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Des centaines de rebelles à l'assaut des forces ukrainiennes dans l'Est

Des centaines de rebelles à l'assaut des forces ukrainiennes dans l'Est

Des combats meurtriers impliquant tireurs embusqués, mortiers et lance-roquettes ont opposé toute la journée lundi gardes-frontières et séparatistes prorusses à Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, Washington accusant la Russie de déstabiliser cette région en laissant passer des armes et des combattants.

Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé un "crime" des autorités de Kiev "contre leur propre peuple" après les affrontements dans cette ville de 450.000 habitants, où une violente explosion a également ébranlé l'administration régionale, QG des insurgés dans ce bastion de la rébellion.

Le "Premier ministre" de la République locale autoproclamée, Vassili Nikitine, a affirmé que le bâtiment avait été visé par un avion de l'armée ukrainienne, alors que Kiev a affirmé que l'explosion avait été provoquée par une manipulation maladroite d'explosifs et de munitions par les rebelles.

"J'ai vu quatre morts. Ca a vraiment été l'enfer", a raconté M. Nikitine.

Dès le petit matin, les insurgés avaient donné l'assaut aux locaux des gardes-frontières, provoquant les affrontements les plus intenses depuis la bataille de l'aéroport international de Donetsk il y a une semaine (une quarantaine de morts).

Les gardes-frontières ont fait état de huit blessés dans leurs rangs et de cinq séparatistes tués.

Des tireurs embusqués ont ouvert le feu sur le bâtiment à partir des toits de deux immeubles d'habitation de neuf étages à proximité. Ils étaient appuyés par des insurgés postés en bas et armés de kalachnikovs et de lance-roquettes.

Un photographe de l'AFP a vu le corps d'un "sniper" séparatiste transporté par ses camarades en bas de l'immeuble et des médecins urgentistes constater sa mort.

Les Etats-Unis ont affirmé lundi détenir des "preuves" selon lesquelles Moscou continuait à laisser passer des "combattants" et des "armes" dans l'est de l'Ukraine.

La Russie a toujours rejeté les accusations sur son implication dans la déstabilisation de l'Ukraine et exige que Kiev cesse son "opération punitive" dans l'Est. Lundi, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a demandé la mise en place de "couloirs humanitaires" dans cette région, dans un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Ce projet s'est heurté aux critiques des Occidentaux qui prédisent un oubli rapide du texte.

A Washington, la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki a qualifié d'"hypocrite" le projet de résolution russe, Moscou ne faisant "rien" pour empêcher les séparatistes pro-russes de s'attaquer à de nouvelles cibles.

Les violences dans cette partie de l'Ukraine ont fait près de 200 morts -soldats, rebelles, civils- depuis leur déclenchement, le 13 avril.

"Les intentions du président (russe Vladimir) Poutine ne sont toujours pas claires", a souligné le secrétaire américain au Trésor, Jacob Lew.

Sur le front énergétique, la Russie a accordé à l'Ukraine un répit d'une semaine en repoussant jusqu'au 9 juin la date-limite de son ultimatum sur le gaz et la menace d'une coupure de l'approvisionnement qui inquiète l'Europe et est l'objet de négociations cruciales à Bruxelles.

Aucun accord n'a été trouvé lundi à Bruxelles entre la Russie et l'Ukraine sur le prix du gaz acheté par Kiev et le remboursement de la dette gazière, mais les discussions progressent et une nouvelle réunion est prévue pour dans les prochains jours, a annoncé le commissaire européen à l'Energie. "Une proposition pour apurer les factures pas encore payées à Gazprom est en discussion, et une nouvelle réunion trilatérale est prévue pour cette semaine, ou, au plus tard, pour la fin de la semaine prochaine", a expliqué Gunther Oettinger.

Le PDG de Gazprom, Alexeï Miller, a confirmé avoir reçu 786 millions de dollars de Kiev, tout en rappelant que la totalité de la dette s'élevait à 2,3 milliards de dollars pour le gaz livré au 1er avril.

Le groupe gazier a également adouci sa position sur le règlement des livraisons après cette date, à laquelle le prix du gaz a été fixé à un prix sans équivalent en Europe, ne réclamant que des "progrès".

Le président ukrainien pro-occidental, Petro Porochenko, élu avec 54,7% des voix, doit rencontrer dès mercredi son homologue américain Barack Obama, dont le soutien est crucial pour l'Ukraine, avant son investiture le 7 juin à laquelle assistera le vice-président des Etats-Unis Joe Biden.

Il pourra aussi croiser Vladimir Poutine à l'occasion des célébrations en Normandie (ouest de la France) auxquelles il a été invité par le chef de l'Etat français François Hollande, même si leur rencontre n'est pas envisagée, selon le Kremlin.

C'est le Premier ministre britannique, David Cameron, qui s'entretiendra en tête-à-tête avec le chef du Kremlin en Normandie pour "insister sur l'importance d'un dialogue entre le gouvernement russe et le nouveau gouvernement ukrainien".

La poussée de fièvre avec la Russie sur l'Ukraine - la plus grande confrontation en Europe depuis la fin de la Guerre froide - pèsera sur chaque étape de Barack Obama en Europe cette semaine, de la Pologne à la Normandie, en passant par un sommet du G7 à Bruxelles jeudi.

M. Porochenko pourrait évoquer avec lui une aide militaire américaine à l'Ukraine. En visite à Kiev lundi, l'assistant au secrétaire américain à la Défense, Derek Chollet, a indiqué avoir discuté avec les autorités ukrainiennes d'une "aide de 18 millions de dollars et de la coopération à long terme pour renforcer les structures de défense ukrainiennes".

Kiev et les Etats-Unis dénoncent la présence de citoyens russes, notamment des Tchétchènes, parmi les insurgés et leur équipement en armes russes, y compris lourdes.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) est par ailleurs sans nouvelles de deux équipes déployées dans la région et présumées être aux mains des séparatistes: l'une depuis une semaine dans la région de Donetsk et l'autre depuis jeudi dans celle de Lougansk, soit au total huit observateurs.

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