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L'Ukraine vote entre espoir et crainte

L'Ukraine vote entre espoir et crainte
AFP

Les Ukrainiens sont appelés aux urnes ce dimanche pour une élection présidentielle dont les autorités provisoires à Kiev espèrent qu'elle permettra de doter le pays d'un pouvoir à la légitimité incontestable face aux séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine.

Les bureaux de vote ont ouvert à 8 h (1 HE) et fermeront 12 heures plus tard. Des sondages réalisés à la sortie des urnes donneront immédiatement une première tendance. Le résultat officiel devrait être annoncé avant que les observateurs de l'OSCE n'émettent un jugement sur le déroulement du scrutin, lundi après-midi.

Les États-Unis et les pays de l'Union européenne (UE) considèrent eux aussi ce scrutin comme une étape essentielle vers la stabilisation de l'Ukraine après six mois de crise.

La Russie, qui durant cette période a annexé la Crimée, émet en revanche des doutes sur la valeur d'une élection organisée alors que l'est de l'Ukraine est plongé, selon elle, dans une « guerre civile ».

Sur 36 millions d'électeurs, environ cinq millions pourraient ainsi avoir des difficultés à voter dans l'Est en raison des violences persistantes.

Vladimir Poutine a cependant adopté un ton conciliant samedi. Le président russe s'est engagé à « respecter » le choix des Ukrainiens et à collaborer avec leur futur président.

Les Ukrainiens devraient pourtant voter en faveur de candidats guère favorables à Moscou. Le grand favori est Petro Porochenko, milliardaire ayant fait fortune dans la confiserie.

Pour beaucoup, la principale inconnue est de savoir si Petro Porochenko recueillera une majorité absolue de suffrages lui permettant d'être élu dès le premier tour, alors que les instituts de sondage prédisent une forte participation, d'autant que la journée devrait être chaude et ensoleillée.

Âgé de 48 ans, cet homme d'affaires et ancien ministre a soutenu avec ferveur les manifestations qui ont abouti le 22 février à la destitution de Viktor Ianoukovitch. L'ancien président était contesté dans la rue en raison de son refus de signer un accord d'association avec l'UE au profit d'un rapprochement avec la Russie.

Petro Porochenko a mis en garde contre les risques de nouvelles violences si un deuxième tour devait être organisé trois semaines plus tard.

Timochenko, lointaine rivale

Sa principale quoique lointaine rivale est Ioulia Timochenko. À 53 ans, l'ancienne première ministre demeure toutefois associée dans l'esprit de nombre d'Ukrainiens aux échecs économiques et aux soupçons de corruption qui pèsent sur l'histoire récente de leur pays.

Les séparatistes des régions de Donetsk et de Louhansk, où des combats avec les forces progouvernementales ont encore eu lieu ces derniers jours, rejettent cette élection présidentielle. Ils affirment que les habitants de ces régions ont massivement décidé, lors de référendums organisés le 11 mai, de s'affranchir du pouvoir à Kiev.

Ce dernier accuse pour sa part la Russie d'organiser en sous-main cette agitation séparatiste dans le but de s'emparer de ces régions sur le modèle du scénario qui a abouti en mars à l'annexion de la Crimée. Moscou dément.

Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) se sont en grande partie retirés de la région de Donetsk pour des raisons de sécurité. Ils accusent les séparatistes prorusses de mener une campagne de « terreur » contre le personnel électoral ukrainien.

Par crainte de violences, de nombreux bureaux de vote devraient rester fermés dans les régions russophones de l'est de l'Ukraine et les autorités ne tenteront de distribuer les bulletins que dimanche matin dans les zones où un vote paraît tout de même possible.

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