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Egypte: l'ex-chef de l'armée Sissi donné vainqueur à la veille de la présidentielle

Egypte: l'ex-chef de l'armée Sissi donné vainqueur à la veille de la présidentielle

Les Egyptiens voteront lundi et mardi pour une élection présidentielle dont l'issue semble jouée d'avance, Abdel Fattah al-Sissi, ex-chef de l'armée qui a destitué l'islamiste Mohamed Morsi il y a 11 mois, étant assuré de l'emporter haut la main.

Alors que le maréchal à la retraite incarne pour une majorité d'Egyptiens l'homme à poigne qui ramènera la stabilité après les trois années de "chaos" et de crise économique qui ont suivi la révolte de 2011, le groupe jihadiste Ansar Beït al-Maqdess, le mouvement extrémiste le plus actif du pays, a démenti dimanche la mort d'un de ses chefs, dont des responsables militaires avaient annoncé le décès deux jours plus tôt.

Ansar Beït al-Maqdess, qui a revendiqué les attentats les plus spectaculaires et les plus meurtriers depuis l'éviction de M. Morsi en juillet, a publié un démenti illustré par une photo montrant Shadi el-Menei lisant un article de presse relatant sa mort.

Il est impossible à ce stade de savoir si cette image est authentique, mais ce texte du groupe déclaré "organisation terroriste" par l'Egypte et les Etats-Unis est une nouvelle provocation à l'encontre des autorités dirigées de facto par M. Sissi, qui a fait de la "guerre contre le terrorisme" son principal cheval de bataille.

Depuis que M. Morsi a été destitué et arrêté le 3 juillet, policiers et soldats ont tué plus de 1.400 personnes --en majorité des manifestants pro-Morsi-- et arrêté quelque 15.000 autres, une campagne implacable qui trouve un écho plus que favorable dans l'opinion publique chauffée à blanc par des médias unanimes qui dénoncent inlassablement les islamistes.

La sécurité et la stabilité du plus peuplé des pays arabes, déserté par les touristes, à court de devises et dont l'inflation et le chômage grimpent, est d'ailleurs le principal souci des électeurs, qui, selon les experts, voteront massivement pour le candidat de l'armée plutôt que pour son rival, Hamdeen Sabbahi, vieille figure de la gauche égyptienne réticent à miser sur le tout-sécuritaire.

Au dernier jour de la campagne électorale, M. Sissi a appelé ses compatriotes à voter massivement dans une interview à plusieurs chaînes de télévision.

"Vous êtes descendus (dans la rue) le 30 juin car l'Egypte était en danger", a-t-il dit, en allusion aux millions de personnes qui avaient manifesté pour réclamer le départ de M. Morsi accusé d'accaparer le pouvoir au profit de sa seule confrérie des Frères musulmans. "Vous devez descendre maintenant plus qu'aucune autre fois dans l'histoire du pays" pour voter, a ajouté l'archi-favori du scrutin.

L'influent prédicateur Youssef al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, a appelé les Egyptiens à "rester à la maison" les jours du scrutin. "Ne participez pas à l'élection d'un homme souillé de la tête aux pieds par le sang d'innocents", a lancé le dignitaire qatari d'origine égyptienne.

Cette présidentielle, qui sera suivie par des élections législatives censées clore la "transition démocratique" annoncée par M. Sissi le 3 juillet, se tiendra sur fond de violences quasi quotidiennes.

D'une part, les forces de sécurité répriment dans le sang la contestation des islamistes pro-Morsi --et étouffent désormais aussi l'opposition progressistes des mouvements de la jeunesse-- d'autre part, des combattants radicaux attaquent chaque jour policiers et soldats. Des attentats qui ont fait, selon le gouvernement, quelque 500 morts.

Plusieurs figures de la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak au pouvoir depuis 30 ans, des jeunes militants laïques, ont été emprisonnées ou sont actuellement jugées, tandis que des centaines d'islamistes présumés ont été condamnés à mort ou à de lourdes peines dans des procès expéditifs qui ont déclenché un tollé international.

Plusieurs associations de défense des droits de l'Homme ont affirmé que les libertés pourraient être menacées alors que durant sa campagne, M. Sissi a lui-même déclaré que "parler des libertés" ne devait pas primer sur la "sécurité nationale" et estimé que l'Egypte ne serait pas prête pour la "vraie démocratie avant 20 à 25 ans".

bur-sbh/faa

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