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Paris et Londres veulent que l'Europe change pour briser la vague europhobe

Paris et Londres veulent que l'Europe change pour briser la vague europhobe

La France et le Royaume-Uni, deux pays touchés de plein fouet par la montée des extrêmes aux européennes, ont demandé mardi que l'Europe change pour endiguer cette vague europhobe.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE étaient réunis mardi soir pour répondre à l'inquiétude, voire au rejet exprimés dimanche dans les urnes, et lancer le processus de désignation des dirigeants des institutions européennes.

"Je veux que l'Europe change. Elle doit entendre ce qui s'est passé en France", a lancé le président français François Hollande. "Un électeur sur quatre a voté pour l'extrême droite" en France.

"Oui, il y a un problème, mais pas seulement pour la France", a-t-il affirmé. "C'est aussi un problème pour l'Europe. Si dans quelques années l'Europe n'a pas répondu aux attentes, aux peurs, il y aura d'autres votes qui s'exprimeront en France et ailleurs contre l'Europe", a-t-il averti.

Le Premier ministre britannique, David Cameron, a lui aussi réclamé une réforme de l'UE. "Elle est devenue trop grosse, trop autoritaire, trop intrusive", a-t-il tonné. Mis en difficulté par la victoire du parti europhobe Ukip, qui réclame la sortie du Royaume-Uni de l'UE, M. Cameron exige une limitation des interventions de l'Europe "là où elles sont nécessaires".

"Le moment est venu de changer les politiques européennes", affirme également le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi. Fort de son succès aux Européennes --il a fait triompher le centre-gauche et refluer le populiste Beppe Grillo--, il demande une réponse européenne rapide.

Pour lui, il faut régler rapidement la désignation des nouveaux dirigeants des institutions de l'UE et fixer un agenda d'actions européennes, pour la relance, l'emploi et la gestion des flux migratoires.

La chancelière allemande Angela Merkel, dont le rôle est plus que jamais central, n'est pas tout à fait sur la même longueur d'onde. Pour "reconquérir les électeurs" qui se sont portés sur les extrêmes, a-t-elle expliqué lundi, il faut une "politique de compétitivité, de croissance et d'emplois", a-t-elle affirmé.

L'objectif de ce sommet est de confier un mandat au président du Conseil, Herman Van Rompuy. Il devra travailler sur une série de "cinq priorités très politiques" pour le prochain président de la Commission européenne, a confié à l'AFP une source proche des discussions.

Tout le monde est d'accord sur le principe, mais les problèmes vont surgir avec la définition de ces priorités, a souligné cette source. Elles doivent conditionner le travail de la Commission européenne pour les cinq prochaines années, mais aussi influencer sa composition, notamment la répartition des compétences entre les commissaires.

M. Van Rompuy devra aussi explorer la question du nom du successeur de José Manuel Barroso à la tête de la Commission, dont la personnalité sera déterminante.

Les candidats désignés par les principales familles politiques européennes connaissent la machine institutionnelle, a souligné ce responsable.

Fort de la position de premier parti du nouveau Parlement, avec 213 sièges sur 751, le candidat du Parti populaire européen (PPE, centre-droit), Jean-Claude Juncker, revendique le poste. Mais il lui faut former une majorité, et la seule possibilité pour atteindre cette majorité absolue de 376 voix est une grande coalition avec les socialistes (191 sièges), avec l'apport probable des libéraux (64).

Les chefs des groupes politiques du Parlement ont demandé mardi aux dirigeants de l'UE de laisser M. Juncker tenter de trouver cette majorité.

Mardi, la chancelière allemande Angela Merkel lui a confirmé son soutien. "Jean-Claude Juncker est notre candidat, mais nous savons qu'aucun parti n'a la majorité. Cela signifie qu'il va falloir trouver de larges majorités", a-t-elle souligné.

M. Juncker "pourra obtenir le soutien" des socialistes, "à la condition qu'il présente un programme dont les priorités seront la création d'emplois et des investissements pour la croissance, une politique européenne d'immigration globale et une lutte efficace contre l'évasion fiscale", a déclaré le président du groupe, Hannes Swoboda.

Mais plusieurs dirigeants de droite refusent de le soutenir: le conservateur Britannique David Cameron, ainsi que des chefs de gouvernement PPE comme le Hongrois Viktor Orban et le Suédois Fredrik Reinfeldt, selon une source européenne.

Ces dirigeants "veulent l'affrontement institutionnel" avec le Parlement, ce que veulent précisement éviter les autres dirigeants européens.

"La discussion entre les dirigeants européens ne doit pas être un débat sur des noms, mais sur ce que nous voulons faire", a insisté Matteo Renzi. "Notre volonté, c'est que ce ne soit pas seulement une question de personne, mais une question de programme", a-t-on indiqué également dans l'entourage de M. Hollande.

"Il n'est pas exclu que Juncker ne soit pas celui qui soit désigné", a-t-on ajouté.

csg/jlb/rhl

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