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Mondial-2014: Ne pas mélanger Seleçao et politique, plaide Rousseff

Mondial-2014: Ne pas mélanger Seleçao et politique, plaide Rousseff

En démocratie comme sous la dictature, le foot et la "Seleçao" doivent rester "au-dessus de la politique", a répondu la présidente brésilienne Dilma Rousseff à ceux qui l'avaient sifflée et insultée à l'ouverture du Mondial.

"L'équipe brésilienne représente notre nationalité. Elle est au-dessus des gouvernements, des partis et des intérêts de n'importe quel groupe", a écrit Dilma Rousseff dans une chronique publiée dimanche par le quotidien Folha de Sao Paulo.

Juste avant le match d'ouverture Brésil-Croatie à Sao Paulo, des milliers de spectateurs avaient scandé jeudi en coeur "Dilma, va te faire ...", à l'adresse de la présidente, impassible dans la tribune d'honneur en compagnie de douze chefs d'Etat étrangers.

Ces insultes, inédites par leur virulence, ont choqué et eu un écho retentissant au Brésil.

De nombreux analystes politiques ont exprimé leur crainte d'une radicalisation du débat avant la présidentielle du 5 octobre, à laquelle Mme Rousseff briguera un second mandat de quatre ans.

"Je ne vais pas me laisser intimider par des insultes qui ne devraient pas être entendues par les enfants et les familles", avait simplement commenté Mme Rousseff le lendemain.

Dans sa tribune de dimanche, elle a convoqué sa propre expérience de militante détenue et torturée pendant le Mondial 1970 sous la dictature militaire (1964-85) pour préciser sa pensée.

"En 1970, j'étais en prison. A cette époque il y avait des secteurs qui disaient +Si vous soutenez le Brésil, vous fortifiez la dictature+. C'était un non-sens. Pour moi, ce dilemme n'a jamais existé", souligne-t-elle.

"J'avais été arrêtée le 16 janvier 1970, et comme maintenant la Coupe commençait en juin. Mais plus les matchs avançaient, plus ceux qui étaient en prison ou dehors ont commencé à soutenir de façon passionnée l'équipe brésilienne", ajoute Mme Rousseff.

"Nous vivions sous une dictature, raconte-t-elle encore. Il n'y avait pas de droit de manifestation, d'organisation, de divergence. Il y avait la torture, la persécution et la répression (...). Mais mes camarades de cellule et moi nous avons toujours soutenu le Brésil" de Pelé qui l'avait emporté.

Contestée par l'extrême gauche mais surtout par une partie de la classe moyenne ou aisée des grandes villes, la présidente de gauche est sur la défensive à quatre mois des élections.

Echos amoindris et étouffés par la fête du foot de la fronde sociale historique des Brésiliens l'an dernier, de petites manifestations souvent émaillées de heurts se déroulent en marge de la compétition.

Les slogans sont les mêmes: dénoncer les 11 milliards de dollars puisés dans le Trésor public pour la construction des stades, plutôt que dans des hôpitaux, transports et écoles publiques cruellement défaillants.

Mais ces micro-rassemblements désormais animés par la gauche de la gauche et les anarchistes sont sans commune mesure avec les défilés monstres de jeunes des classes moyennes sans étiquette qui avaient ébranlé le géant émergeant d'Amérique du sud.

Bien que toujours remontés contre leur classe politique dans son ensemble, les Brésiliens observent dans leur immense majorité une sorte de trêve du foot. Ils ont remisé à plus tard leurs revendications. Et préfèrent visiblement vibrer pour le Mondial et la Seleçao, l'un des piliers de l'identité nationale.

Ils rêvent que la génération Neymar ramène un sixième titre mondial au Brésil le 13 juillet dans le mythique stade Maracana de Rio de Janeiro. Ce qui cicatriserait pour toujours le traumatisme national de la défaite de 1950 contre l'Uruguay dans ce même temple du football brésilien.

Dilma Rousseff demeure favorite pour l'élection du 5 octobre. Mais sa popularité s'érode. Et la campagne électorale n'a pas encore commencé.

Ses pires détracteurs jurent même prier pour une déroute de la Seleçao, craignant qu'une victoire n'ouvre un boulevard électoral à la présidente-candidate.

Mme Rousseff martèle depuis longtemps que son sort n'est pas lié à celui de la sélection brésilienne.

L'histoire récente lui donne raison, dans ce pays où l'élection présidentielle coïncide tous les quatre ans avec le Mondial.

La défaite de Brésil en 1998 n'avait pas empêché la réélection de Fernando Henrique Cardoso (1998). Pas plus que le sacre de 2002 n'avait entravé l'arrivée au pouvoir de l'opposant Luiz Inacio Lula da Silva face au dauphin désigné du président sortant Cardoso.

cdo-pal/fbx

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