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Emirats: nostalgie et sens des affaires chez les réfugiés syriens

Emirats: nostalgie et sens des affaires chez les réfugiés syriens

Loin de la guerre qui s'éternise dans leur pays, les Syriens réfugiés aux Emirats arabes unis n'hésitent pas à se lancer dans les affaires, exploitant le filon de la nostalgie d'une patrie réputée pour son art de vivre et sa cuisine.

C'est dans le quartier luxueux de la Marina à Dubaï que le restaurant Al-Hamidiyeh accueille ses clients. Narguilé, trictrac et théières en cuivre dans une ambiance de vieux Damas.

"Cet endroit nous attire parce qu'on s'y sent comme à Damas et il nous rapproche de la Syrie", dit un client, Walid Ayoub.

Son pays a connu en 2011 un soulèvement pacifique pour un changement démocratique qui a dégénéré en guerre civile après la répression brutale de ce mouvement. Le conflit a fait depuis 162.000 morts, selon une ONG.

Avec ses voûtes rappelant le souk éponyme de Damas, ses chaises en bois, ses murs de briques et ses armoires incrustées de nacre, Al-Hamidiyeh est l'un des nombreux restaurants et magasins syriens ayant fleuri aux Émirats arabes unis.

Les clients l'appellent "le petit Damas", dit fièrement le propriétaire, Hazem Khayat, venu s'installer à Dubaï il y a plus d'un an.

Le coût élevé de la vie et la difficulté d'obtenir des visas ferment la porte des Emirats aux Syriens de condition modeste qui s'entassent dans les camps de réfugiés des pays voisins de la Syrie.

Un titre de séjour de deux ans coûterait jusqu'à 30.000 dirhams (8.168 dollars) et la demande doit être traitée par un sponsor local, selon des Syriens installés aux Emirats.

Une fois aux Emirats, beaucoup de ces réfugiés de luxe se lancent dans les affaires.

Dans l'émirat de Charjah, des enseignes comme la Boulangerie Cham, Les Olives de Damas ou la plaine de Zabadani, en référence à la station de villégiature tenue en partie par les rebelles, s'alignent le long d'une même rue.

Parmi ces enseignes, Nabil Nafisa, franchise de l'une des pâtisseries les plus réputées de Syrie.

"Avec la détérioration de la situation en Syrie et en raison de la formation (après 2011) d'une communauté syrienne ici, nous avons décidé d'ouvrir à Charjah", dit le directeur Abdelhadi Nafisa.

Les clients se font rares alors qu'ils abondent à Damas pour déguster notamment la Kunafa, un gâteau à base de fromage blanc, spécialité de la maison.

Trouver les mêmes ingrédients a été un défi et il a fallu ajuster les recettes, indique M. Nafisa.

"C'est comme un morceau de mon pays", déclare un client qui dit être un habitué de la pâtisserie Nafisa à Damas.

Pas loin, Anas Mousatat a ouvert Tarboush, branche d'un restaurant populaire d'Alep, ville commerciale prospère aujourd'hui dévastée par les combats.

L'odeur des brochettes et des beignets à la viande se mêle à l'accent d'Alep, faisant oublier qu'on se trouve à Charjah.

En arrivant aux Emirats, avec sa famille, M. Mousatat n'avait pas en tête de se lancer dans les affaires.

"Mais avec la crise syrienne qui n'en finit pas, nous avons décider d'ouvrir notre restaurant", dit-il.

En dépit de quelques succès, certains parmi les Syriens qui se sont lancés dans les affaires ont beaucoup perdu, constate Ahmed Edilbi, fondateur de Dubarah, un réseau sur internet qui met en contact les hommes d'affaires syriens déjà installés aux Émirats arabes unis et ceux nouvellement arrivés.

Les Syriens n'ont pas une bonne connaissance des lois et des règles du marché aux Émirats arabes unis, tandis que le coût de plus en plus élevé de la vie les handicape, ajoute-t-il.

"L'investissement à Dubaï est une aventure risquée pour les Syriens et ses résultats ne sont pas toujours garantis", note M. Edilbi.

"Plus de la moitié des Syriens de la classe supérieure venus ici font désormais partie de la classe moyenne, en raison du coût élevé de la vie ou pour avoir mal placé" leur argent, affirme-t-il.

M. Mousatat, qui avoue des pertes financières, dit avoir l'intention de retourner à Alep si la situation s'améliore en Syrie mais sans fermer son restaurant de Charjah.

lyn/mh/feb

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