Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Washington reprend ses tirs de drones au Pakistan après la sanglante attaque de Karachi

Washington reprend ses tirs de drones au Pakistan après la sanglante attaque de Karachi

Les Etats-Unis ont repris dans la nuit de mercredi à jeudi leurs tirs de drones contre les rebelles islamistes au Pakistan, les premiers de l'année, trois jours après l'attaque rebelle meurtrière du weekend contre le plus grand aéroport du pays.

Ces deux bombardements ont tué selon les autorités locales au moins 16 insurgés dans la zone tribale du Waziristan du Nord, important bastion des talibans et de leurs alliés d'Al-Qaïda, des bilans qui ne pouvaient être confirmés de source indépendante.

Ils interviennent trois jours après l'attaque nocturne de l'aéroport de Karachi, la mégalopole du sud du pays, par un commando taliban lourdement armé.

Le siège a duré 12 heures et coûté selon les autorités la vie à 38 personnes, dont les 10 assaillants, selon un dernier bilan, renforçant les inquiétudes sur la capacité du pays à éviter les attaques rebelles et à protéger ses sites les plus stratégiques.

La reprise des tirs de drones américains juste après cette attaque nourrit les soupçons de collusion entre Washington et Islamabad, dont l'armée avait déjà bombardé les repaires talibans ces derniers jours en réaction à l'attaque de Karachi.

Comme à son habitude, Islamabad, confronté au quotidien à une opinion publique volontiers anti américaine, a condamné dans la journée ces frappes d'avions sans pilote supervisées par la CIA, l'agence américaine du renseignement extérieur.

Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a dénoncé "une violation de sa souveraineté territoriale" en affirmant qu'elles auront un "impact négatif sur les efforts menés par le gouvernement pour ramener la paix et la stabilité dans la région".

Mais Islamabad est régulièrement accusé de favoriser en sous-main ces bombardements affaiblissant les rebelles en donnant des informations à la CIA sur la localisation de leurs repaires.

Des documents publiés ces dernières années ont également montré qu'Islamabad a donné son feu vert à plusieurs de ces frappes.

Une porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères a nié tout arrangement avec Washington à propos des derniers tirs de drones. Mais pour un ancien diplomate pakistanais expert des zones tribales interrogé par l'AFP, "ces bombardements n'auraient pas eu lieu sans le consentement du gouvernement pakistanais".

Le premier bombardement américain a tué six insurgés présumés mercredi soir dans le village de Dargah Mandi, à environ 10 km à l'ouest de Miranshah, principale ville du Waziristan du Nord, selon plusieurs sources au sein des forces de sécurité locales.

Le second, une salve de six missiles tirés jeudi à l'aube par trois drones contre des insurgés réunis dans un camp de base, en a tué dix autres dans la même zone tribale, ont indiqué les mêmes sources.

Washington avait suspendu ses tirs de drones américains au Pakistan en décembre dernier à la demande d'Islamabad. Le dernier datait du 25 décembre.

Quatre des six insurgés tués dans les premiers tirs de drones mercredi soir étaient des Ouzbeks et les deux autres des talibans pakistanais selon un responsable des renseignements locaux.

Le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe rebelle islamiste du pays, et le Mouvement islamique d'Ouzbékistan (IMU) avaient indiqué que des jihadistes ouzbeks avaient épaulé les talibans dans l'assaut de l'aéroport international de Karachi, poumon économique du pays.

Cette attaque meurtrière paralyse encore un peu plus la tentative de processus de paix proposée en début d'année par le gouvernement au TTP. Ce mouvement , apparu en 2007 est considéré comme responsable d'attaques qui ont fait depuis plus de 6.000 morts à travers le pays.

Elle a relancé les appels d'une partie de la société civile à ne pas faire de concessions au TTP et à lancer une offensive militaire d'ampleur dans les bastions du TTP, notamment au Waziristan du Nord, pour le mettre hors d'état de nuire.

L'armée s'y est jusqu'ici refusée, préférant répondre aux attaques rebelles par des bombardements aériens ciblés.

Ainsi, mardi matin, au lendemain du siège de l'aéroport de Karachi, l'aviation militaire pakistanaise a-t-elle bombardé une zone rebelle du nord-ouest, annonçant y avoir tué 15 insurgés, un bilan non confirmé de source indépendante.

Mais dans la crainte d'une offensive massive et imminente de l'armée, près de 60.000 habitants du Waziristan du Nord ont quitté leurs terres depuis le mois dernier.

hk-shk/fmp-emd/ih

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.