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Le Kosovo aux urnes, un test pour l'avenir européen de cette jeune nation

Le Kosovo aux urnes, un test pour l'avenir européen de cette jeune nation

Les Kosovars ont voté dimanche lors de législatives anticipées, une partie qui s'annonce serrée entre le Premier ministre sortant Hahim Thaçi et l'ex-maire de Pristina, Isa Mustafa, qui ambitionnent d'intégrer dans l'Union européenne cette jeune nation indépendante depuis 2008.

L'un des principaux enjeux du scrutin était la participation de la minorité serbe, cruciale pour le rapprochement de Pristina avec l'UE.

Les bureaux de vote ont fermé à 17H00 GMT. Quatre heures avant la fin du vote, le taux de participation était de 23,3%, inférieur d'environ 10% à celui enregistré aux précédentes législatives de 2010, lorsque la participation finale s'était élevée à 47,8%.

Ancien chef de la guérilla indépendantiste reconverti dans la politique, M. Thaçi, âgé de 46 ans, brigue un troisième mandat consécutif à la tête de l'exécutif. Il se présente fragilisé par une mauvaise situation économique et un taux de chômage de 35% pour une population de 1,8 million d'habitants.

"La victoire de Thaçi n'a jamais été aussi incertaine", a estimé l'analyste politique Behlul Beqaj, selon lequel un faible taux de participation jouerait néanmoins en faveur du Premier ministre sortant.

"Notre État est un nouveau pays européen avec d'importantes opportunités de développement que nous allons mettre au profit du peuple", a dit M. Thaçi après avoir voté.

"Le gouvernement n'a pas été à la hauteur de la tâche", estimait toutefois, Nazmi Jashari, un retraité de 66 ans. "Nous devons le remplacer", ajoutait-il.

M. Thaçi a pourtant favorisé le rapprochement du Kosovo avec l'Union européenne (UE) en contribuant à la conclusion, en avril 2013, d'un accord historique pour améliorer les relations avec la Serbie, sous la houlette de Bruxelles même si Belgrade refuse toujours de reconnaître l'indépendance du Kosovo.

La participation des quelque 120.000 Serbes du Kosovo à ce scrutin - en particulier les 40.000, majoritaires dans le Nord, limitrophe de la Serbie, où Pristina n'exerce pratiquement aucun contrôle -, est cruciale pour le rapprochement de Pristina avec l'UE.

Dix sièges sont garantis aux Serbes au sein du Parlement kosovar qui en compte 120.

Pour sa part, le gouvernement serbe, qui a ouvert en janvier des négociations d'adhésion à l'UE, a exhorté la communauté serbe à se rendre aux urnes.

"La participation aux élections (...) est un devoir patriotique pour chaque citoyen serbe vivant au Kosovo", a affirmé le gouvernement de Belgrade.

Mais dans le nord du Kosovo, les électeurs votaient en petit nombre, selon des journalistes de l'AFP.

"J'ai voté pour élire nos Serbes au Parlement du Kosovo, des députés qui feront notre politique, pas celle de Thaçi", a dit Dragojlo Simic, 73 ans, habitant dans la partie serbe de la ville ethniquement divisée de Kosovska Mitrovica.

Behlul Beqaj, professeur kosovar des sciences politiques à Pristina, estime que la participation de la communauté serbe au scrutin est "importante".

Leur participation aura "un impact positif sur la mise en oeuvre de l'accord de Bruxelles", fait-il valoir.

En l'absence de sondages fiables, les analystes estiment que les principaux favoris du scrutin sont le Parti démocratique du Kosovo (PDK) de M. Thaçi et le principal parti d'opposition, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), dirigée par l'ancien maire de Pristina, Isa Mustafa, 63 ans.

La lutte contre la corruption endémique et le crime organisé seront les principaux défis à relever, quel que soit le nouvel exécutif kosovar.

Thaci "tente de prendre ses distances avec sa gouvernance passée lorsque la corruption a atteint des sommets", note l'analyste Lavdim Hamidi.

Au sein du Parlement sortant, le PDK de M. Thaçi ne comptait que 32 des 120 députés et il gouvernait avec le soutien des minorités et de plusieurs petites formations.

Au Kosovo, l'un des pays les plus pauvres d'Europe, 47% de la population vit dans la pauvreté avec environ 80 euros par mois, alors que le salaire mensuel moyen est de 350 euros.

bur-cn/bir

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