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La Russie, un adversaire durable? L'Otan s'interroge

La Russie, un adversaire durable? L'Otan s'interroge

Faut-il considérer la Russie comme l'adversaire des prochaines années ou la crise ukrainienne va-t-elle rester isolée? Le débat est lancé au sein de l'Otan, où les pays les plus prudents veulent éviter qu'une "logique de confrontation" ne s'impose.

La réflexion stratégique va se poursuivre tout l'été jusqu'au sommet de l'Otan des 4 et 5 septembre au Pays de Galles, où les chefs d'Etat et de gouvernement seront appelés à trancher.

Ce débat est animé par le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen, qui ne cesse d'affirmer depuis trois mois que "l'agression illégale de la Russie contre l'Ukraine" a bouleversé "l'environnement sécuritaire" de l'Europe.

Cette crise est "le défi le plus important à la stabilité de l'Europe depuis la fin de la Guerre froide", a renchéri l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Otan, Douglas Lute.

Elle "démontre que les menaces auxquelles nous sommes confrontés s'accroissent et deviennent de plus en plus imprévisibles", a prévenu M. Rasmussen en s'adressant aux ministres de la Défense réunis mardi et mercredi à Bruxelles.

Les 28 ministres ont approuvé diverses mesures opérationnelles pour "renforcer la sécurité" des pays d'Europe de l'est les plus préoccupés par la Russie, comme les Etats baltes et la Pologne.

Mais des divergences sont apparues sur les conséquences à plus long terme de la crise, et sur l'attitude à adopter vis-à-vis de Moscou.

Pour un certain nombre de capitales, comme Berlin et Paris, la priorité est de "ne pas s'enfermer dans une logique de confrontation". "Il faut éviter les postures lourdes qui rappellent la Guerre froide. Comme, par exemple, déployer des tanks près des frontières russes", estime un diplomate.

Ces pays cherchent à calmer les appels de la Pologne à l'implantation de bases permanentes de l'Otan sur son territoire, une éventualité que n'a pas exclu le chef militaire de l'Otan, le général américain Philip Breedlove.

Les Alliés les plus prudents "demandent à l'Otan de ne pas aller trop vite en besogne" et de "proposer plutôt des ajustements qu'une remise en cause globale" des relations avec Moscou, souligne un autre diplomate européen.

S'est ainsi posée la question d'une révision de l'un des textes les plus importants de l'Otan, "l'Acte fondateur" des relations avec la Russie. Signé en 1997 à l'occasion d'un sommet à Paris, ce document affirme que les Alliés et la Russie "ne se considèrent pas comme des adversaires" et s'accordent pour "construire ensemble une paix durable" sur le principe de la "sécurité coopérative".

Concrètement, l'Otan s'y engage à ne pas déployer d'armes nucléaires ou de forces de combat substantielles sur le territoire des nouveaux pays membres d'Europe de l'est.

L'ambassadeur russe auprès de l'Otan, Alexandre Grouchko, a prévenu qu'un tel déploiement de troupes alliées représenterait "une infraction directe" de l'Acte fondateur.

M. Rasmussen a affirmé mardi soir que toutes les mesures envisagées étaient conformes à ce texte.

Comme d'autres ministres, l'Allemande Ursula von der Leyen a insisté sur la nécessité que ces mesures soient le plus "flexibles et multinationales" possibles.

Car, plus que jamais, les grands pays veulent éviter de se retrouver embarqués dans des opérations onéreuses, dans le contexte actuel de la contraction des budgets militaires.

A Bruxelles, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a de nouveau exhorté les Européens à assumer davantage le coût de leur défense. Il a cité en exemple le plan d'un milliard de dollars annoncé mardi par Barack Obama "pour rassurer l'Europe".

Au cours des cinq dernières années, les dépenses militaires des Alliés ont reculé de 20%, tandis qu'elles augmentaient de 50% pour la Russie, une tendance "insoutenable" à l'avenir selon M. Rasmussen.

jri/jlb/fw

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