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Mondial-2014: ces Brésiliens qui fuient le pays ou veulent sa défaite

Mondial-2014: ces Brésiliens qui fuient le pays ou veulent sa défaite

Au "pays du futebol", certains Brésiliens s'apprêtent à fuir le Brésil pendant le Mondial. D'autres, ô sacrilège, souhaitent carrément la défaite de la Seleçao pour des raisons politiques.

C'est le cas de Marcus Toledo, comptable carioca de 42 ans, qui détesterait voir le capitaine Thiago Silva brandir la Coupe au soir de la finale, le 13 juillet, dans un stade Maracana chavirant d'ivresse patriotique.

Il a organisé son événement pour boycotter la Seleçao: à chaque match du Brésil, petite réunion entre amis sur la même longueur d'onde pour soutenir l'adversaire.

"Comme je suis un dingue de foot, je me sens trahi par cette Coupe à laquelle seuls des riches et des privilégiés pourront assister", dit-il.

"J'espère, sans aucun remord, la défaite du Brésil au Mondial et que l'échec de son organisation servira de leçon sur la nature de nos priorités ici", poursuit-il.

"L'héritage de la Coupe, c'est une population insatisfaite du gouvernement et des gouvernants, et beaucoup d'argent dans la poche de ceux qui ont participé aux travaux", abonde Joao Carlos de Lima, un retraité de 64 ans.

"J'en suis au point d'espérer que le Brésil n'arrive même pas en quart de finale, comme cela il n'y aura aucune fête", lâche-t-il après un long soupir.

Ne pas soutenir l'équipe nationale est le moyen qu'a choisi ce passionné de foot et du club de Flamengo pour exprimer son mécontentement contre la présidente de gauche Dilma Rousseff, candidate à un deuxième mandat aux élections du 5 octobre.

"Car on sait bien, affirme-t-il, qu'une victoire du Brésil pendant la Coupe, en pleine année électorale, serait d'une grande aide pour qui est au pouvoir".

La présidente pense le contraire. "Je ne crois pas que la Coupe va décider de mon élection. Elle ne va pas m'aider ni me porter préjudice. Le Brésil peut très bien être champion et moi perdre l'élection, tout comme le Brésil peut bien perdre et moi être réélue", a-t-elle déclaré mi-avril.

Favorite de la présidentielle, Rousseff est passée de 37% d'intention de votes en mai à 34% en juin, selon le dernier sondage publié la semaine dernière par l'institut Datafolha.

Mais son principal rival, le social-démocrate Aecio Neves, a également perdu un point (20% à 19%), tandis que le nombre d'indécis et de gens prévoyant de voter blanc augmente.

Après s'être retrouvée piégée dans son bureau, un jour de violente manifestation contre le Mondial, pendant la fronde sociale historique de juin 2013, l'avocate Cecilia Menezes Castro a décidé de prendre des vacances aux Etats-Unis du 12 juin au 13 juillet 2014. C'est-à-dire pendant la durée exacte de la Coupe du monde.

Quelque 600.000 touristes étrangers vont affluer au Brésil pendant le Mondial. Et des millions de par le monde auraient surement rêvé de pouvoir en faire autant.

Mais il existe une frange non négligeable de Brésiliens qui, comme Cécilia, préfèrent et ont les moyens de fuir le tumulte du Mondial et ses possibles nuisances.

"Je savais que je ne supporterais pas d'être ici", à cause des embouteillages et des manifestations, explique l'avocate. Et comme certaines agences de voyage offrent des séjours en promotion à l'étranger, elle a saisi l'aubaine.

L'opérateur de voyages Hotel Urbano a ainsi indiqué à l'AFP avoir enregistré une hausse de 20% des demandes de voyages à l'étranger entre le 12 juin et le 13 juillet par rapport à la même période de l'an dernier.

Comme pour Cecilia, c'est la crainte des nuisances qui a décidé la psychanalyste Anna Beatriz Medici, 37 ans, à passer une partie du Mondial hors du Brésil. Elle a prévu d'aller vingt jours en Italie avec sa mère à partir du 10 juin.

"J'ai choisi la date de départ quelques jours avant le début de la Coupe pour éviter le chaos à l'aéroport", dit la jeune femme, pourtant fan du club de Fluminense et passionnée de football, comme la plupart des Cariocas des deux sexes.

"Bien sûr que je vais supporter le Brésil, dit-elle. Mais je crois que ce sera intéressant de le faire loin de la maison".

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