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Présidentielle afghane: un second tour entre deux anciens ministres

Présidentielle afghane: un second tour entre deux anciens ministres

Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani, opposés samedi pour le second tour de l'élection présidentielle en Afghanistan qui désignera le successeur de Hamid Karzaï, sont deux artisans de la reconstruction du pays après la chute des talibans en 2001.

Né d'un père pachtoune et d'une mère tadjike, les deux principaux peuples de l'Afghanistan, M. Abdullah, était, après une campagne réussie, arrivé en deuxième position au premier tour de la présidentielle de 2009, avec plus de 30% des voix.

Marié et père de trois enfants, cet ancien ophtalmologue s'était retiré du second tour après avoir dénoncé, comme nombre d'observateurs, des fraudes massives, entraînant de facto la réélection du président Karzaï.

Revanchard, cet orateur prudent et diplomate a mené cette année une campagne énergique en répétant à l'envi que seule la fraude pourrait l'empêcher de remporter le scrutin.

Avec 45% des voix au premier tour du 5 avril, il semble désormais en mesure de ravir la présidence, d'autant qu'il a reçu plusieurs soutiens de poids, à commencer par celui d'un proche de M. Karzaï, Zalmai Rassoul, arrivé troisième du 1er tour avec 11,4% des suffrages exprimés.

Autre ralliement potentiellement stratégique: celui de l'ancien chef de guerre Abdul Rassoul Sayyaf, un Pachtoune influent, mais controversé. Il est ainsi présenté dans le rapport de la commission américaine sur le 11-Septembre comme le "mentor" de Khaled Cheikh Mohammed, cerveau autoproclamé du 11 septembre 2001.

Âgé de 53 ans, M. Abdullah, un ténor de l'opposition apprécié des dirigeants occidentaux, avait été porte-parole du commandant Ahmad Shah Massoud, célèbre résistant à l'occupation soviétique et au régime taliban assassiné le 9 septembre 2001, avant d'être ministre des Affaires étrangères du premier gouvernement Karzaï.

Au cours de la campagne, Abdullah Abdullah s'est prononcé en faveur de la signature d'un traité bilatéral de sécurité (BSA) avec Washington qui ouvrirait la voie au maintien d'un contingent américain après le retrait des forces de l'Otan, fin 2014.

Huit jours avant le second tour, M. Abdullah a été la cible d'une tentative d'assassinat qui a fait 12 morts dans la capitale afghane.

Universitaire et économiste internationalement respecté, M. Ghani avait quitté l'Afghanistan en 1977 pour n'y revenir que 24 ans plus tard, après la chute des talibans en 2001, pour apporter sa pierre à la reconstruction du pays.

M. Ghani a démissionné de ses fonctions de chef du Comité de transition, une institution gouvernementale chargée de superviser la transition démocratique en Afghanistan, pour se lancer dans la course à la présidence.

Âgé de 65 ans, ce Pachtoune au caractère impétueux était arrivé en quatrième position au premier tour de l'élection de 2009, avec un décevant 2,94% des voix.

Mais contrairement au précédent scrutin, où il était apparu effacé, sans doute par manque d'expérience, M. Ghani a mené cette fois sa campagne tambour battant, en prononçant des discours enflammés lors de grands rassemblements populaires.

Reste qu'avec 31,6% des voix au premier tour, l'écart qui le sépare de son adversaire (plus de 13 points) est considérable.

Ni ancien chef de guerre ni homme politique de métier, cet ancien cadre de la Banque mondiale, diplômé de la prestigieuse université new-yorkaise de Columbia, fut ministre des Finances du président Karzaï entre 2002 et 2004.

M. Ghani a suscité la polémique en choisissant comme colistier le controversé Abdul Rachid Dostom, chef de guerre accusé d'avoir autorisé le massacre de centaines de prisonniers talibans en 2001.

Le candidat a récemment indiqué qu'il signerait, s'il est élu, l'accord de sécurité avec les États-Unis dès la première semaine de son mandat.

Marié, père deux enfants, Ashraf Ghani a survécu à un cancer de l'estomac. Philosophe, le candidat a indiqué récemment qu'en cas de défaite, il tâcherait de terminer les six manuscrits de livre sur lesquels il travaille.

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