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Les partis europhobes à couteaux tirés pour former un groupe au Parlement européen

Les partis europhobes à couteaux tirés pour former un groupe au Parlement européen

Si la Française Marine Le Pen et le Britannique Nigel Farage ont incontestablement gagné leur pari en plaçant leur parti en tête des élections européennes dans leur pays respectif, ils ne sont pourtant pas certains de pouvoir former un groupe au Parlement européen et le succès du 25 mai pourrait s'apparenter à une victoire à la Pyrrhus.

Faute de s'entendre et de former un groupe commun, capable potentiellement de rassembler près d'une centaine de députés, les deux leaders europhobes ont des difficultés à réunir au moins 25 élus de sept Etats différents.

La présidente du Front national (FN), Marine Le Pen, peut compter sur au moins 38 élus (dont 24 élus FN), mais il lui manque deux pays pour que le compte soit bon. Elle est assurée d'avoir avec elle le Parti pour la liberté (PVV) du Néerlandais Geert Wilders, le Parti de la liberté autrichien (FPÖ), la Ligue du Nord italienne et le Vlaams Belang flamand (Belgique).

Selon des sources au Parlement européen, les négociations en vue de former un groupe autour de ces cinq partis sont entrées dans leur phase finale, mais les protagonistes demeurent prudents.

Conseiller de Marine Le Pen pour les Affaires européennes, Ludovic de Danne a mis en garde contre "les rumeurs et spéculations".

Le parti de Mme Le Pen négocie avec le parti europhobe polonais Congrès de la nouvelle droite (KNP), qui compte quatre élus.

Dirigé par Janusz Korwin-Mikke, 72 ans, monarchiste et ultra-libéral, ce mouvement veut "démanteler l'UE de l'intérieur". Il rejoint Marine Le Pen sur au moins un point: son indulgence à l'égard du président russe Vladimir Poutine. A propos de la crise en Ukraine, il a jugé "tout à fait naturel" le rattachement de la Crimée à la Russie.

Mais l'alliance ne va pas de soi et Geert Wilders, l'allié néerlandais de Mme Le Pen, ne voit pas d'un bon oeil la cohabitation avec un parti ouvertement homophobe. "Les discussions ne sont pas 100% cordiales", a confié à l'AFP une source au Parlement européen.

Courtisé par le FN, le parti lituanien Ordre et Justice (TT) a finalement choisi de rester dans le groupe de Nigel Farage, a-t-on appris auprès de proches du député europhobe britannique.

Le FN a vu sa quête de partenaires assombrie par les nouvelles déclarations controversées de Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du parti.

Discutant des artistes hostiles au FN, dont les chanteurs Patrick Bruel et Yannick Noah, M. Le Pen a lancé: "On fera une fournée la prochaine fois". Marine Le Pen a estimé que cette déclaration était "une faute politique".

L'image antisémite du Front national lui a déjà fait perdre des partenaires potentiels au sein du Parlement européen. Le Parti populaire danois et les Vrais Finlandais ne veulent pas entendre parler d'alliance avec le FN et ont rejoint le groupe eurosceptique des conservateurs britanniques (ECR).

Alliés naturels du FN, les Démocrates suédois, avec qui ils siègent au sein du parti paneuropéen Alliance européenne pour la liberté (AEF), ont également pris leurs distances. "Nous ne rejoindrons pas ce groupe", a assuré Martin Kinnunen, porte-parole du parti des démocrates suédois, qui hésite entre les conservateurs de l'ECR et l'Ukip.

M. Farage peut compter sur environ 47 députés (dont 24 de l'Ukip) mais pas de sept nationalités différentes.

Le Britannique a vu partir vers le FN ses amis italiens de la Ligue du Nord, tandis que nombre de ses alliés naturels ont filé vers les rangs de l'ECR. Jeudi les Allemands eurosceptiques de l'AfD ont choisi l'ECR à leur tour.

M. Farage a eu la satisfaction jeudi soir de recevoir l'appoint des 17 députés italiens du Mouvement 5 étoiles (M5S) de Beppe Grillo mais, comme pour Mme Le Pen, le compte pour former un groupe n'est pas encore atteint.

Les groupes ont jusqu'au 23 juin pour se constituer.

Outre une meilleure visibilité, avoir un groupe donne l'assurance de recevoir entre 20 et 30 millions d'euros de subventions au cours des cinq prochaines années, hors salaires et avantages des députés.

aje/may/mr

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