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Violées, elles brisent le silence, pour elles et les autres

Violées, elles brisent le silence, pour elles et les autres

Violées alors qu'elles faisaient leur métier, une journaliste colombienne et une militante humanitaire américaine ont brisé le silence pour contribuer à ce que l'horreur qu'elles ont subie soit évitée à d'autres, jeudi lors d'une conférence à Londres sur les violences sexuelles en période de conflits.

Les deux femmes ont participé à cette réunion sans précédant parce qu'elles veulent que leur voix porte loin même si elle tremble des fois.

"En tant que femme, c'est difficile de parler lorsqu'on a vécu une telle violence physique. Mais venir ici et voir autant de gens s'intéresser à cette question me donne une force incroyable. C'est quelque chose que je n'avais jamais ressenti auparavant. Cette force, elle vient du fond du coeur et se nourrit d'un besoin de justice", raconte à l'AFP la journaliste d'investigation colombienne Jineth Bedoya Lima.

Jineth avait 26 ans et travaillait pour El Espectador lorsqu'elle a été enlevée par un groupe de paramilitaires sur lequel elle enquêtait. "C'était le 25 mai 2000, j'ai été enlevée et pendant seize heures, ils m'ont torturée de toutes les manières qu'on puisse imaginer, ils m'ont violée et ils m'ont laissée pour morte", nue sur le bas-côté d'une route.

Deux semaines plus tard, elle était de retour à son travail et il n'a jamais été question de le lâcher. Mais pendant longtemps la douleur a été trop violente, et elle a mis neuf ans avant de raconter ce qui lui était arrivée.

Aujourd'hui elle estime qu'il en va de sa "responsabilité de partager" son histoire, même si les mots viennent parfois difficilement.

"Cette réunion me donne beaucoup d'espoir, c'est ce qu'attendaient tellement de femmes depuis si longtemps", souligne-t-elle.

Jody Williams, 64 ans, est Américaine et a reçu en 1997 le prix Nobel de la paix pour son combat pour l'interdiction des mines antipersonnel. A la fin des années 90, elle a travaillé notamment au Salvador où elle a été violée par des membres d'un escadron de la mort, dans son hôtel.

"C'est comme si le mal s'était invité dans ma chambre", dit-elle.

Comme Jineth Bedoya Lima, elle est convaincue qu'on l'a violée pour l'intimider, à cause de son métier. Comme la journaliste colombienne, elle a mis des années avant de trouver la force d'en parler aux autres, en 2006.

Depuis, elle est en première ligne lorsqu'il s'agit de militer inlassablement contre les violences faites aux femmes.

"Je ne veux pas seulement parler de violence sexuelle, mais aussi de violence institutionnelle, de violence économique, de toute la structure de la société qui continue à reléguer les femmes au deuxième, troisième ou quatrième rang selon le pays dans lequel elles vivent."

"Une réunion comme celle-ci possède un énorme potentiel, ajoute-t-elle, mais on va rester vigilants et rappeler aux gouvernements dans les mois et années qui viennent tous les engagements qui seront pris ici."

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