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Dans la France rétive aux OGM, un unique laboratoire de recherche subsiste

Dans la France rétive aux OGM, un unique laboratoire de recherche subsiste

Pour entrer il faut blouse et sur-chaussures. Un sas sépare ensuite le bâtiment des serres rendues totalement hermétiques. En Auvergne, au coeur d'une France rétive aux OGM, un unique laboratoire de recherche subsiste, prenant toutes les précautions pour éviter une dissémination dans la nature.

La coopérative Limagrain est le 4e semencier du monde avec sa branche Vilmorin, derrière les américains Monsanto, Dupont Pioneer et le suisse Syngenta.

Le groupe français ne cache pas que les OGM sont une de ses "valeurs". Et brandit l'argument classique des pro-OGM: la production agricole doit progresser de 70% pour nourrir 9 milliards d'habitants d'ici à 2050.

Et il lui en a fallu de la "persévérance" pour continuer à travailler sur des biotechnologies bannies en France, et dont la culture est toujours très limitée en Europe, raconte Rémi Bastien, directeur général de Limagrain Europe.

Le Parlement a interdit début mai la culture du maïs transgénique en France. La France souhaiterait revoir les procédures d'autorisation de cultures transgéniques dans l'UE afin que chaque État soit libre de les interdire.

Mais, justifie Rémi Bastien, un groupe à vocation internationale ne peut pas passer à côté de cette technologie qui pèse 175 millions d'hectares dans le monde, et cela d'autant moins que la France est le premier exportateur de semences au monde.

Ici, à Chappes (centre), sont testés 10.000 plants par an, en maïs essentiellement. L'air, l'eau, les végétaux, les déchets: rien n'est rejeté dans la nature sans avoir au préalable subi un traitement de choc pour éviter toute dissémination.

"Les plantes sont détruites sous une cloche de vapeur", explique le chercheur Jacques Rouster. Et "les évaluations agronomiques en plein champ sont réalisées aux États-Unis", s'empresse-t-il d'ajouter.

C'est à l'occasion d'un très rare voyage de presse organisé par Limagrain que les équipes ont montré, rapidement, ce laboratoire à une poignée de journalistes, les autorisant à prendre des photos.

Il s'agit du seul laboratoire de recherche sur les Organismes génétiquement modifiés (OGM) en France, confirme à l'AFP l'inter-profession des semenciers (Gnis).

L'an dernier, l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) avait arrêté son dernier programme de recherche en plein champ sur des peupliers transgéniques.

A ce jour, et depuis son inauguration en 2012, Limagrain n'a recensé aucune tentative d'intrusion d'anti-OGM sur son site. Le groupe, comme les chercheurs d'organismes publics, ne cache pas cependant son inquiétude après la décision la semaine dernière de relaxer 54 faucheurs qui ont détruit une parcelle de vigne transgénique expérimentale de l'Inra à Colmar (est) en 2010.

A Chappes, les équipes planchent sur des OGM résistants aux maladies et aux ravageurs mais aussi sur des OGM adaptés à des situations de sécheresse.

Limagrain, qui consacre 13% de son chiffre d'affaires à la recherche (188 millions d'euros par an), voudrait aussi développer d'ici cinq ans un maïs non OGM résistant aussi au stress hydrique sélectionné par génotypage. Le génotypage, utilisé en élevage également, permet d'isoler certaines caractéristiques d'une variété à partir de sa carte d'identité génétique.

"Les deux approches sont complémentaires parce qu'un OGM répond à une question, la tolérance à la sécheresse par exemple avec un maïs porteur, imaginons, d'un gène de cactus qui lui permettrait de pousser dans le désert. Par génotypage, on va pouvoir travailler sur plusieurs critères: sa résistance au stress hydrique mais également son niveau de rendement", explique Roland Debeuf, directeur de recherche sur le maïs en Europe.

Un jour, la recherche pourra certainement "inclure différents gènes complémentaires" sur une plante transgénique mais "on en est encore assez loin".

Le génotypage a donc de beaux jours devant lui, surtout dans les contrées où les OGM n'ont pas droit de pousser.

Une seule variété d'OGM est aujourd'hui cultivée sur le territoire européen : le maïs MON810, à 95% en Espagne (plus de 100.000 ha). En revanche, une cinquantaine d'autres variétés d'OGM sont autorisées à l'importation pour la consommation animale ou humaine.

Selon les détracteurs des OGM, qui relèvent que leur innocuité n'a jamais été prouvée, les OGM vont aggraver les problèmes environnementaux en entraînant l'utilisation de plus de pesticides sur des plantes justement conçues pour résister aux herbicide. De plus, les cultures non-OGM risquent d'être contaminées par les cultures OGM par dissémination d'un champ à l'autre.

san/fpo/prh/cac

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