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L'Ukraine inflexible dans son conflit gazier avec la Russie

L'Ukraine inflexible dans son conflit gazier avec la Russie

L'Ukraine restait inflexible jeudi dans son bras de fer avec la Russie sur le front du gaz, rejetant la baisse de prix proposée par Moscou au risque d'une coupure des approvisionnements redoutée des Européens.

Alors que les combats entre forces ukrainiennes et insurgés continuent dans l'Est, les autorités ukrainiennes sont engagées dans un contre-la-montre pour éviter une nouvelle "guerre du gaz" avec le voisin russe, qui semble plus que jamais d'actualité après l'échec de pourparlers mercredi à Bruxelles.

Le géant russe Gazprom a donné jusqu'au 16 juin à Kiev pour rembourser une dette gazière de 4,5 milliards de dollars. Faute de règlement, il menace de passer à un système de pré-paiement qui pourrait signifier la coupure de l'approvisionnement.

Au passage, les livraisons de gaz russe en direction de l'Europe, dont près de la moitié transitent par le territoire ukrainien, risquent de se trouver affectées, comme lors des précédents conflits gaziers en 2006 et 2009.

Mais Kiev refuse la hausse des prix décidées par Moscou après l'arrivée au pouvoir de dirigeants pro-occidentaux fin février, conséquence de la chute du président prorusse Viktor Ianoukovitch: le millier de mètres cubes de gaz est alors passé de 268 à 485 dollars, un prix sans équivalent en Europe.

"La Commission européenne est clairement frustrée: il n'y a aucun progrès", résume Amanda Paul, analyste de l'European Policy Centre à Bruxelles.

La réduction de 100 dollars mise sur la table par Moscou n'a pas suffi à débloquer la situation. Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a dénoncé un "piège", s'attirant la colère de Moscou.

"Nos collègues ukrainiens ne devraient pas parler des +pièges de Moscou+, mais plutôt se souvenir qu'ils ont une dette non réglée, qui se transformera dès lundi en un système de prépaiement", a réagi le Premier ministre russe Dmitri Medvedev sur sa page Facebook.

Pour Kiev, l'offre de Moscou est à la fois trop élevée, par rapport au 268 dollars en vigueur avant la crise russo-ukrainienne, et sans garantie car ce tarif découlerait d'un rabais décidé par le gouvernement russe et non d'un contrat commercial en bonne et due forme.

"La patience a des limites. Si Kiev veut s'en assurer, elle s'en assurera", a averti l'influent parlementaire russe Alexeï Pouchkov.

Le président Vladimir Poutine, lui, a prévenu que Moscou avait proposé son "dernier prix" et menacé de passer "à une autre phase".

"Les négociations sont dans l'impasse", constate l'analyste indépendant ukrainien Valentyn Zemlianski. L'Ukraine "est prête à une coupure du gaz, la situation n'est pas critique".

Le pays a rempli au maximum ses réserves ces dernières semaines, accumulant 13 milliards de mètres cubes de stocks, et la reprise de la saison du chauffage à l'automne est encore bien loin.

A Bruxelles, l'analyste Amanda Paul relève que Gazprom joue aussi sa crédibilité auprès de ses clients européens et "a besoin d'un accord".

Cette crise tombe d'ailleurs quelques jours avant l'ouverture à Moscou dimanche d'un congrès réunissant tous les grandes multinationales de l'énergie.

"Pendant l'été, (une coupure) n'aura pas d'impact", juge l'analyste ukrainien Mikhaïlo Gontchar, qui estime que "la Russie joue sur les nerfs pour pousser l'Ukraine et l'UE à faire plus de compromis concernant la crise ukrainienne".

Ce conflit gazier, qui couve depuis des semaines, atteint son paroxysme au moment où le nouveau président ukrainien pro-occidental, Petro Porochenko, vient d'entrer en fonctions.

Le milliardaire de 48 ans a promis d'apaiser les relations avec le voisin russe et a lancé des négociations entre ambassadeurs des deux pays à Kiev, une première dans la pire crise dans les relations Est-Ouest depuis la Guerre froide.

Ce dialogue, avec la promesse mardi de couloirs humanitaires pour les populations des zones de combats comme le réclame Moscou, ont créé une atmosphère de détente.

M. Porochenko a promis d'agir vite et s'est donné jusqu'à la fin de la semaine pour arriver à un cessez-le-feu, alors que les combats entre forces loyalistes et rebelles ont fait 270 morts selon Kiev en deux mois.

Les combats restent réguliers dans les régions de Donetsk et Lougansk, où les insurgés ont proclamé des "Républiques" indépendantes et pris le contrôle d'une partie de la frontière avec la Russie.

Les affrontements sont particulièrement vifs dans les environs de Slaviansk, bastion prorusse de la région de Donetsk où les habitants qui sont restés doivent vivre sans eau et souvent sans électricité.

Un haut diplomate russe, Konstantin Dolgov, a accusé jeudi les forces ukrainiennes de recourir à des armes "interdites" dans l'est du pays, après que des médias publics russes ont affirmé que des bombes incendiaires avaient été utilisées. La Garde nationale ukrainienne a aussitôt démenti.

La Russie n'a cessé ces dernières semaines d'accuser les forces ukrainiennes de recourir à des moyens disproportionnés dans leur opération armée contre l'insurrection dans l'est du pays. L'UE a de son côté appelé Kiev à la retenue dans ses opérations armées, tout en soulignant la légitimité, selon elle, de cette action.

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