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Nucléaire iranien: prolonger la discussion, une option risquée qui prend corps

Nucléaire iranien: prolonger la discussion, une option risquée qui prend corps

La perspective, risquée, de voir se prolonger après l'été les négociations nucléaires entre l'Iran et les grandes puissances se précise, alors que la date-butoir prévue pour la conclusion d'un accord arrive à grands pas.

Tout se passe comme si les divergences se faisaient plus criantes au fur et à mesure que l'on approche du 20 juillet, la date initialement prévue pour la conclusion d'un règlement définitif.

Deux anciens spécialistes du Département d'Etat, le ministère américain des Affaires étrangères, interrogés par l'AFP, estiment que la question de la prolongation des négociations est déjà discutée.

"C'est probable, étant donné tout ce que l'on entend au sujet d'impasses et de points de blocages", note Ray Takeyh, désormais chercheur au Conseil des relations internationales (CFR) aux Etats-Unis.

Mark Fitzpatrick, de l'Institut international d'études stratégiques (ISIS), en convient aussi: "Je doute que la prolongation soit formellement discutée, parce que cela reviendrait à admettre l'échec des parties à respecter la date-limite du 20 juillet. Mais la discussion informelle doit s'être mise en route".

L'accord que l'Iran négocie avec les grandes puissances du "5+1" (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) doit rassurer durablement sur le caractère exclusivement pacifique du programme atomique iranien, en échange d'une levée des sanctions internationales affectant son économie.

Les parties se retrouvent à Vienne environ une semaine par mois, et se saisissent un par un de chacun des enjeux de ce dossier non seulement très sensible politiquement, mais encore extraordinairement complexe sur le plan technique.

Après trois premières réunions à l'issue desquelles l'Iran et les grandes puissances ont évoqué des "progrès", une quatrième a montré que les positions demeuraient inconciliables sur plusieurs points-clé.

Le coup d'arrêt apparent s'est produit au moment où les négociateurs avaient prévu de commencer à rédiger le texte de l'accord final, c'est-à-dire au moment où ils sont entrés dans le détail.

La négociation reprendra le 16 juin à Vienne, mais l'annonce, ces derniers jours, de discussions bilatérales venant s'ajouter au parcours de négociation balisé depuis cet hiver témoigne du sentiment d'urgence qui gagne les parties.

La possibilité de prolonger les discussions pour six mois est inscrite dans l'accord provisoire conclu à l'automne dernier, mais une telle option serait lourde de risques.

Aux Etats-Unis, le président Barack Obama a intérêt à conclure l'accord avant les élections législatives de novembre, qui devraient déboucher sur un Congrès "beaucoup plus critique" envers l'Iran que l'actuel, explique par exemple Mark Hibbs, un analyste de la fondation Carnegie.

Le prolongement des négociations donnerait aussi de l'eau au moulin des sceptiques qui, en Israël notamment, accusent l'Iran de n'avoir accepté de négocier que pour gagner du temps, et poursuivre ainsi des recherches préparatoires à la confection d'une bombe atomique.

A Téhéran, le président Hassan Rohani, dont l'élection a permis le début d'apaisement avec l'Occident, est lui-même sous la pression de la frange conservatrice du régime, qui s'inquiète de l'avenir du programme nucléaire.

Pour autant, souligne l'experte Kelsey Davenport de la Arms Control Association, "prolonger les discussions en vue d'atteindre un accord est un scénario largement préférable à celui d'un échec, qui déboucherait sur un programme nucléaire iranien sans contrainte, et une action militaire possible" pour y mettre fin.

stu/cs/phv

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