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Le cimetière marin du Débarquement en quête de la protection de l'Unesco

Le cimetière marin du Débarquement en quête de la protection de l'Unesco

Des blocs de béton géants de la plage d'Arromanches aux centaines d'épaves de la Seconde guerre mondiale gisant pas très loin des côtes, la Normandie, dans le nord-ouest de la France, se bat pour un classement par l'Unesco du patrimoine du Débarquement, qui s'effrite au fil des ans.

Avec ses "caissons" de béton hauts comme des immeubles de six étages qui jalonnent l'horizon, "le port artificiel d'Arromanches-les-Bains est le seul vestige du Débarquement visible" lorsque l'on regarde la mer par où sont arrivés 130.000 hommes le 6 juin 1944, observe le maire de la commune, Patrick Jardin. "Il faut le préserver", martèle-t-il depuis deux décennies.

Presqu'en vain jusqu'à il y a quelques semaines. Car le Congrès américain a voté le 22 mai une résolution soutenant le classement par l'Unesco des plages du Débarquement, que le conseil régional appelle de ses voeux depuis 2006. La prise de position du Capitole fait suite à un vote similaire des députés français deux semaines plus tôt.

Les plages du Débarquement sont inscrites depuis le mois d'avril sur la liste indicative des monuments que la France peut présenter au comité du patrimoine mondial de l'Unesco, mais il faut encore que le gouvernement choisisse parmi cette liste de 37 sites lesquels présenter à l'organisme onusien.

"C'est bien parti, mais il reste un long chemin", résume M. Jardin.

En attendant, "chaque année on perd un caisson", rappelle Frédéric Sommier, directeur du Musée d'Arromanches. Il reste une vingtaine de ces morceaux de digue artificielle baptisés Phoenix sur les 115 d'origine. "Si on ne fait rien, dans 10 ans il n'y aura plus rien", ajoute M. Jardin, qui souligne qu'outre les financement (plusieurs dizaines de millions d'euros), les modalités techniques de confortement restent elles aussi à trouver.

Si, selon les historiens, le port artificiel d'Arromanches a joué un rôle moins important que prévu à l'été 1944, car beaucoup de matériel a finalement été débarqué directement sur les plages, il n'en demeure pas moins une performance technologique.

Environ 250 remorqueurs avaient été utilisés pour amener les caissons qui formaient une digue de 8 km, délimitant un port de 500 hectares, soit 1.000 terrains de football, selon le musée du Débarquement d'Arromanches. Sa fabrication a mobilisé 45.000 personnes en Angleterre.

Ces caissons rappellent en outre aujourd'hui à l'horizon les 5.000 bateaux, la plus grande armada de tous les temps, que les Allemands ont tardivement aperçue des côtes normandes le 6 juin 1944.

Le dossier de candidature à l'Unesco s'est affiné au fil des ans. Il inclut désormais les quelque 400 épaves de la guerre (bateaux, tanks, jeeps, morceaux de route flottante) qui gisent entre Ouistreham (Calvados) et Saint-Vaast-la-Hougue (Manche), selon un recensement effectué l'été dernier par une équipe de l'émission Thalassa en collaboration avec le Département des recherches archéologiques sous-marines (Drassm).

Selon le chasseur d'épaves Bertrand Sciboz, expert maritime qui a travaillé avec la marine américaine et dont les cartes d'épaves sont de longue date la référence absolue des pêcheurs normands, 200 environ d'entre elles datent du "Jour J".

Ces épaves, dont le Congrès fait mention dans sa résolution, demeurent chères aux anciens combattants et à leur famille. L'été dernier encore, un vétéran a plongé près du vestige de son embarcation dans un petit submersible piloté par un membre de l'équipe Thalassa.

En 2004, plusieurs cérémonies avaient été organisées en mer au dessus de ces vestiges. Certains survivants de l'époque, décédés depuis aux Etats-Unis, y ont même fait disperser leurs cendres, se souvient M. Sciboz.

Mais comme les Phoenix, les épaves se délitent au fil des ans, comme le constate la centaine de plongeurs bas-normands qui en sont passionnés.

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