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Fêter la fin du lycée en Bulgarie, un rituel extravagant

Fêter la fin du lycée en Bulgarie, un rituel extravagant

Des voitures de luxe défilent en klaxonnant, des jeunes filles en robes somptueuses vacillent sur leurs talons aiguille. C'est la fête de fin des années lycée, un rituel de plus en plus extravagant célébré par toute la Bulgarie.

Chaque année à la fin mai, la plupart des familles se plient à cette quasi obligation qui engloutit, dans le pays le plus pauvre de l'UE, l'équivalent de deux à trois mois de salaire moyen.

Au menu de cet événement préparé amoureusement pendant toute l'année de Terminale, un bal bien sûr, mais aussi une réception pour toute la famille au restaurant, et un dernier tour en discothèque pour les jeunes.

La tradition des bals, l'une des rares à avoir survécu à l'époque communiste, n'a cessé depuis de prendre de l'ampleur dans la société bulgare. "Cela devient de plus en plus exotique", constate Nikolay Ovtcharov. Cher aussi, même si ce père de famille préfère oublier combien il a dépensé, alors qu'il couve du regard sa fille en longue robe jaune, sur la place où les jeunes de tout Sofia se donnent rendez-vous en début de soirée.

"C'est terriblement exagéré, mais tout le monde le fait", résume Stefka Drenova, une adolescente en robe décolletée brillant de paillettes.

Hristina, robe violette cousue d'argent et garnie de pierres semi-précieuses, assure pour sa part qu'un simple T-shirt aurait pu lui convenir, "mais cela n'aurait de sens que si tout le monde le faisait".

Le restaurant est réservé dès octobre, et "le modèle de la robe occupe tous les esprits", témoigne Rossitsa Lozanova, enseignante en lettre: "A l'approche de la fête, les filles se font faire des coiffures et du maquillage d'essai pour éviter la moindre faille le jour J".

Les garçons sont plus faciles à habiller: "Un costume suffit et il leur servira après", résume Todor Todorov, soulagé aussi que son fils ait résisté à la tentation d'apparaître en voiture de luxe.

Ceux qui ont succombé tentent de rentabiliser l'investissement en faisant vrombir le moteur, en klaxonnant, en sortant par les vitres jusqu'à la taille et comptant à tue-tête jusqu'à 12: le nombre d'années passées à l'école qu'ils sont heureux de quitter.

Si la fête est incontournable, des initiatives apparaissent peu à peu dans ce pays rongé par la pauvreté pour réduire les dépenses, et verser les sommes économisées à des causes humanitaires ou à la recherche médicale.

Moins désintéressé : des bals ont servi cette année de propagande électorale en vue des élections européennes. A Sarnitsa (sud-ouest), la fête a ainsi été payée par un candidat du parti de la minorité turque MDL.

Les jeunes bulgares, eux, voient le bal comme une charnière entre leur vie insouciante d'adolescents et l'âge de la prise de responsabilités.

"Cette soirée est unique dans la vie", s'exclame Bogdana, sourire enfantin, sous les regards attendris de ses parents qui la verront bientôt partir étudier au Royaume Uni.

"Quoiqu'il coûte, mon bal le vaut bien. Désormais je gagnerai ma vie toute seule" renchérit Nikoleta Kirilova, qui a fait des études secondaires spécialisées en tourisme.

Habillée de dentelles noires, Maria Yanakieva fait ses adieux à son lycée d'élite avant, bientôt, de partir étudier en Allemagne. "Je ne sais pas si je retournerai vivre en Bulgarie", dit-elle.

vs/cs/mpd

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