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Soudan du Sud: six mois de guerre, et la crise s'aggrave

Soudan du Sud: six mois de guerre, et la crise s'aggrave

Il y a six mois exactement, une guerre civile meurtrière éclatait au Soudan du Sud, dont la population, déjà victime de massacres ethniques et de multiples atrocités, commence à mourir de faim et de maladie.

Le conflit dans le plus jeune pays de la planète - et un des plus pauvres - a commencé le 15 décembre et fait des milliers, voire des dizaines de milliers de morts (aucun bilan précis n'a été communiqué), forçant plus de 1,5 million de personnes à fuir leurs foyers.

L'ONG humanitaire Oxfam a prévenu dimanche que la famine et les maladies, comme la malaria et le choléra, allaient encore aggraver la crise.

"Le conflit a pris des milliers de vies et détruit les moyens de subsistances de millions" de Sud-Soudanais, selon la chef d'Oxfam dans le pays, Emma Jane Drew. "La population du Soudan du Sud est confrontée à une triple crise - guerre, faim et maladie - et avec la saison des pluies qui bat son plein, la situation ne peut qu'empirer".

Samedi, les Nations unies avaient lancé un appel aux donateurs, demandant plus d'un milliard de dollars (739 millions d'euros) pour venir en aide à 3,8 millions de personnes "touchées par la faim, la violence et la maladie".

"Maintenant que la saison des pluies est là, les conditions de vie au Soudan du Sud se détériorent chaque jour: les gens vivent littéralement dans la boue", avait décrit le responsable des opérations humanitaires de l'ONU au Soudan du Sud, Toby Lanzer.

"Le choléra est apparu, la malaria est endémique et beaucoup d'enfants sont sous-alimentés. Des millions de personnes ont besoin de soins médicaux d'urgence, de nourriture, d'eau propre, de sanitaires corrects et d'un abri pour passer l'année", avait-il ajouté, prévenant que 50.000 enfants étaient menacés de mort à court terme, de faim ou de maladie.

Après une première rencontre infructueuse en mai, le président sud-soudanais Salva Kiir et son rival politique et ancien vice-président, le chef rebelle Riek Machar, se sont engagés mardi à Addis Abeba à former un gouvernement de transition d'ici à 60 jours.

Mais les experts doutent de leur volonté de mettre fin au conflit, les soupçonnant de privilégier une victoire militaire.

Deux précédents accords de cessez-le-feu n'ont pas tenu plus de quelques heures.

"De nombreuses communautés ne pouvant plus cultiver ou s'occuper de leur bétail, le risque de famine est élevé. Dans certaines régions du pays particulièrement difficiles d'accès, des gens meurent déjà de faim", a indiqué l'ONU dans un communiqué.

"Si nous voulons éviter une famine au Soudan du Sud, le moment d'agir est maintenant", a renchéri Oxfam.

Des mois de pourparlers de paix en Ethiopie sans résultat probant ont coûté jusque-là quelque 17 millions de dollars (12 millions d'euros).

"Les parties au conflit doivent réellement s'engager à construire un chemin vers la paix qui soit solide et durable, et elles doivent appeler leurs troupes à déposer les armes et cesser de mettre en danger les vies de leurs concitoyens", a souligné l'ONG.

Les premiers combats avaient éclaté le 15 décembre dans la capitale, Juba, puisant leur origine dans la rivalité politique entre le président Kiir et Riek Machar. Celle-ci a divisé la jeune armée sud-soudanaise sur des lignes ethniques entre Dinka et Nuer, communautés dont sont respectivement issus MM. Kiir et Machar.

Le conflit s'est rapidement étendu à tout le pays, sur fond de massacres ethniques et d'atrocités commis par les deux camps, réduisant en ruines les principales villes.

Les combats avaient également pour but le contrôle des zones pétrolifères, l'or noir représentant la principale richesse du jeune Etat.

De vieilles et profondes rancunes opposaient déjà les deux principaux peuples du pays, remontant pour partie à la longue guerre durant laquelle une rébellion sudiste - celle qui est désormais au pouvoir à Juba - affronta Khartoum entre 1983 et 2005, pour finalement déboucher sur l'indépendance du Soudan du Sud en 2011.

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