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Les jihadistes avancent vers Bagdad, les Kurdes contrôlent Kirkouk

Les jihadistes avancent vers Bagdad, les Kurdes contrôlent Kirkouk

Les combattants jihadistes avançaient jeudi vers la capitale Bagdad après s'être emparés de larges territoires du nord-ouest de l'Irak face à une armée en déroute, les Etats-Unis n'excluant pas de frappes aériennes pour enrayer l'offensive.

Craignant un assaut contre Kirkouk, les forces kurdes en ont profité pour prendre le contrôle total de cette ville pétrolière que se disputent la région autonome du Kurdistan et le gouvernement central.

Alors que le pays est plongé dans la tourmente depuis la prise mardi de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, de sa province Ninive, et de régions des provinces voisines de Kirkouk et Salaheddine, le Parlement devait se réunir jeudi, à l'appel du gouvernement du chiite Nouri al-Maliki, pour décréter l'état d'urgence. Mais, faute de quorum, cette session a été annulée.

Face à l'offensive d'envergure de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), et l'impuissance de l'armée à la contenir, le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir à 15H30 GMT.

A Londres, le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari a admis que les forces de sécurité s'étaient "effondrées" à Mossoul. Mais maintenant, "nous essayons (...) de bouter ces terroristes hors de nos villes principales", a-t-il indiqué.

L'armée irakienne a lancé jeudi des raids aériens sur des positions tenues par des jihadistes à Tikrit, le chef-lieu de Salaheddine tombé mercredi entre leurs mains, selon des témoins.

Dans un enregistrement sonore mercredi, l'un des dirigeants de l'EIIL, Abou Mohammed al-Adnani, avait appelé les insurgés à "marcher sur Bagdad".

Jeudi, ils étaient à 90 km au nord de la capitale, après s'être emparés de Dhoulouiya, selon un policier et des habitants.

A Bagdad, l'appréhension règne. "La population se sent livrée à elle-même, sans protection", confie Abou Alaa, un verrier de 54 ans.

Face à la débandade de l'armée, M. Maliki a appelé "toutes les tribus à former des unités de volontaires" pour combattre avec ses forces les insurgés.

Outre des territoires du nord, les combattants aguerris de l'EIIL, considéré comme l'un des groupes "les plus dangereux au monde" par les Etats-Unis, contrôlent déjà des régions de la province occidentale d'Al-Anbar depuis janvier.

A Mossoul, les jihadistes continuaient de détenir une cinquantaine de citoyens turcs pris en otages au consulat, de même que 31 chauffeurs turcs.

Environ un demi-million d'habitants de Mossoul ont fui leurs foyers, craignant pour leur vie.

A Kirkouk, c'est la première fois que les forces kurdes contrôlent totalement la ville où normalement la sécurité est assurée par une force de police conjointe formée d'éléments arabes, kurdes et turcomans.

Un commandant des Peshmergas a assuré que les forces kurdes "ne permettraient pas l'entrée d'un seul membre de l'EIIL".

"Les Peshmergas ont le contrôle de la région du Kurdistan en dehors de l'administration" du gouvernement régional du Kurdistan, a indiqué plus tard le secrétaire général du ministère des Peshmergas Jabbar Yawar, en référence aux territoires disputés avec Bagdad.

Le ministre kurde chargé des Peshmergas, Jaafar Moustafa, a par ailleurs échappé à un attentat dans la province de Kirkouk qui a fait un mort, selon un colonel des forces kurdes.

En vue d'enrayer l'offensive, les Etats-Unis qui ont retiré fin 2011 leurs troupes d'Irak après huit ans d'engagement, envisagent plusieurs options pour aider Bagdad, dont des frappes menées par des drones, selon un responsable américain.

Mais Washington et Londres ont exclu de renvoyer des troupes au sol dans ce pays.

Pour la Russie, ces derniers développements illustrent "l'échec total" de l'intervention américaine et britannique en Irak.

L'Otan a écarté toute intervention de l'alliance, alors que l'Iran chiite, allié de M. Maliki, a lui promis de "lutter contre le terrorisme" en Irak, sans dire comment il comptait faire.

L'EIIL, qui ambitionne d'installer un Etat islamique, a l'appui de tribus anti-gouvernementales et jouit d'un certain soutien parmi la minorité sunnite qui s'estime marginalisée par le pouvoir chiite.

Riad Kahwaji, directeur de l'Institute for Near East and Gulf Military Analysis (Enigma), estime à au moins 10.000 à 15.0000 le nombre des jihadistes dans le nord de l'Irak.

Basé dans l'ouest irakien, il s'est infiltré en Syrie voisine via la frontière très poreuse, où il combat aujourd'hui d'autres groupes rebelles qui l'accusent de multiples exactions. Il tient en Syrie de larges secteurs de la province pétrolière de Deir Ezzor (nord-est), faisant craindre une unité territoriale avec le nord-ouest irakien.

Les troupes irakiennes, formées par les Etats-Unis à partir de zéro et après la dissolution de l'armée de Saddam Hussein, n'ont jamais réussi à devenir une véritable force armée et à faire cesser les attentats qui ensanglantent le pays depuis un an et demi.

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