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A Homs, les élections ont remplacé la révolution

A Homs, les élections ont remplacé la révolution

A Baba Amr, dans le coeur de Homs, où commença la lutte armée contre le régime, l'esprit de la révolution semble avoir disparu. Si les terribles destructions rappellent les combats acharnés, les habitants affirment à l'unisson apporter leurs voix à Bachar al-Assad.

A l'école Hassan al-Sabet, unique bureau de vote du quartier, une chanson patriotique s'échappe d'un haut-parleur: "Nous saluons cette terre, la Syrie, ses héros et son armée".

A l'intérieur, deux files: l'une pour les femmes, coiffées de foulards colorés, et l'autre pour les hommes. Les premières préfèrent se rendre dans l'isoloir tandis que les hommes cochent devant tout le monde leur bulletin de vote.

Dans aucun bureau de vote, le journaliste de l'AFP n'a vu de représentants des deux challengers du président Assad, Hassan al-Nouri et Maher al-Hajjar, qui servent de faire-valoir pour cette première élection présidentielle depuis 40 ans. Jusqu'alors, le chef de l'Etat, et son père Hafez avant lui, étaient élus par referendum.

"Je suis venue voter pour le bon candidat (Assad, ndlr). Homs était peut-être la capitale de la révolution mais aujourd'hui c'est certainement la cité des élections", assure Mouamina Chouraoui, 18 ans, vêtue d'un long manteau noir.

Au début de la révolte, les opposants avaient surnommé Homs "capitale de la révolution" en raison des manifestations massives contre le régime qui furent durement réprimées.

L'urne est pleine et l'assesseur doit la secouer pour permettre aux électeurs de glisser d'autres bulletins. "A midi (09H00 GMT), nous comptabilisions 1.465 votants et d'autres arrivent", dit-il, en montrant la longue file d'attente.

"Nous pensons que cette élection nous apportera la paix. Si nous n'en étions pas sûrs, nous ne serions pas venus", assure Houssam , 21 ans, étudiant en droit.

A 15H30, 597.000 personnes sur 1,18 million d'inscrits avaient voté dans la province, soit 52%, a affirmé à l'AFP le gouverneur Talal al-Barazi.

Selon lui, seules les villes rebelles de Talbissé et Rastane ne votent pas. A Waer, unique quartier de Homs encore contrôlé par les insurgés, des bureaux de vote ont été installés à la périphérie. "Homs a retrouvé son calme, ce n'est plus la cité de la révolution ou de la violence mais celle de la paix", assure-t-il.

De nombreux militaires et membres des services de sécurité sont déployés dans les rues après de récents attentats.

A l'université, qui fut le bastion de la contestation, c'est jour d'examen et les étudiants attendent fébrilement de passer leurs épreuves.

A la cafeteria, pas question de parler du passé. "Je vote pour celui que je connais et c'est Bachar al-Assad. Les autres, je n'en ai jamais entendu parler", affirme Saly, 21 ans, qui veut devenir diététicienne.

A la table voisine, Alaa al-Omar, 28 ans, en 4ème année des sciences de l'éducation, est plutôt satisfait de cette élection. "Cette fois, il y a le choix entre Bachar, Nouri et Hajjar et si on veut on peut ne pas voter", dit-il avant de se rendre en salle d'examen. Mais ceux qui ne sont pas favorables à ce scrutin préfèrent se taire, ou détourner la tête quand on les interroge.

Rue Hama, dans la Vieille ville pulvérisée par une guerre où toutes les armes ont été utilisées, une immense photo de Bachar al-Assad, tendue sur un immeuble à moitié effondré, proclame: "Ensemble, nous reconstruirons".

Ce secteur, que les rebelles ont quitté exsangues en mai, est totalement vide à l'exception du quartier chrétien de Hamidiyé. Le curé de l'église syriaque orthodoxe "la ceinture de la vierge", pillée et à moitié brûlée, a tenu à y installer un bureau de vote.

"C'est un message aux gens qui étaient dans la Vieille ville de Homs et portaient des armes pour leur dire: +vous voyez, il y a trois candidats. Choisissez celui que vous voulez. Rendez vos armes et revenez à la raison et reconstruisons la Syrie+", affirme le père Zahri Khazaal.

Des milliers d'habitants de Homs, contraints de fuir les violences, ont trouvé refuge au Liban voisin.

"Les gens ici sont contents car même s'ils ont été forcés de quitter leurs maison, ils ne seront pas forcés de prendre part à cette élection et voter pour Assad", confie Ahmad, un militant originaire de Baba Amr réfugié dans la ville libanaise d'Aarsal.

"En ce sens, nous sommes libres maintenant, même si nous avons vu Homs, capitale de la révolution, nous échapper", ajoute-t-il.

sk/vl

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