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En Inde, l'Etat le plus peuplé est à la peine pour endiguer viols et meurtres

En Inde, l'Etat le plus peuplé est à la peine pour endiguer viols et meurtres

L'Uttar Pradesh, l'Etat le plus peuplé de l'Inde, connu pour le Taj Mahal, est en train d'acquérir la réputation d'un Etat "failli" après une série de viols et de meurtres qui suscitent des appels en faveur de l'intervention du gouvernement central.

Après un nouveau viol en réunion et une fusillade fatale à deux policiers lundi, le ministre de l'Intérieur Rajnath Singh a suggéré qu'il pourrait prendre les choses en main en déclarant qu'il "surveillait étroitement(..) la situation de la loi et de l'ordre".

Mis en cause pour la dégradation de la situation, y compris au sein de sa propre administration, le chef du gouvernement de l'Uttar Pradesh (UP), Akhilesh Yadav, a répliqué qu'il ne plierait pas devant les critiques et qu'il était déterminé à redorer le lustre de son Etat, peuplé de 200 millions d'habitants.

"Parce que l'Uttar Pradesh est un grand Etat, politiquement c'est un Etat très puissant et les critiques ne se résignent pas à voir qu'il est dirigé par un jeune +ministre en chef+, aussi ils se disent +éreintons-le+", déclare Yadav, 40 ans, dans un entretien à l'AFP.

Depuis qu'il est devenu le plus jeune dirigeant d'un Etat de l'Inde il y a deux ans, Yadav ne parvient pas à dissiper l'impression qu'il n'est là que pour appliquer les décisions de son influent père, Mulayam Singh Yadav.

Lui-même ancien chef de l'exécutif de l'UP et ancien ministre de la Défense, il dirige le parti socialiste Samajwadi Party (SP) et a déclenché la controverse récemment en déclarant à propos du viol: "les hommes resteront des hommes".

Son fils a en revanche déclaré à l'AFP qu'il était favorable à la peine capitale pour les auteurs de viol.

"Seule une société qui respecte ses femmes peut progresser", a dit Yadav, qui a étudié en Australie.

La police de l'Etat est souvent accusée de négliger les affaires de viol et de protéger leurs auteurs en raison de leurs relations familiales ou de leur caste.

Le viol de deux adolescentes, retrouvées pendues à un manguier, a récemment fait les gros titres, les habitants du village refusant que la police décroche les corps tant que les médias n'auraient pas pris la scène en photo.

A.L. Banerjee, le chef de la police de l'Etat, a reconnu que certains affaires avaient été "mal gérées" mais, face aux nombreux crimes, la police agit généralement "avec sérieux, rapidement et de façon appropriée", a-t-il dit à l'AFP.

En privé, les policiers estiment que le nombre d'affaires criminelles ne baissera pas tant qu'on ne s'attaquera pas aux causes sous-jacentes, telles que le chômage des jeunes.

Mohammad Tauheed Siddiqui, qui s'occupe de jeunes marginalisés, déplore un manque généralisé de moyens.

"Le chômage est élevé car l'Etat n'a pas assez de ressources. Pas assez de fonds pour les écoles, pour les alimenter en électricité, pour les professeurs, rien", dit-il à l'AFP.

Bien qu'il soit contigu de Delhi et qu'il ait élu de prestigieux députés tels que le Premier ministre Narendra Modi, l'Uttar Pradesh est souvent considéré comme un Etat négligé par le pouvoir.

De grandes villes telles que Varanasi (Bénarès) souffrent d'infrastructures déficientes et dans les zones rurales, il n'est pas rare d'avoir 12 heures par jour sans électricité.

Quelque 40,9% des habitants de l'UP vivent sous le seuil de pauvreté, selon les statistiques officielles.

Pour certains analystes, la taille de l'Etat, qui compte plus d'habitants que le Brésil, rend son administration pratiquement impossible.

"L'ordre et la loi n'existent pas. Le viol et le meurtre sont choses communes. L'Etat a complètement échoué", estime pour sa part R.K. Singh, ancien haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur et désormais député du parti nationaliste hindou de Modi.

Conséquence, le député demande au gouvernement central d'administrer l'Etat, comme l'autorise exceptionnellement la constitution.

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