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Poutine entame à Paris son come-back diplomatique après deux mois d'isolement

Poutine entame à Paris son come-back diplomatique après deux mois d'isolement

Le président russe Vladimir Poutine a commencé jeudi, à la veille des célébrations du 70e anniversaire du Débarquement, à retrouver à Paris les principaux dirigeants occidentaux, qui l'ont tenu à l'écart depuis deux mois en raison de la crise ukrainienne.

Alors que Paris est pour quelques heures le théâtre d'un vaste ballet diplomatique consacré à l'Ukraine, la crise ne connaît pas de répit sur le terrain, où les autorités ukrainiennes ont subi un nouveau revers dans l'est séparatiste du pays. Les gardes-frontières ukrainiens ont abandonné jeudi trois postes à la frontière russe après des attaques d'insurgés prorusses qui semblent renforcer chaque jour leur emprise.

A Paris, la question ukrainienne était au coeur de plusieurs entretiens au plus haut niveau dans la soirée. Le président russe Vladimir Poutine a soupé dans la soirée pendant une heure et demie au palais de l'Elysée avec son homologue François Hollande, qui avait auparavant dîné avec le président américain Barack Obama dans un restaurant parisien.

Le maître du Kremlin, que les Occidentaux n'ont pas revu depuis le rattachement de la Crimée à la Russie en mars, s'était entretenu dès son arrivée à Paris avec le Premier ministre britannique David Cameron, dans l'enceinte de l'aéroport parisien Charles de Gaulle.

"Le statu quo n'est pas acceptable. La Russie doit formellement reconnaître et travailler avec le nouveau président (ukrainien Petro Porochenko), nous avons besoin d'une désescalade, nous avons besoin de stopper les arrivées d'armes et d'hommes à travers la frontière", a déclaré David Cameron, selon des images diffusées par la BBC.

Au même moment, les chefs de la diplomatie américaine John Kerry et russe Sergueï Lavrov discutaient dans un grand hôtel parisien et affichaient leur volonté de coopérer pour la paix et la stabilité en Ukraine.

Les rencontres bilatérales vont se poursuivre vendredi avec une rencontre entre M. Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel en Normandie.

La seule rencontre ne figurant pas pour l'heure au programme est un tête à tête entre MM. Obama et Poutine, dont les relations sont au plus bas depuis des mois.

Le président américain a d'ailleurs lancé un ultimatum à Moscou lors d'un sommet du G7 jeudi à Bruxelles, qui a dénoncé "la poursuite de la violation par la Russie de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine".

"Nous allons voir ce que M. Poutine va faire dans les deux, trois, quatre prochaines semaines" dans la crise ukrainienne, a-t-il déclaré.

"Si les provocations russes se poursuivent, il est clair (...) que les pays du G7 sont prêts à imposer des coûts supplémentaires à la Russie", a mis en garde M. Obama.

Des sanctions, susceptibles de frapper l'économie russe, pourraient être décidées au prochain sommet européen qui se tiendra les 26 et 27 juin, a indiqué la chancelière allemande Angela Merkel.

Mais derrière une façade unie, les Occidentaux sont divisés sur la nature et l'ampleur des sanctions à prendre contre Moscou avec qui ils ont engagé le bras de fer diplomatique le plus intense depuis la fin de la Guerre froide.

Paris n'a ainsi pas renoncé au 1,2 milliard d'euros de son contrat pour la vente de navires militaires Mistral à la Russie, provoquant un certain agacement de ses partenaires. "J'ai exprimé mes inquiétudes, et je ne pense pas être le seul", a réagi M. Obama. "Il aurait été préférable de suspendre" cette vente, a-t-il ajouté.

Les cérémonies du Débarquement pourraient aussi être l'occasion d'une première rencontre entre M. Poutine et le président ukrainien élu Petro Porochenko, invité en France par François Hollande. "Est-ce que le président Poutine pourra rencontrer le président Porochenko? Oui!", a dit M. Hollande à Bruxelles.

"Je ne compte éviter personne et parlerai, évidemment, à tout le monde", avait indiqué le président russe mercredi soir.

Mais la rencontre était encore hypothétique. "Si on en parle, ça ne marchera pas", confiait jeudi soir une source diplomatique française, soulignant que MM. Hollande et Obama avaient "examiné ensemble comment saisir les opportunités".

Les discussions entre M. Poutine et ses homologues occidentaux s'annoncent cependant difficiles. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a qualifié de "cynisme sans limites" le soutien exprimé par le G7 à l'opération armée des forces ukrainiennes contre l'insurrection prorusse dans l'est du pays, critique sèchement rejetée par les dirigeants du G7.

Les dirigeants du G7 ont également critiqué Moscou pour la menace que la Russie fait peser sur les approvisionnements de gaz vers l'Ukraine et par ricochet vers l'Europe.

"L'utilisation de l'approvisionnement énergétique comme moyen de coercition politique ou comme menace à la sécurité est inacceptable", a déclaré le G7.

Le groupe russe Gazprom menace d'arrêter le 10 juin ses livraisons à l'Ukraine si Kiev ne paie pas sa dette gazière, qui s'élève au total à plus de 3 milliards de dollars.

bur-aje-thm/plh

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