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Déclarée "neutre" sur l'Ukraine: la Serbie entre l'enclume de l'UE et le marteau russe

Déclarée "neutre" sur l'Ukraine: la Serbie entre l'enclume de l'UE et le marteau russe

Candidate à l'adhésion à l'Union européenne, la Serbie est pressée de s'aligner sur les sanctions imposées par Bruxelles à la Russie suite à la crise en Ukraine, une mesure dont Belgrade voudrait bien être exempté pour ne pas froisser son grand allié traditionnel.

"Il est hors de question d'imposer des sanctions à la Russie. Tout le monde sait que j'aime la Russie. Mais je n'ai pas dit pour autant qu'il fallait s'unir avec la Russie", a déclaré récemment le président serbe Tomislav Nikolic résumant les sentiments, mais aussi l'embarras de toute une nation.

Depuis l'éclatement de la crise en Ukraine en novembre 2013, la diplomatie serbe marche sur une corde raide tiraillée entre le respect de ses obligations envers l'UE et le maintien de bonnes relations avec Moscou qui a soutenu Belgrade sur nombres de dossiers internationaux sensibles, dont celui de l'indépendance de l'ex-province serbe du Kosovo que la Russie ne reconnaît pas.

"L'intention des États-Unis, après avoir stoppé le projet de construction du gazoduc South Stream, est désormais d'évincer la Russie des Balkans. La position neutre de la Serbie sera exposée prochainement à des graves problèmes", a estimé Predrag Simic, professeur de relations internationales.

M. Simic faisait référence à la suspension par la Bulgarie des préparations des travaux de construction du tronçon bulgare de South Stream, après que Bruxelles eut argué que les règles européennes pour les marchés publics n'avaient pas été respectées.

Lundi, les autorités serbes ont bafouillé sur la question, un ministre évoquant une suspension des travaux sur le tronçon serbe du gazoduc. Le Premier ministre Aleksandar Vucic a dû intervenir pour assurer que les "travaux se poursuivaient comme prévu" en Serbie tout en demandant plus de "compréhension".

"J'aimerais qu'il existe plus de patience et plus de compréhension pour la prise de décisions aussi importantes que celle-ci", a déclaré le Premier ministre.

Il a fait cette déclaration avant d'être reçu mercredi à Berlin par la chancelière Angela Merkel auprès de laquelle, selon la presse serbe, il a cherché à obtenir le soutien et la compréhension de l'Allemagne pour une politique neutre de la Serbie au sujet de l'Ukraine.

"J'espère que Belgrade a reçu des instructions claires car c'est malheureusement le seul moyen d'orienter la politique étrangère serbe", a commenté l'analyste politique Jelena Milic.

Mme Milic a souligné le fait que Belgrade faisait aussi l'objet de fortes pressions de la part de Moscou.

"On constante des pressions de plus en plus grandes de la part de la Russie, qui étouffe ouvertement l'intégration européenne de la Serbie", a-t-elle dit à l'AFP.

Elle a mentionné les visites à Belgrade "en novembre 2013 du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou et en mai du président de la Douma, Sergueï Narychkine, reçu par M. Nikolic alors qu'il se trouvait sur une +liste noire+ de l'UE", a-t-elle ajouté.

Belgrade aura des explications à fournir lundi prochain, lors de la visite du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

La Russie a d'importants intérêts en Serbie. Son géant gazier et pétrolier Gazprom est le propriétaire majoritaire de la Compagnie pétrolière serbe NIS avec 51% des parts.

De plus, Belgrade et Moscou ont mis en place à l'aéroport de Nis (sud) un "Centre régional pour les situations d'urgences" où sont stationnés des avions russes prêts à intervenir dans la région, sur demande des pays concernés.

Alors que la Serbie est à court d'argent, en janvier 2013, Moscou et Belgrade ont signé un accord sur un crédit de 800 millions de dollars destinés à la reconstruction de l'infrastructure ferroviaire. Puis en avril, Moscou a octroyé à son allié un autre prêt de 500 millions de dollars, destiné l'aider à faire face à son lourd déficit budgétaire.

"La durée des pressions sur la Serbie dépendra de la durée de la crise en Ukraine mais aussi du degré de tension dans les relations entre l'Union européenne et la Russie", a noté l'analyste politique Sasa Popov.

mat-cn/mf

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