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Mondial-2014: quand la politique s'invite en Coupe du monde

Mondial-2014: quand la politique s'invite en Coupe du monde

Dans sa longue histoire, la Coupe du monde de foot a plusieurs fois subi l'intrusion voire l'ingérence de la politique, l'anecdotique alternant avec le dramatique, comme lors du Mondial-1978 organisé dans une Argentine en pleine dictature.

Cette 11e édition fut la plus contestée, celle du dilemme pour les joueurs parmi lesquels la star néerlandaise Johann Cruyff qui n'y participa pas car il ne souhaitait pas cautionner la junte au pouvoir. Sous ce régime, entre 1976 et 1983, 30.000 personnes ont disparu, 15.000 ont été exécutées, 1,5 million furent contraintes à l'exil.

Le succès de l'Argentine était "indispensable" pour faire oublier les atrocités du quotidien. La victoire 6-0 contre le Pérou, alors que quatre buts d'écart suffisaient, qualifie l'Albiceleste en finale. En échange de ce petit arrangement entre amis, le général Videla "accueille" 13 opposants au régime péruvien.

Le Mondial comme outil de propagande avait déjà été testé par Benito Mussolini en 1934 et le triomphe à domicile de l'Italie est alors la vitrine du fascisme qu'il prône.

Car pour le Duce, il n'y a d'autre issue possible que le sacre des Azzurri: "Il faut gagner ou détruire l'adversaire". Alors, pour mettre tous les atouts de son côté, la Nazionale inclut plusieurs "Oriundi", des joueurs sud-américains de lointaine ascendance italienne.

En finale contre la Tchécoslovaquie (2-1 a.p.), l'un d'eux, Orsi, égalise, mais ne comprend pas que son coéquipier Monti le congratule en lui assénant des coups de pied. Ce dernier est juste fou de joie: "Tu nous a sauvé la vie".

Les joueurs zaïrois ont aussi connu pareille crainte de représailles au Mondial-1974. Après l'humiliation par la Yougoslavie (9-0), le président Mobutu conseille aux Léopards de ne pas rentrer au pays en cas de défaite par plus de trois buts d'écart face au... Brésil. Terrorisés, ils ne perdent finalement que 3-0.

L'intervention présidentielle est en revanche plus mesurée au Cameroun, en convainquant Roger Milla de sortir de sa retraite à 38 ans pour le Mondial-1990, en Italie, où il fait merveille, hissant son pays en quart de finale.

Une fois la politique s'aventure même sur la pelouse, lorsque le cheikh Fahid Al-Ahmad interrompt de façon surréaliste France-Koweït au Mondial-1982. Descendu des tribunes pour contester un but d'Alain Giresse, il ordonne à ses joueurs de quitter le terrain, avant que l'arbitre, dépassé, accepte d'annuler l'action.

Le Mondial a aussi eu le malheur de contribuer au conflit. En 1969, les matchs qualificatifs pour l'édition 1970 entre le Honduras et le Salvador sont suivis d'actes de violences tels qu'il n'en faut pas plus pour déclencher une guerre "de cent heures" entre les deux pays.

Le spectre de la Seconde guerre mondiale influa lui sur l'édition de 1938 en France: l'Autriche, pourtant qualifiée mais annexée par l'Allemagne la même année, ne peut disputer le tournoi et sept joueurs de sa Wunderteam intègrent la Mannschaft.

Pour beaucoup, des stigmates de l'Anschluss rejaillissent au Mondial-1982, lors du "match de la honte", durant lequel l'Autriche laisse l'Allemagne la battre 1-0, ce résultat qualifiant les deux équipes au détriment de l'Algérie.

Voir deux nations s'entendre aussi bien fut somme toute rare. Voir deux nations ne pas vouloir s'affronter fut en revanche bien plus fréquent.

"Guerre froide" oblige, plusieurs pays soviétiques boycottèrent la compétition. Le Mondial-1950 au Brésil se joue ainsi sans l'URSS, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Tchécoslovaquie.

La Corée du Nord, elle, dispute bien le Mondial en 1966. Mais sa présence embarrasse l'Angleterre, pays hôte qui ne reconnaissait pas sa légitimité et refuse de faire flotter son drapeau, avant de finalement se rétracter.

Lors du tout premier Mondial en 1930, il y a le cas propre à la Yougoslavie, qui n'évolue qu'avec des Serbes, les Croates boycottant l'équipe nationale.

Déchirée en deux dès 1945, l'Allemagne connaît a contrario un épisode émouvant en 1974, avec le match RFA-RDA à Hambourg. La RDA s'impose (1-0), mais c'est la RFA qui est sacrée chez elle.

Le match entre l'Iran et les Etats-Unis (2-1) au Mondial-1998, susceptible d'attiser les tensions diplomatiques, est au contraire la démonstration en mondovision d'un effort de fraternisation entre acteurs et supporteurs des deux camps.

Des vertus qui évoquent la mémoire de Socrates, footballeur génial et très engagé politiquement. Capitaine du Brésil au Mondial-1986, il portait un bandeau avec ces inscriptions: "Le peuple a besoin de justice", "Non à la violence".

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