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Présidentielle en Colombie : le processus de paix en ligne de mire

Présidentielle en Colombie : le processus de paix en ligne de mire

Les Colombiens votaient dimanche au premier tour de la présidentielle, un scrutin présenté par le chef de l'Etat, Juan Manuel Santos, comme un référendum en faveur de la paix avec la guérilla marxiste des Farc.

Plus de 32 millions d'électeurs doivent décider s'ils reconduisent ou non le président sortant, artisan de pourparlers historiques avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), qui se déroulent sans cessez-le-feu depuis 18 mois à Cuba.

"L'appel lancé aux Colombiens est qu'ils aillent voter. Cela renforce notre démocratie, nos institutions et nous pourrons continuer, quel que soit le vainqueur, sur la bonne voie et trouver cette paix tant désirée", a déclaré M. Santos, allé voter très tôt avec son épouse et ses enfants dans le centre de Bogota.

Face à lui, son rival numéro un, l'ancien ministre de l'Economie, Oscar Zuluaga, 55 ans, chef de file des opposants au dialogue avec la principale rébellion colombienne, veut la suspension des négociations, tant qu'elle n'a pas rendu les armes.

"Ce qui est en jeu, c'est le type de pays que nous voulons", a clamé M. Zuluaga, qui a également voté en famille, dans le nord de la capitale.

Sauf surprise, les deux hommes, autrefois alliés, devraient se retrouver pour un duel au second tour, le 15 juin prochain, faute d'obtenir la majorité absolue au premier.

Les bureaux de vote sont ouverts de 8h00 à 16h00 (13h00 à 21h00 GMT) et les résultats quasi-définitifs portant sur 90% des bulletins devraient être connus quatre heures après la fin de l'élection.

Issue d'une insurrection paysanne il y a un demi-siècle, la guérilla, qui compte près de 8.000 combattants, s'est engagée à observer une trêve unilatérale pendant le scrutin, placé sous la surveillance de 246.000 militaires.

Au pouvoir depuis 2010, M. Santos, un dirigeant de centre droit de 62 ans, affirme, sous le slogan "la guerre ou la paix", que sa réélection est la meilleure option pour régler le plus vieux conflit d'Amérique latine, qui a fait plus de 220.000 morts et provoqué le déplacement de plus de cinq millions de personnes.

Selon les sondages, le président, donné grand favori il y a quelques mois, a perdu du terrain au profit de M. Zuluaga, n'affichant plus que 38% de popularité, devant la montée d'un certain scepticisme et d'un mécontentement social.

"Le principal sujet opposant les deux candidats est le processus de paix. Santos veut terminer ce qu'il a commencé, tandis qu'avec Zulugaga il reste une inconnue. On se sait pas s'il terminera les négociations ou s'il les poursuivra sur de nouvelles bases", explique à l'AFP le politologue Yann Basset, professeur à l'Université du Rosario.

"Je vote car c'est la seule façon à ma connaissance d'aider le pays. Nous sommes dans une crise permanente et participer est une façon de dire +assez+", a dit à l'AFP Joana Elles, administratrice de 25 ans, à la périphérie de Bogota.

Devancés dans les sondages, les trois autres prétendants, l'ex-maire centriste de Bogota Enrique Peñalosa, la candidate conservatrice Marta Lucia Ramirez et celle de la gauche, Clara Lopez, ont tenté en vain d'orienter les débats sur les questions sociales.

Les thèmes de la santé, de l'éducation ou de la pauvreté qui touche un tiers des 47 millions d'habitants malgré une forte croissance économique (plus de 4%), ont été éclipsés pendant la campagne, marquée par des scandales et des polémiques sur le processus de paix.

M. Santos a insisté sur les acquis des négociations, avec des accords préalables sur la nécessité d'une réforme rurale, ainsi que sur la participation des ex-rebelles à la vie politique et sur la lutte contre le trafic de drogue. En revanche, M. Zuluaga fustige des pourparlers synonymes, selon lui, d'"impunité".

Sa candidature bénéficie du soutien de l'ancien président Alvaro Uribe (2002-2010), ex-mentor de M. Santos qui fut son ministre de la Défense à l'époque de la guerre sans merci contre les Farc.

Toujours très populaire, M. Uribe n'a cessé d'accuser son prédécesseur d'avoir "trahi sa patrie". "Je vote pour Zuluaga afin que la Colombie retrouve la voie de la sécurité abandonnée par l'actuel gouvernement", a-t-il lancé de son bureau de vote.

pz/bds

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