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Course aux alliances pour la présidentielle en Colombie

Course aux alliances pour la présidentielle en Colombie

Après le premier tour de la présidentielle en Colombie, la campagne électorale a pris l'allure d'une course aux alliances entre le chef de l'Etat Juan Manuel Santos et son rival Oscar Zuluaga, opposés sur le processus de paix en cours avec la guérilla des Farc.

En vue de leur duel du second tour, prévu le 15 juin, M. Santos, nettement devancé au premier tour (25,7% contre 29,3%), continue de miser sur la poursuite des négociations avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), qui comptent près de 8.000 combattants après un demi-siècle d'existence.

Pour ce dirigeant de centre droit de 62 ans, seul ce message peut lui permettre d'espérer recueillir les voix de la gauche, qui fustige son libéralisme dans un pays en forte croissance (plus de 4%) où la pauvreté touche encore le tiers de la population de 42 millions d'habitants.

Lors d'un discours, il a ainsi annoncé une accélération des pourparlers, délocalisés à Cuba depuis 18 mois, afin que "le processus de paix se termine le plus tôt possible pour mettre fin à la guerre". Un conflit qui a fait plus de 220.000 morts et 5 millions de déplacés.

Mission en partie accomplie pour M. Santos : l'un des deux partis ayant soutenu la candidate de la gauche Clara Lopez (15,3%) lui a apporté son soutien. Et pas n'importe lequel : l'Union patriotique (UP), ancienne vitrine des Farc, dont de nombreux élus ont été vassassinés dans les années 80.

"Nous allons soutenir la personne qui a ouvert la voie d'une solution politique au conflit que vit la Colombie", a expliqué à l'AFP Aida Avella, la chef de l'UP.

En revanche le parti même de Mme Lopez, le Pôle Démocratique Alternatif (PDA), a laissé le choix à ses électeurs, observant qu'il serait "opposé au programme de chacun" des finalistes.

Une consigne de liberté de vote donnée aussi par le candidat centriste Enrique Peñalosa, ancien maire de Bogota (8% au premier tour).

"S'il y a une partie de l'électorat qui se mobilise autour du thème de la paix, il y a d'autres secteurs qui ressentent une distance irréconciliable avec le gouvernement et son modèle de développement", explique à l'AFP la politologue Patricia Muñoz, professeur à l'Université Javeriana de Bogota.

Une source dans l'entourage du président confie à l'AFP que le soutien des sympathisants des Farc reste un "thème délicat" pour M. Santos, souvent taxé par M. Zuluaga de donner trop de poids à la guérilla.

Pour le candidat de l'opposition, les alliances apparaissaient à priori plus claires. Cet ancien ministre de l'Economie a recueilli le soutien de la candidate du parti conservateur Marta Lucia Ramirez.

Cette dernière, arrivée en troisième position (15,5%), a tenu un discours similaire à celui de M. Zuluaga : mettre les négociations avec les Farc sous conditions et bannir toute "impunité".

Soutenu par l'ex-président conservateur Alvaro Uribe, resté très populaire pour sa politique de fermeté à l'égard des Farc entre 2002 et 2010, M. Zuluaga exige de la guérilla qu'elle cesse toute attaque et que ses chefs acceptent le principe d'une peine de prison minimum de six ans.

Après avoir reçu le soutien personnel de Mme Ramirez, il a toutefois adouci son discours pour rallier des voix au delà de la droite radicale. Dans un communiqué conjoint, il est ainsi précisé que M. Zuluaga "continuera à dialoguer avec les Farc", mais "avec des conditions et des délais".

Une position que le président Santos s'est efforcée de démonter. "C'est une façon subtile de dire: +non, je ne suis pas un ennemi de la paix mais dans le fond je veux rompre le processus+", a-t-il assuré.

Autre bémol pour M. Zuluaga, le soutien la candidate conservatrice n'entraîne pas celui de l'ensemble de sa formation, autrefois membre de la coalition gouvernementale de M. Santos : 40 parlementaires du parti conservateur se sont ainsi ralliés au chef de l'Etat sortant.

Au-delà des alliances, un autre défi de taille attend les deux finalistes, au coude à coude dans les sondages, celui de convaincre une cohorte de 60% d'abstentionnistes qui pourraient faire basculer la balance.

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