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Après des mois de statu quo, la BCE devrait passer à l'action

Après des mois de statu quo, la BCE devrait passer à l'action

Face à une inflation basse, à un euro fort et à un crédit à la peine, la Banque centrale européenne (BCE) devrait mettre fin à des mois de statu quo et passer à l'offensive lors de sa réunion mensuelle jeudi.

L'institution monétaire de Francfort (ouest) a clairement signalé qu'elle était prête à agir. Début mai, son président Mario Draghi avait souligné qu'elle était "à l'aise" pour intervenir en juin. Depuis, plusieurs membres du directoire ont tenu des propos allant dans ce sens, suscitant une forte attente.

"Je serais très surpris si rien ne se passait", a déclaré à l'AFP Marco Valli, économiste d'UniCredit. "Ce serait un choc si la BCE n'agissait pas ce mois-ci", juge aussi sa consoeur de Capital Economics, Jennifer McKeown.

"La pression qui pèse sur la BCE pour qu'elle intervienne a été renforcée par la croissance décevante du Produit intérieur brut en zone euro au premier trimestre, de 0,2%, la persistance du recul des prêts aux entreprises en avril ainsi que le ralentissement de la progression de la masse monétaire", relève Howard Archer, analyste du cabinet IHS.

La région est confrontée à la faiblesse de l'octroi et de la demande de crédits, avec des disparités selon les pays, ce qui constitue un obstacle important à la reprise économique.

En outre, l'inflation se situe depuis des mois à un niveau très faible, faisant craindre à certains observateurs une entrée en déflation, c'est-à-dire un cercle vicieux de baisse généralisée des prix et des salaires.

Le mois dernier, la hausse des prix en zone euro a atteint 0,7% sur un an, bien loin de l'objectif de la BCE de la maintenir juste en-dessous de 2%. La première estimation pour le mois de mai sera dévoilée mardi.

Michael Schubert, de Commerzbank, s'attend à ce que la BCE "révise à la baisse ses prévisions d'inflation et de croissance pour 2014 et 2015". Jusqu'à présent, elle table sur une hausse des prix de 1% cette année, de 1,3% l'an prochain et de 1,5% en 2016, et sur une croissance de 1,2% en 2014, 1,5% en 2015 et 1,8% en 2016.

Pour intervenir, la BCE dispose de plusieurs cordes à son arc. Et les experts se montrent assez unanimes sur les flèches qu'elle pourrait décocher.

Ainsi, une baisse du principal taux directeur fait selon eux peu de doute. Ce baromètre du crédit en zone euro, à un plus bas historique depuis novembre, est actuellement à 0,25%.

Autre mesure très attendue, le passage en territoire négatif du taux de dépôt au jour le jour, ce qui constituerait une première pour une grande banque centrale. Ce taux auquel la BCE rémunère les liquidités placées par les banques auprès d'elle pour 24 heures stationne à 0% depuis juillet 2012. L'abaisser pourrait inciter les banques à prêter davantage.

Pour ces deux outils, les analystes évoquent une baisse entre 10 et 15 points de base, ce qui porterait le principal taux directeur à 0,15% ou 0,10% et le taux de dépôt marginal à -0,10% ou -0,15%.

L'annonce d'un nouveau crédit à long terme (LTRO) semble également faire consensus. D'après Mme McKeown, il pourrait avoir "une maturité d'un an ou plus, mais serait soumis cette fois à la condition que les banques prêtent de l'argent aux entreprises", contrairement à deux LTRO à trois ans lancés précédemment par la BCE.

Côté liquidités toujours, une prolongation d'un an, jusqu'à mi-2016, de plusieurs opérations de prêts illimités de court terme aux banques paraît possible.

"La BCE souhaite aussi faire renaître le marché des crédits adossés à des actifs (ABS) et pourrait annoncer des mesures dans ce domaine", estime M. Archer. Cette mesure semble toutefois moins probable qu'un LTRO ciblé.

Quant à un "+quantitative easing+ complet", il "va rester hors du radar de la banque centrale" jeudi, affirme Nikolaus Keis, économiste d'UniCredit, pour qui un achat massif d'actifs ne sera déclenché qu'en cas de "risque concret de déflation".

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