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La participation des Serbes enjeu des législatives anticipées au Kosovo

La participation des Serbes enjeu des législatives anticipées au Kosovo

La participation des Serbes est un des principaux enjeux des élections législatives anticipées de dimanche au Kosovo où le Premier ministre sortant Hashim Thaçi cherchera à renforcer le pouvoir qu'il exerce depuis sept ans et durant lequel le Kosovo a proclamé, en 2008, son indépendance de la Serbie.

A quelques jours du scrutin, initialement prévu à l'automne, la participation des Serbes du nord du Kosovo n'est pas certaine, notamment en raison de modifications apportées aux règles électorales par les autorités à Pristina et perçues par les Serbes comme visant à restreindre leurs droits.

Néanmoins, l'influent Premier ministre serbe Aleksandar Vucic a estimé qu'"il ne serait pas sage de ne pas participer au scrutin" de dimanche.

Les 80.000 Serbes vivant dans des enclaves isolées au milieu d'une écrasante majorité d'Albanais iront aux urnes, tout comme lors des scrutins précédents.

Mais dans le nord du Kosovo, région limitrophe de la Serbie où les Serbes - quelque 40.000 - sont majoritaires et où Pristina n'exerce pratiquement aucun contrôle, la participation est plus qu'incertaine.

Dix sièges sont garantis aux Serbes au sein du Parlement kosovar qui en compte 120.

Après leur participation aux élections municipales kosovares de novembre, une nouvelle participation significative des Serbes du nord, la première dans des élections législatives depuis l'indépendance du Kosovo, est considérée comme vitale pour la mise en oeuvre de l'accord de normalisation des relations entre Pristina et Belgrade.

Conclu en 2013, l'accord a permis à la Serbie d'ouvrir en janvier les négociations d'adhésion à l'Union européenne.

Le futur gouvernement kosovar sera confronté à une grave crise économique et devra s'employer à enrayer la corruption qui gangrène la société.

Le chômage touche 35% des quelque 1,8 million d'habitants du Kosovo, un taux similaire à celui enregistré en 2007, lorsque M. Thaçi obtenait son premier mandat à la tête du gouvernement.

Au Kosovo, où le salaire moyen mensuel de 350 euros reste un des plus bas d'Europe, 47% de la population vit dans la pauvreté alors que 12% vivent avec 47 euros par personne, par mois et sont considérés comme "extrêmement pauvres", selon les statistiques officielles.

M. Thaçi a centré sa campagne sur le redressement de l'économie et présenté un plan permettant, assure-t-il, de créer 200.000 emplois.

"Après la liberté et l'indépendance, il est temps de se lancer dans une troisième bataille, celle du développement économique, de la création d'emplois et de l'amélioration des conditions de vie", a-t-il déclaré.

"Pour ce faire, le Kosovo devrait avoir une croissance de 20% au niveau annuel, soit sept fois plus que celle enregistrée ces dernières années", a fait valoir l'analyste économique Lumir Abdixhiku.

"Une telle promesse, surpassant toute réalité économique, est perçue comme une plaisanterie", a-t-il dit.

En l'absence de sondages viables, les observateurs estiment que les principaux favoris du scrutin sont le Parti démocratique du Kosovo (PDK) de M. Thaçi et le principal parti d'opposition, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), dirigée par Isa Mustafa.

"Seule la LDK est capable de renverser le PDK et mettre enfin en place un gouvernement démocratique qui sera au service de tous les citoyens", a assuré M. Mustafa durant la campagne électorale.

Parmi les autres partis en lice, l'Alliance pour l'avenir du Kosovo de Ramush Haradinaj critique avec véhémence le gouvernement Thaçi l'accusant d'avoir plongé les citoyens et le pays dans une situation "insoutenable".

Le mouvement Autodétermination (Vetevendosje) d'Albin Kurti a, de son côté, sensiblement abandonné sa rhétorique nationaliste et tente désormais d'attirer les électeurs avec un programme s'adressant aux couches les plus pauvres de la société.

La corruption endémique et le crime organisé resteront les principaux défis du nouvel exécutif kosovar.

Thaci "tente de prendre ses distances avec sa gouvernance passée lorsque la corruption avait atteint des sommets", note l'analyste Lavdim Hamidi.

"Pour les analystes, le Kosovo est un paradis du crime organisé et de la corruption", a estimé pour sa part IFIMES, une ONG basée en Slovénie, spécialisée dans les Balkans.

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