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"Ma thèse en 180 secondes": des doctorants font leur show

"Ma thèse en 180 secondes": des doctorants font leur show

Sur la scène, dans la lumière d'un projecteur, micro à la main, Marion a trois minutes pour convaincre. Un télécrochet ? Non, "Ma thèse en 180 secondes", un concours d'éloquence doctorale dont les trois lauréats français se sont qualifiés mardi pour une finale internationale au Canada en septembre.

C'est dans un amphithéâtre bondé et surchauffé de l'université de Villeurbanne (sud-est) que quinze candidats de 23 à 29 ans, dont douze jeunes femmes, ont disputé la finale de la première édition nationale de cette compétition. Ovationnés par les 450 spectateurs.

Au top départ, deux écrans égrènent les précieuses secondes. Tour à tour, les finalistes lancent leur texte répété des dizaines de fois, sans notes et sans prompteur. Un "bip" leur signale les trente dernières secondes.

Concision, vulgarisation et pédagogie sont de rigueur pour présenter son sujet de doctorat (en chimie, littérature, génétique, histoire, droit ou biologie...) à un public profane et un jury présidé par la secrétaire d'État française à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, Geneviève Fioraso.

Et trois minutes seulement pour faire comprendre un sujet qui les a mobilisés pendant trois ans en général.

Marion Denorme est la première à passer. Ses "traitements anti-angiogéniques pour la prise en charge des phéochromocytomes" donnent le ton.

Egalement au programme, "Implication des récepteurs 5-HT2A dans la modulation des interneurones PKCy dans un contexte d'allodynie", "Mécanismes de la fatalité et construction d'un élan vital dans les nouvelles de Theodor Storm et de Guy de Maupassant" ou "Rôle des protéines lin-15A et rétinoblastome dans la reprogrammation cellulaire directe in vivo chez C.elegans", dont la seule évocation par l'animateur de la soirée fait rire l'assistance.

Marianne Prévôt imagine un dialogue surréaliste avec le peintre impressionniste Claude Monet pour expliquer ce que sont les "clustomésogènes", des nanomatériaux hybrides luminescents, qui, mélangés à la peinture, "pourraient faire briller de jour comme de nuit" les fameux "Coquelicots" de l'artiste.

Benjamin Vest confie lui qu'il "a toujours rêvé d'être un super-héros" en prenant la pose de Superman en train de voler sur un pied, bras en avant. Nouveaux rires. "Superman voit bien à travers les murs, moi, j'essaye de voir l'invisible, la chaleur émise par les corps"... ou le rayonnement infrarouge.

Le public, de tous âges, est conquis mais l'est davantage encore avec l'exposé de Marie-Charlotte Morin, biologiste moléculaire à Strasbourg (est), qui s'intéresse au changement d'identité cellulaire, notamment celui d'une cellule rectale d'un petit vers, le C.elegans, capable de devenir un neurone.

Le phrasé est rapide, la gestuelle efficace, l'humour omniprésent. "Passer des lignes de production fécale à PDG de la boîte (...) autant vous dire que c'est l'ascension sociale inespérée", dit-elle malicieusement, expliquant que "certains gènes vont même essayer d'empêcher d'accomplir ce destin extraordinaire, comme un mauvais conseiller d'orientation vous pousse à faire le même métier que vos parents". Elle remporte le 1er prix et le prix du public.

"Je n'ai aucun mérite, mon sujet se prête à la blague. Et du coup, à chaque fois que j'en parle, je le prends avec humour parce que tout le monde se moque de mon sujet de thèse. Donc on va dire que j'avais déjà pas mal d'idées de vannes en tête pour ce concours", commente la lauréate.

Elle participera à la finale internationale du concours, fin septembre à Montréal, avec les deux autres lauréates françaises, la biologiste Noémie Mermet et la juriste Chrystelle Armata.

Cette compétition s'inspire d'un concours organisé en 2008 par l'université australienne du Queensland, repris au Québec en 2012 et étendu à d'autres pays francophones (Belgique, Maroc) par l'Association francophone pour le savoir.

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