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Européennes: l'Europe centrale et orientale, championne de l'absentéisme

Européennes: l'Europe centrale et orientale, championne de l'absentéisme

Les pays de l'Europe centrale et orientale, largement enthousiastes de l'UE, boudent toutefois massivement les élections au Parlement européen, qu'ils considèrent comme un scrutin de second ordre, sans grande importance pour leur vie au quotidien.

"Si la participation dépasse 20%, ce ne sera pas un drame", a déclaré dimanche le Premier ministre polonais Donald Tusk, visiblement peu optimiste. "Il serait mauvais que la Pologne soit la lanterne rouge", a-t-il dit après avoir voté à Sopot (nord). Lors des européennes il y a cinq ans, l'abstention dans ce pays avait atteint 75%.

Dans l'ensemble de la région, l'absentéisme en 2009 avait été de 67%, contre 48% pour l'Europe occidentale, et pourrait être similaire cette fois-ci selon les sondages, avec la Slovaquie battant encore une fois le record absolu.

Selon les estimations non officielles publiées dimanche par le quotidien SME, entre 13% et 15% des Slovaques se sont rendus aux urnes samedi, contre 19,64% en 2009 et 16,97% en 2004.

"Je ne pouvais pas choisir mon candidat, ils sont trop nombreux. Je vote toujours dans les autres élections, mais je ne vois pas de sens de voter aux européennes", a déclaré à l'AFP Marcela Kundrathova, habitante de Bratislava, bien représentative dans sa réflexion pour les électeurs de cette partie d'Europe.

"Le faible taux de participation est dû au fait que l'UE n'est pas une question qui polarise la société", estime Martin Slosiarik, analyste de l'institut des sondages Focus de Bratislava.

"La majorité de la population pense que la Slovaquie a bénéficié de l'adhésion à l'UE il y dix ans, avec la liberté de circulation et la monnaie commune, et qu'il n'est pas nécessaire de confirmer ces avantages en votant", ajoute-t-il.

Même son de cloche dans les dix autres pays de l'Europe centrale et orientale, membres de l'Union européenne depuis 2004 et 2007, qui choisissent ensemble 199 des 751 eurodéputés.

En Lettonie, l'absentéisme a été de près de 70% samedi, selon la commission électorale nationale. En Roumanie, les sondages prédisaient une participation dimanche d'environ 30%, contre 27% en 2009.

Malgré des bénéfices que tirent ces pays de leur appartenance à l'UE, dont d'énormes fonds structurels, Bruxelles reste aux yeux de leurs électeurs quelque chose de lointain et sans véritable influence sur leur vie de tous les jours.

"Les Tchèques considèrent les élections au Parlement européen comme un scrutin de second ordre. La politique européenne leur semble beaucoup plus éloignée par rapport à celle au niveau national", explique Tomas Lebeda, politologue de Prague.

Selon un sondage effectué par la société sociologique Focus, 49% des Tchèques estiment que l'adhésion de leur pays à l'UE en 2004 ne s'est pas du tout reflétée dans leur vie.

En Pologne, le plus grand pays de la région avec 38 millions d'habitants et 51 eurodéputés, "les gens ne saisissent pas l'impact sur leur vie de ce qui se passe au Parlement européen. La connaissance des institutions européennes est très faible", explique Stanislaw Mocek, analyste politique de l'Académie polonaise des Sciences.

"Je n'ai rien à reprocher à l'Union européenne, au Parlement européen, mais je ne fais pas confiance aux candidats qui devraient représenter ma région", a déclaré à l'AFP Szymon Kornacki, un informaticien de 28 ans.

La "mauvaise qualité" des candidats est un point important, aux yeux des électeurs.

"Je n'ai personne pour qui voter. Les candidats ne pensent qu'à leur propre carrière et ne s'intéressent pas véritablement à la Pologne", explique Katarzyna Krolak, 31 ans qui a pourtant participé au scrutin en 2009.

Pour Wojciech Tabaka, 23 ans, vendeur dans un magasin à Varsovie, les élections "ne servent qu'à remplir les poches" aux eurodéputés. "De toute façon, nous ne décidons de rien", affirme-t-il.

En République tchèque voisine, l'intérêt pour les élections "diminue car les candidats choisis sont généralement des politiciens de second ordre", estime la sociologue Jirina Siklova. "Quand un parti a besoin de se débarrasser de quelqu'un, il l'envoie à Bruxelles", dit-t-elle.

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