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Bagdad dit avoir "repris l'initiative" face aux insurgés

Bagdad dit avoir "repris l'initiative" face aux insurgés

Les autorités irakiennes ont affirmé dimanche avoir "repris l'initiative" face aux jihadistes qui ont profité, selon l'ex-médiateur de l'ONU Lakhdar Brahimi, de l'inertie de la communauté internationale en Syrie pour gagner en puissance et s'emparer de territoires irakiens.

Sur le plan international, au lendemain du déploiement dans le Golfe d'un porte-avions américain, l'Iran s'est dit hostile à "toute intervention militaire étrangère", estimant qu'elle compliquerait encore davantage la situation.

Les Etats-Unis ont en outre annoncé qu'ils allaient envoyer des renforts de sécurité autour de leur ambassade à Bagdad et déplacer certains employés vers d'autres sites en Irak face à "l'instabilité et la violence dans certaines parties de l'Irak".

En trois jours - mardi, mercredi et jeudi-, les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris la deuxième ville d'Irak, Mossoul, sa province Ninive (nord), Tikrit et d'autres régions de la province de Salaheddine, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est) et de Kirkouk (nord). Dimanche, ils ont pris le contrôle, selon des officiers, de la région d'Al-Adhim à Diyala.

Alors que les jihadistes, soutenus par des partisans du régime déchu de Saddam Hussein, ont avancé de façon fulgurante, les forces de sécurité ne montrant que peu de résistance, ces dernières semblent néanmoins relever la tête, reprenant ainsi samedi Ishaqi et Mouatassam, non loin de Bagdad, avec le soutien de tribus.

Ainsi dimanche, elles ont repoussé un assaut d'insurgés sur la ville stratégique de Tal Afar, à 380 km au nord-ouest de Bagdad et à une soixantaine de km de la frontière syrienne, selon des responsables.

Dix personnes ont été tuées et 40 blessées dans des bombardements menés sur cette ville par les insurgés qui ont perdu 18 combattants dans l'assaut.

Le lieutenant-général Qassem Atta, porte-parole du Premier ministre Nouri al-Maliki sur la sécurité, a affirmé que les forces avaient "repris l'initiative" face aux insurgés, évoquant le chiffre de 279 "terroristes" tués au cours des dernières 24 heures.

Les forces de sécurité donnent régulièrement des bilans d'insurgés tués particulièrement élevés, impossibles à vérifier de manière indépendante.

Les autorités ont par ailleurs annoncé samedi un plan de sécurité pour défendre Bagdad, où un attentat a fait neuf morts dimanche.

Répondant à l'appel du gouvernement et du grand ayatollah Ali Al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, des milliers de citoyens se sont portés volontaires pour prendre les armes contre les insurgés.

Au nord de Baqouba, l'un de ces centres de recrutement a été visé dimanche par des tirs d'obus de mortier, qui ont fait six morts.

Par ailleurs, à Khanaqine, 150 km au nord-est de Bagdad, au moins six combattants des Peshmergas (forces kurdes) ont été tués dans un raid aérien de l'armée irakienne contre un convoi. On ignore si l'attaque, qui a eu lieu dans la nuit, visait spécifiquement les troupes kurdes ou les a touchées par erreur, le secteur étant divisé entre zones sous contrôle des insurgés et sous contrôle kurde.

L'EIIL, qui a lancé lundi soir son offensive en Irak, cherche à créer un Etat islamique dans une zone frontalière avec la Syrie, où il est connu pour ses exactions.

Selon des photos diffusées sur internet, mais qui n'ont pu être authentifiées, ces jihadistes auraient d'ailleurs exécuté des dizaines de membres des forces de sécurité irakiennes faits prisonniers dans la province de Salaheddine.

Dans un entretien à l'AFP, l'ancien émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi a estimé que l'offensive jihadiste résultait de l'inertie de la communauté internationale face au conflit syrien qui fait rage depuis 2011.

"C'est une règle bien connue: un conflit de ce genre ne peut pas rester enfermé dans les frontières d'un seul pays. Malheureusement on a négligé le problème syrien et on n'a pas aidé à le résoudre. Voilà le résultat", a-t-il déploré.

L'Irak "ne s'est jamais vraiment remis de l'invasion américaine de 2003" et cette "grosse blessure s'est infectée" avec le conflit syrien, a-t-il dit, soulignant que "l'action des jihadistes en Irak se fait avec en arrière-plan la guerre civile entre chiites et sunnites".

Les divisions confessionnelles sont extrêmement fortes en Irak, les sunnites, au pouvoir sous Saddam Hussein, s'estimant marginalisés par les autorités dominées par les chiites.

La presse saoudienne s'en est d'ailleurs vivement prise dimanche à la politique confessionnelle de M. Maliki qui a "mis l'Irak au bord d'une guerre civile implacable". Les relations entre Ryad et Bagdad, déjà tendues, ont été exacerbées par le conflit syrien.

Washington est "engagé à soutenir l'Irak", a répété le chef de la diplomatie américaine John Kerry.

Des élus républicains ont pour leur part alerté sur les dangers d'une débâcle en Irak, un sénateur, Lindsey Graham, favorable à des frappes aériennes, estimant que "l'Irak et la Syrie combinés vont devenir la zone de préparation du prochain 11-Septembre, si on ne fait rien".

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