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Crime de Cassandre et Houria en Argentine: un condamné et deux acquittés

Crime de Cassandre et Houria en Argentine: un condamné et deux acquittés

Le procès des meurtriers de Houria Moumni et Cassandre Bouvier, deux Françaises tuées en Argentine en 2011 a offert un dénouement inattendu: Gustavo Lasi a été reconnu coupable du double crime alors que ses co-accusés ont été acquittés.

Les juges ont estimé que Gustavo Lasi, 27 ans, sur qui pesaient le plus de preuves, a violé et tué les deux jeunes femmes, et l'ont condamné à 30 ans de réclusion criminelle.

En revanche, ils ont estimé qu'il n'y avait pas de preuves suffisantes pour maintenir en prison Santos Vera, un jardinier de 34 ans, et Daniel Vilte, un maçon de 28 ans, qui sont sortis libres du palais de justice après 3 ans de prison préventive.

Après 10 semaines de procès, le verdict a surpris, car les trois accusés encouraient la réclusion criminelle à perpétuité et le tribunal de Salta est réputé pour sa sévérité.

"Le verdict me parait juste. Cette sentence correspond à mon analyse sur les preuves. On n'a peut-être pas la vérité, mais on n'a pas fait d'erreur judiciaire", a réagi après la lecture du jugement Jean-Michel Bouvier, le père de Cassandre, au bord des larmes. "Le doute doit profiter à l'accusé", a-t-il toujours pensé.

Gustavo Lasi, 27 ans, qui travaillait occasionnellement en tant que guide dans le parc de la Quebrada de San Lorenzo où les jeunes femmes ont été retrouvées mortes, a reconnu un seul des deux viols, en fin de procès, même si son empreinte ADN a été relevée sur les deux cadavres.

Il a catégoriquement nié les meurtres alors qu'il s'est rendu dans le parc en possession d'une des armes du crime, un fusil avec lequel il allait chasser des pigeons et met en cause les deux autres accusés.

L'après-midi du 15 juillet 2011, il dit avoir suivi Daniel Vilte et Santos Vera, deux travailleurs journaliers qu'il connait depuis l'enfance, qui se sont approchés des deux Françaises pour leur voler appareil photo et téléphone portable. Après avoir violé l'une d'elles, il a affirmé la semaine dernière avoir quitté le belvédère du parc, laissant Vilte et Vera avec les touristes encore en vie. Il n'a rien vu, rien entendu, rien su sur leur sort, selon un récit qui a insupporté les familles des victimes.

Vera comme Vilte ont répété lundi matin qu'ils étaient étrangers au crime et qu'ils se demandaient pourquoi ils étaient assis sur le banc des accusés.

Faute d'aveux des accusés, faute de témoin capable de fournir des éléments-clés, le procès n'a pas permis de faire toute la lumière sur les crimes.

Houria Moumni, 24 ans, et Cassandre Bouvier, 29 ans, ont été retrouvées mortes non loin d'un sentier de promenade de la Quebrada de San Lorenzo, le 29 juillet 2011, deux semaines après leur disparition. Elles ont été vues pour la dernière fois le 15 juillet en fin d'après-midi à l'entrée de la Quebrada, à l'heure où les promeneurs quittent habituellement le parc.

L'étude balistique suggère que Cassandre Bouvier a été abattue d'une balle dans la tête alors qu'elle était à genoux. Houria a été atteinte d'une balle dans le dos.

La plupart des parties civiles avaient demandé aux trois juges du tribunal de condamner les trois accusés à la perpétuité. En revanche, Jean-Michel Bouvier a demandé l'acquittement de Vera et de Vilte.

Les parents Moumni, la mère et la soeur de Cassandre ayant dû regagner Paris pour des raisons professionnelles, M. Bouvier était le seul parent des victimes présent à Salta pour le verdict. Il a laissé échapper quelques larmes quand Gustavo Lasi s'est adressé à lui avant les délibérations.

En regardant le sexagénaire, cheveux et barbe blanche, assis, il a pour la première fois exprimé des regrets. "Je veux m'adresser aux familles des filles. Je suis désolé de ce qui s'est passé. (M. Bouvier) se demande s'il y a d'autres personnes impliquées, ce n'est pas le cas. Il y a trois personnes dans cette histoire et les trois sont ici", a-t-il insisté.

Gustavo Lasi "est quelqu'un de froid, sans doute intelligent, calculateur, je pense comme les experts que c'est un psychopathe", a lâché Jean-Michel Bouvier, qui arbore sous sa veste un T-shirt avec la photo de Cassandre en médaillon au-dessus de l'inscription "Familles contre l'impunité", en solidarité avec un mouvement de Salta, excédé par les meurtres non élucidés, notamment de jeunes femmes.

L'avocat de Gustavo Lasi s'insurge du jugement. "Lasi a payé pour les autres. C'est incohérent de ne pas condamner les deux autres. Lasi n'a pas pu violer et tuer deux femmes à la fois. La justice n'a pas été rendue", dénonce-t-il.

ap/mf

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