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Pakistan: arrestations dans l'affaire de la femme enceinte lapidée

Pakistan: arrestations dans l'affaire de la femme enceinte lapidée

La police pakistanaise a annoncé vendredi l'arrestation de quatre hommes pour le meurtre de la jeune femme enceinte battue à coups de briques par sa propre famille dans une grande ville du pays, une affaire qui suscite une vague d'indignation.

Farzana Parveen, 25 ans, avait été lapidée mardi matin devant un tribunal de Lahore, mégapole de dix millions d'habitants, par près d'une trentaine de membres de sa famille opposés à son mariage avec un agriculteur local.

Ce meurtre sordide a suscité une vague d'indignation et révélé l'horreur des crimes d'honneur et la fragilité du statut de la femme dans certains milieux au Pakistan, pays où les mariages sont le plus souvent arrangés par les familles.

La police avait arrêté mardi le père de Farzana en lien avec ce meurtre, mais le Premier ministre Nawaz Sharif a exhorté depuis les autorités du Penjab, province dont Lahore est la capitale, a des résultats urgents dans cette affaire.

"L'équipe spéciale d'enquête mise sur pied par la police... a arrêté quatre hommes de plus, un oncle et deux cousins de la femme assassiné, et un chauffeur", a déclaré vendredi à l'AFP un haut responsable de l'enquête, Zulfiqar Hameed.

Le ministre en chef du Penjab, Shahbaz Sharif, le frère de Nawaz Sharif, a annoncé des procédures accélérées dans cette affaire tombée sous la coupe de la loi antiterroriste.

Dans un rebondissement aussi inattendu que macabre, le veuf de la jeune femme, Mohammad Iqbal, un fermier de 45 ans, a avoué avoir tué sa première épouse.

"J'étais amoureux de Farzana. Et c'est à cause de cet amour que j'ai tué ma première femme... en l'étranglant", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Un jour je me rendais chez Farzana, mais ma femme m'a bloqué le passage d'une façon qui m'a rendu furieux. Je ne voulais pas la tuer, je regrette mon geste", a-t-il plaidé, lorsqu'il a été rencontré dans le hameau poussiéreux de "Chak 367", situé à une cinquantaine de kilomètres de Lahore.

Mais l'assassin avait été rapidement libéré après avoir payé la "diya", le "prix du sang", une disposition controversée de la loi pakistanaise qui permet à un meurtrier d'échapper à la justice en payant une compensation à la famille de sa victime.

Aujourd'hui du côté de la victime, l'homme ne veut toutefois pas pardonner la famille de Farzana dans l'espoir de toucher la "diya".

"Au contraire, ceux qui ont tué ma femme à coups de briques devraient eux aussi être tués à coups de briques et devant moi. S'ils meurent dans la souffrance, je serai heureux", s'emporte-t-il.

Ce père de cinq enfants issus de son premier mariage affirme avoir séduit Farzana et convaincu sa famille de bénir leur union.

Mais la famille de la jeune femme s'y est finalement opposée non pas en raison de son passé d'assassin, mais du montant de la dot, jugé insuffisant.

En dépit des pressions, le couple s'est marié en janvier dans la ville industrielle de Faisalabad, sorte de Manchester du Penjab, avec ses rangées interminables d'usines.

Mais la famille de Farzana a porté plainte contre son mari pour avoir kidnappé leur fille. Farzana a finalement été lapidée par les siens, devant des policiers impassibles, alors qu'elle se rendait au tribunal pour témoigner dans cette affaire.

Près de 1.000 femmes ou adolescentes ont été tuées l'an dernier pour avoir "déshonoré" leur famille, selon la Commission pakistanaise des droits de l'Homme qui dénonce "l'impunité" dont jouissent les auteurs de ces meurtres.

Au Pakistan, des lois en vigueur depuis le début des années 2000 interdisent les mariages forcés et pénalisent les crimes d'honneur, mais se heurtent souvent à des coutumes ancestrales, une interprétation rigoriste de l'islam ou l'indifférence de la police.

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