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Européennes/France: séisme politique en France après le triomphe du Front national

Européennes/France: séisme politique en France après le triomphe du Front national

Le Front national (extrême droite) a provoqué dimanche un séisme politique en France en arrivant en tête du scrutin européen, avec un score historique de près de 25% selon les estimations, largement devant l'opposition de droite UMP, alors que les socialistes au pouvoir subissent une nouvelle déroute.

Le Front national quadruple son score de 2009, distançant nettement l'UMP (20 à 21%), selon les estimations concordantes de cinq instituts de sondages. Bon troisième, le PS n'obtiendrait que 14 à 15% des voix.

La présidente du FN, Marine Le Pen, a aussitôt appelé le président socialiste François Hollande à "des nouvelles élections" nationales.

"Que peut-il faire à part en revenir précisément au peuple, mettre en place la proportionnelle pour que chaque Français soit représenté" à l'Assemblée nationale "et organiser des nouvelles élections ?", a-t-elle demandé. Le FN n'a aujourd'hui que deux députés à l'Assemblée.

Le Premier ministre Manuel Valls a reconnu que les élections européennes avaient provoqué en France "un choc, un séisme".

Ex-candidate à la présidentielle de 2007 et ancienne compagne de François Hollande, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a qualifié le résultat du FN de "choc à l'échelle du monde".

Le FN a bénéficié de l'impopularité record du pouvoir socialiste mais aussi de la division et du discrédit de l'opposition de droite, dans un type de scrutin qualifié d'"élection-défouloir" par les politologues.

Le résultat traduit aussi la montée de l'euroscepticisme chez les Français, de plus en plus méfiants à l'égard de l'Europe, neuf ans après avoir dit "non" au traité constitutionnel européen.

En 2009, alors que le conservateur Nicolas Sarkozy était président, son parti UMP était arrivé très largement en tête du scrutin européen avec 27,8%, loin devant le parti socialiste (16,48%) et les écologistes qui avaient fait une poussée remarquée (16,28%). Le FN n'avait obtenu que 6,3% des voix.

Près de 46 millions d'électeurs étaient appelés dimanche à désigner les 74 députés français au Parlement européen, qui compte au total 751 membres, mais le scrutin, après une campagne fantomatique, a été marqué par une forte abstention, plus de 58% selon les estimations.

Avec ce succès inédit, Marine Le Pen prend date pour la présidentielle de 2017, d'autant plus que l'opposition de droite UMP est en proie à d'importantes difficultés, avec un scandale de conventions fictives, facturées à prix d'or: une réunion de son bureau politique mardi matin pourrait voir la chute de son patron Jean-François Copé.

Celui-ci a jugé dimanche soir que l'arrivée du FN en tête était "l'expression d'une gigantesque colère (...) contre la politique conduite dans notre pays par le président Hollande", tout en reconnaissant une grande déception" pour sa famille politique.

Mais l'un de ses rivaux dans le parti, l'ancien ministre Laurent Wauquiez, a jugé qu'après le scrutin de dimanche, qu'il a qualifié "d'électrochoc", "l'UMP va avoir besoin d'une profonde reconstruction".

Sur le plan européen, Marine Le Pen souhaite former une coalition populiste avec les Autrichiens du FPÖ, les Belges du Vlaams Belang et les Néerlandais du parti de Geert Wilders.

Le FN obtiendrait de 22 à 25 sièges au Parlement européen, soit un tiers des députés français, l'UMP de 18 à 21 et le PS de 13 à 15, selon les estimations des instituts Ipsos/Steria et Ifop/Fiducial.

La conquête de onze mairies lors d'élections municipales en mars avait déjà marqué un succès dans la stratégie de dédiabolisation du parti d'extrême droite, alors que la France subit toujours d'importantes difficultés économiques, se traduisant notamment par un chiffre record du chômage (plus de 3,3 millions de personnes).

A gauche, la nouvelle déroute des socialistes, après celle aux municipales, complique la tâche du président Hollande, toujours aussi impopulaire - 82% de Français se disent mécontents de son action.

Elle pourrait aussi attiser les dissensions au sein du PS, dont l'aile gauche conteste de plus en plus ouvertement la ligne sociale-démocrate assumée par M. Hollande.

"C'est plus qu'un avertissement, c'est un séisme", a reconnu le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, numéro deux du gouvernement.

Les écologistes, qui ont quitté le gouvernement, récoltent moins de 10% des voix, bien loin de leur score de 2009 (16,28%), au coude à coude avec les centristes.

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