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Afghanistan: des accusations de fraude au coeur de la présidentielle

Afghanistan: des accusations de fraude au coeur de la présidentielle

Au lendemain d'un second tour considéré comme un succès, le débat présidentiel afghan a tourné au vinaigre dimanche avec de graves allégations de fraudes lancées publiquement par le favori de l'élection Abdullah Abdullah.

Le sujet est épineux car c'est du règlement de la question de la fraude que dépendra l'acceptation ou non par les partisans des deux candidats du verdict des urnes.

M. Abdullah a fait allusion notamment aux accusations visant Zia-ul-Haq Amarkhail, chef du secrétariat de la Commission électorale indépendante (IEC) qui aurait organisé un convoi transportant des bulletins de vote inutilisés depuis le siège de l'IEC à Kaboul.

"Le chef du secrétariat a été attrapé la main dans le sac, nous voulons une enquête. Nous voulons qu'il soit démis de ses fonctions", a lancé M. Abdullah.

Ce dernier a également affirmé que le chiffre de 7 millions d'électeurs votant pour le scrutin de samedi était probablement faux.

Abdullah Abdullah, qui s'était retiré lors de la dernière présidentielle en 2009 en raison de la fraude, laissant de facto la victoire à Hamid Karzaï, entend cette fois-ci mettre la pression sur les autorités électorales.

Cette attitude offensive ne rassure pas les observateurs internationaux tels que l'ONU qui craint que de telles accusations ne viennent compliquer la transition démocratique.

Les deux prétendants, Abdullah Abdullah, ancien porte-parole du commandant Massoud, et l'économiste Ashraf Ghani avaient été prompts samedi soir à mettre en garde contre la fraude.

Des résultats préliminaires sont attendus le 2 juillet et la Commission électorale indépendante prévoit ensuite de proclamer le nom du nouveau président le 22 juillet, si le traitement des plaintes pour fraude ne vient pas retarder le calendrier.

Le deuxième tour a été salué comme un succès par la communauté internationale, malgré des violences perpétrées par les talibans qui ont fait plus de 50 morts, selon un bilan actualisé dimanche.

Samedi, après la clôture du scrutin, une bombe artisanale a tué 11 personnes dans le nord de l'Afghanistan, dont des employés électoraux.

Parallèlement, les forces afghanes ont tué quelque 70 talibans, selon les autorités.

Selon Kate Clark, du groupe de réflexion Afghanistan Analysts Network (AAN), "le scrutin est seulement une phase de l'élection et il y a encore beaucoup de choses qui peuvent encore changer".

"Si le résultat est serré et que la fraude semble importante, et que l'un des candidats veut créer des difficultés, alors cela pourrait traîner des semaines, voire plus", a-t-elle estimé.

En outre, en cas de litige majeur, les partisans des deux candidats pourraient s'en prendre aux autorités électorales ou au camp adverse.

Par ailleurs, selon Jawed Kohistani, expert indépendant en politique afghane, "les équipes de campagne vont essayer d'influencer l'opération de décompte des voix".

Dimanche, le porte-parole de la Commission des plaintes électorales (ECC), Mohammad Nader Mohsini, a annoncé qu'environ "275 plaintes avaient été enregistrées par la Commission".

M. Mohsini a affirmé que dans certains cas des "partisans des candidats ont obligé des électeurs à voter pour leur candidat". Il assure que certains ont offert de l'argent pour influencer le vote.

Les plaintes concernant le scrutin du second tour seront recevables jusqu'à lundi à 12H00, a-t-il précisé. La commission se donne dix jours pour examiner les dossiers.

Du côté de la communauté internationale, la crainte est grande de voir dérailler cette élection marathon, dont le premier tour s'est déroulé le 5 avril. "Nous avons incité les candidats à agir comme des hommes d'État, et non simplement des personnes en concurrence", a déclaré samedi à la presse Nicholas Haysom, représentant adjoint de la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama).

De son côté, la Maison Blanche a salué le scrutin comme "une étape significative" vers la démocratie, en ajoutant toutefois que "le travail de la Commission électorale dans les semaines à venir sera particulièrement important".

Le prochain président devrait prendre ses fonctions le 2 août, avec une question brûlante à régler: la signature d'un traité bilatéral de sécurité avec Washington qui permettrait le maintien d'environ 10.000 hommes après le départ des 50.000 soldats de l'Otan, fin 2014.

Le président Karzaï a refusé jusqu'à présent de parapher cet accord, mais MM. Ghani et Abdullah se sont tous deux dits prêts à le signer.

bur-emp/ai

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