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La Lituanie aux portes de l'euro, un rempart contre la Russie

La Lituanie aux portes de l'euro, un rempart contre la Russie

La Lituanie rejoindra la zone euro début 2015, dernier pays balte à adopter la monnaie unique après le feu vert donné mercredi par la Commission et la Banque centrale européennes, un moyen de renforcer l'intégration de ce pays dans l'UE en période de tension avec la Russie.

Après examen, les instances européennes ont estimé que Vilnius "remplit maintenant tous les critères de convergence" pour adopter l'euro, après une tentative ratée en 2006-2007.

Les Etats membres et le Parlement européen doivent encore se prononcer sur cette adhésion, la 19e au sein de la zone euro, après l'Estonie en 2011 et la Lettonie en début d'année.

Avec un déficit public à 2,1% et une dette pesant moins de 40% du PIB, la Lituanie est largement dans les clous européens. Sa devise, le litas, déjà arrimée à l'euro, est restée stable ces derniers mois. Seul bémol: le niveau de l'inflation, jugé un peu trop bas par la BCE.

A Bruxelles, le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn, a salué la "politique budgétaire et les réformes économiques sérieuses" mises en place par Vilnius.

Il a souligné combien les événements en Ukraine ont rendu "inévitable" le passage à l'euro pour le petit Etat balte de trois millions d'habitants, membre de l'UE depuis 2004. "L'intégration européenne a été et doit rester un moteur important pour stabiliser la démocratie et accroître la prospérité", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Si, pour les Européens, l'entrée d'un nouveau membre dans le club de l'euro atteste de l'attractivité de la monnaie unique malgré la crise, les responsables lituaniens y voient plutôt un rempart contre la Russie, qui vient d'annexer la Crimée et n'hésite pas à bander ses muscles dans l'enclave de Kaliningrad.

La Lituanie a toujours en mémoire un demi-siècle de domination soviétique, de la Seconde guerre mondiale à son retour à l'indépendance avec la chute de l'URSS en 1991.

"Compte tenu des développements à nos frontières, l'adoption de l'euro prend encore plus d'importance. C'est un pas supplémentaire vers plus de sécurité au niveau économique, financier et politique", a estimé mercredi le Premier ministre lituanien, Algirdas Butkevicius.

La décision prise mercredi "n'est qu'un début", a réagi le ministre des Finances, Rimantas Sadzius. "Nous devons nous assurer que cette nouvelle sera bien accueillie par la population et que le passage à l'euro se fera en douceur".

Selon un sondage mené début avril, 57% de la population pensent que le passage à l'euro va contribuer à augmenter les prix. Ils sont seulement 12% à ne pas envisager de conséquences négatives.

"Au départ, ça fera un choc, mais tout le monde va s'habituer en quelques semaines", assure Valentas Karpinskis, un jeune de 26 ans qui travaille dans une imprimerie. "Le monde entier est d'accord. Pourquoi devrais-je penser autrement? Je ne crains pas une hausse des prix, ils sont de toute façon déjà très élevés", dit avec une pointe de sarcasme Agne, 76 ans, vendeuse de fleurs dans le centre de Vilnius.

La monnaie européenne est déjà une réalité: dans la capitale, une grande enseigne de bricolage affiche les prix en euros, et le double affichage devrait être la norme partout dès la mi-août.

"Les Lituaniens ont une approche prudente", commente Zita Ceponyte, à la tête de l'Institut de consommation lituanien, même si les grands partis politiques, au pouvoir comme dans l'opposition, sont favorables à l'euro.

Pour l'économiste lituanien Rimantas Rudzkis, le passage de son pays à l'euro, après ses deux voisins baltes, devrait être "favorable à l'investissement" dans la région.

bur-may/jlb/pt

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