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UE : dans les pays de la crise, une même lassitude, exprimée différemment

UE : dans les pays de la crise, une même lassitude, exprimée différemment

Les pays du Sud de l'Europe, les plus touchés par la crise, ont exprimé différemment leur lassitude dimanche, certains comme l'Espagne ou le Portugal maintenant globalement leur vote, sinon leur confiance, aux partis traditionnels, les autres, comme la Grèce ou l'Italie, privilégiant gauche radicale ou populisme.

A Athènes, Lisbonne, Madrid ou Rome, ces électeurs se sentent victimes depuis trois ou quatre ans des choix économiques qui ont poussé leurs pays à s'endetter déraisonnablement, et des mesures d'austérité inouïes (le chômage touche un actif sur quatre en Espagne et en Grèce) prises pour y remédier.

"A 52 ans, j'ai dû me résoudre à retourner chez ma mère âgée de 91 ans. On vit tous les deux de sa retraite, à peine à 631 euros mensuels", témoigne Antonio Gomes, entrepreneur portugais au chômage.

Les Européennes ont servi à faire passer un message aux dirigeants. A Pontaviesse, en Italie, Marco Trapassi estime que "l'Europe a besoin d'être gouvernée", car "les crises sont nombreuses, pas seulement économiques ou sociales, mais aussi politiques..."

"Il faut que les politiques de rigueur en Europe s'arrêtent", lance Evangelos Ioannou, un retraité d'Athènes. A Madrid, Angelines Tores, 60 ans, observe "qu'on n'y connaît pas grand-chose en politique européenne, mais que tous les Espagnols sont contre (la chancelière allemande Angela) Merkel, car nous pensons qu'elle est à l'origine" de l'austérité.

Malgré ce message identique, ces électeurs se sont comportés différemment vis-à-vis de leur classe politique nationale.

Dans la péninsule ibérique, les sondages donnaient les grands partis traditionnels en tête.

"Le système politique et les partis portugais vont résister aux élections", avait justement prédit le politologue portugais Viriato Soromenho Marques, contrairement à la Grèce, ou à l'Italie, "où les politiques d'austérité ont (...) fait surgir de nouveaux protagonistes".

En Espagne, où les résultats n'étaient pas connus à 20h00 GMT, le Parti populaire (PP) du premier ministre conservateur Mariano Rajoy devait finir en tête, quoique talonné par le Parti socialiste (PSOE) et malgré le grignotage des petits partis. PP et PSOE emporteraient environ 70% des 54 sièges en jeu.

Au Portugal, comme prévu, la coalition de centre droit au pouvoir, Parti social-démocrate (PSD) du Premier ministre Pedro Passos Coelho et CDS, a été devancée largement par l'opposition socialiste, une manière claire de rejeter la politique d'austérité, même si le gouvernement est parvenu à annoncer le 17 mai une sortie sans filet des programmes d'aide de la troïka (UE, BCE, FMI).

Les sondages sortie des urnes créditaient le PS de 30 à 36% des voix contre 25 à 29% à la coalition. Mais à eux deux, les deux adversaires obtenaient une quinzaine des 21 sièges en jeu.

Les partis traditionnels étaient mis à mal en revanche chez les voisins italien et grec. Sans parler de la France, à un moindre degré touchée par la crise, avec la victoire de Marine Le Pen.

En Grèce (21 sièges), le parti Syriza (gauche radicale) d'Alexis Tsipras, candidat de la gauche européenne à la présidence de la Commission européenne, a devancé d'environ 4 points Nouvelle Démocratie (ND, droite) du Premier ministre Antonis Samaras. L'inquiétant parti néonazi Aube dorée a pris la troisième place, avec quelque 9%. Le Pasok (socialiste) rebaptisé pour l'occasion Elia, a réussi à obtenir 8% à 9% des voix, sauvant les meubles, mais loin des 36,64% de 2009.

En Italie (73 sièges) enfin, le Parti démocrate du premier ministre Matteo Renzi était talonné dans les sondages par le Mouvement Cinq étoiles de l'ex-comique Beppe Grillo, qui s'est félicité cette semaine d'avoir "canalisé la colère" des Italiens, évitant, selon lui, au pays le retour du fascisme.

Pour le politologue allemand Claus Leggewie, "les pauvres ont dû subir la crise alors que les riches étaient épargnés, mais se retourner contre Bruxelles", transformer l'Europe en "bouc émissaire", c'est "choisir la mauvaise cible".

Autre forme de protestation, l'abstention est restée forte, d'autant qu'en Grèce et au Portugal notamment, elle est gonflée par la non-mise à jour des listes électorales.

"Les gens sont mécontents, mais ils ne viennent pas voter", alors que "toutes les grandes décisions sont prises au niveau européen", regrettait Maria Gloria Pereira, secrétaire portugaise au chômage.

bur-od/mr

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