tues, seuls de petits rassemblements, interdits, étant annoncés pour jeudi à Madrid.

Mardi, Mariano Rajoy se félicitait de la bonne marche de la succession, donnant "la preuve de la solidité des institutions et du consensus social autour de la Constitution".

Mais au Sénat, le représentant du petit parti de gauche pro-républicain Izquierda unida, José Manuel Mariscal, affirmait "qu'il ne peut y avoir de concorde avec six millions de chômeurs, avec treize millions de personnes en risque de pauvreté", reprenant ce mot, "concorde", symbole de réconciliation durant la transition post-franquiste.

"L'heure est venue que le peuple décide de son avenir", a-t-il lancé.

sg-ib/gg

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.