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Le sergent Bergdahl, héros ou déserteur ? Le malaise enfle aux Etats-Unis

Le sergent Bergdahl, héros ou déserteur ? Le malaise enfle aux Etats-Unis

Accueillie avec fierté par les responsables civils et militaires américains, la libération en Afghanistan du sergent Bowe Bergdahl a provoqué une polémique sur les conditions de sa capture, certains frères d'armes n'hésitant pas à l'accuser de désertion et à réclamer des sanctions.

Que ce soit à la Maison Blanche ou au Pentagone, on se félicite d'avoir honoré la promesse de ne pas laisser un camarade sur le terrain et d'avoir récupéré un soldat prisonnier depuis cinq ans, quitte à l'avoir échangé contre cinq cadres talibans.

Et si les pancartes "Bowe, enfin libre" ont envahi les rues de la ville de Hailey (Idaho), où il a grandi, le malaise s'est vite installé sur les circonstances de sa disparition le 30 juin 2009 alors qu'il était sur un poste avancé de la province de Paktika (est).

Certains militaires, dont des membres de son unité, l'accusent d'avoir failli à son devoir en abandonnant son poste, voire d'avoir déserté et voulu fuir en Inde.

"Il est en sécurité et il est maintenant temps de dire la vérité", affirme Nathan Bradley Bethea, un ancien officier qui a participé aux recherches. "Et la vérité est que Bergdahl était un déserteur et que des soldats de son unité sont morts en tentant de le retrouver", écrit-il dans une tribune sur le site du Daily Beast. Six militaires ont selon lui été tués au cours de l'été 2009 dans les opérations de recherches.

Le soldat de la "Blackfoot Company", âgé de 23 ans à l'époque, avait quitté la base à pied, laissant derrière lui son casque et son fusil mais en emportant sa boussole, accuse-t-il, tout en faisant part de sa "compassion" pour les souffrances endurées par Bowe Bergdahl au cours de sa détention.

Sur Facebook, un groupe intitulé "Bowe Bergdahl is NOT a hero" relayait une pétition sur internet pour demander de "punir" le soldat pour abandon de poste.

"Il s'est barré. Il était là-bas pour nous protéger et au lieu de ça, il a décidé de tracer son propre chemin", sans égards pour les vies de soldats perdues en tentant de le retrouver, a pour sa part dénoncé sur CNN le soldat Jose Baggett, un membre de son unité.

Selon le colonel Steven Warren, un porte-parole du Pentagone, la disparition du soldat Berdgahl n'a été pas classée comme un abandon de poste ou une désertion. Au cours de sa détention, il a d'ailleurs "a été promu à deux reprises" et il doit encore progresser en juin au tableau d'avancement.

"Nous l'avons ramené à la maison. Nous avons respecté notre principe de ne jamais abandonner un camarade. Il y aura le temps à l'avenir de gérer toutes ces questions" sur les circonstances de sa capture, a-t-il plaidé.

Mais à demi-mots, les responsables américains reconnaissent que celles-ci doivent trouver une réponse. "Nous n'avons toujours pas d'idée précise sur ce qui a provoqué son départ de la base cette nuit-là", a reconnu sur CNN le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.

Bowe Bergdhal a été transféré dimanche depuis l'Afghanistan à l'hôpital militaire américain de Landstuhl (Allemagne) où il a été admis pour une durée indéterminée.

Une enquête aura bien lieu, selon le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. Il fait toujours partie de l'armée et "manifestement, le département de la Défense va continuer à évaluer toutes les circonstances entourant sa détention initiale et sa captivité", a-t-il déclaré lundi.

La désertion en temps de guerre reste théoriquement passible de la peine de mort aux Etats-Unis. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux à considérer que, quelles que soient ses actions passées, Bowe Bergdhal a assez souffert après cinq ans en captivité.

En 2004, le sergent Charles Robert Jenkins, qui avait déserté son poste à la frontière intercoréenne en 1965 et passé près de 40 ans dans les mains des Nord-Coréens avant d'être libéré, avait été condamné à 30 jours de détention.

mra/jca

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