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L'abdication du roi d'Espagne ravive les voix antimonarchistes

L'abdication du roi d'Espagne ravive les voix antimonarchistes

Ils étaient des milliers dans la rue lundi agitant des drapeaux républicains : l'abdication du roi d'Espagne a donné l'occasion aux partis antimonarchistes, qui ont progressé aux élections européennes, de faire entendre leur voix.

A peine l'annonce inopinée de l'abdication connue, les partis de gauche Izquierda unida, Podemos, issu du mouvement des "indignés", ainsi que des organisations écologistes ont appelé à manifester dans une quarantaine de villes contre le système monarchique.

"L'Espagne, demain, sera républicaine !", hurlaient lundi soir les milliers de manifestants descendus dans la rue à Madrid, certains juchés sur le globe en verre de la bouche de métro de la Puerta del Sol, réclamant un référendum.

"Plus de rois, un référendum", ou encore "Transition royale... Sans roi", pouvait-on lire sur les pancartes, aux côtés des drapeaux rouge, or et violet de la Seconde république espagnole, proclamée en 1931.

"Les dernières élections européennes montrent l'arrivée d'une ère nouvelle en politique. Et que nous ouvrons un nouveau chapitre de l'Histoire", relève Abel Hernandez Dominguez, auteur de plusieurs livres sur la monarchie espagnole.

Au total, les partis pro-républicains ont remporté environ 20% des voix aux européennes du 25 mai.

Et les sondages confirment le désamour des Espagnols envers leur souverain : selon une enquête parue en janvier, le roi a vu sa popularité chuter de 9 points en un an, à 41%. Plus inquiétant encore pour la Famille royale, seuls 49% des Espagnols soutiennent la monarchie.

Le roi Juan Carlos "a eu son heure de gloire, mais aujourd'hui, la monarchie, c'est un peu archaïque, un peu inutile, un coût élevé surtout dans la situation de crise que nous vivons", estimait dans la manifestation madrilène Paola Torija, une thérapeute pour handicapés de 24 ans.

"Je pense que ce serait le bon moment pour proclamer une République", lançait-elle.

Icône de la transition démocratique après la dictature franquiste (1939-1975), le roi a ces dernières années accumulé les déboires qui ont terni son image et celle de la monarchie. Comme une luxueuse chasse à l'éléphant, en 2012 au Botswana, en pleine crise économique, ou l'inculpation de sa fille cadette Cristina et de son gendre Iñaki Urdangarin dans un vaste scandale de corruption.

Le futur roi Felipe VI doit s'attendre "à une période difficile", estime Cesar de la Lama, auteur de la première biographie autorisée du roi.

"La monarchie a eu un rôle à une époque mais aujourd'hui, la dernière étape de la vie du roi n'est pas très heureuse". "La monarchie est discréditée. Cela n'a pas de sens dans une Europe démocratique", commentait Nacho Vila, un coopérant humanitaire de 52 ans.

"Je suis ici parce que je veux élire mon chef de l'Etat", lançait Daniel Martin, un étudiant de 25 ans en master de sociologie de l'université Complutense de Madrid, rappelant les attributions du roi d'Espagne, qui est à la tête de l'Etat depuis près de 40 ans et dirige les armées.

Alors que le Parti socialiste, première force d'opposition au gouvernement de droite, soutient la monarchie, les Jeunesses socialistes demandent pour leur part "un référendum sur un nouveau modèle d'Etat" et "une direction d'Etat décidée par tous les hommes et femmes de ce pays".

Même message du petit parti Podemos, qui a fait une percée remarquée en obtenant cinq des 54 sièges espagnols au Parlement européen.

"Dans un contexte de crise sociale, économique et politique, nous pensons que verrouiller" la succession du roi "peut déboucher sur un long cycle d'instabilité politique et plonger le pays dans la plus grave crise de légitimité du système", affirme Podemos.

Mais attention, a répondu mardi, le chef du gouvernement Mariano Rajoy. "Tous ceux qui veulent changer les règles du jeu peuvent le faire. Mais ils doivent utiliser les instruments prévus par la loi".

"Présentez si vous voulez une réforme de la Constitution devant le Parlement si cette Constitution ne vous plaît pas. Vous avez parfaitement le droit de le faire", a-t-il ajouté. Mais pour lui, "la monarchie bénéficie d'un soutien très majoritaire en Espagne".

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