Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Ukraine : Akhmetov, "oligarque en chef", et nouveau soutien de Kiev

Ukraine : Akhmetov, "oligarque en chef", et nouveau soutien de Kiev

Ancien soutien de l'ex-président prorusse Viktor Ianoukovitch, l'oligarque Rinat Akhmetov, l'homme le plus riche d'Ukraine, a rallié le camp des autorités pro-occidentales de Kiev de manière fracassante en dénonçant les séparatistes prorusses qu'il accuse de mettre l'Est à feu et à sang.

A 47 ans, Rinat Akhmetov, qui dispose d'une fortune estimée par le magazine Forbes à 12,2 milliards de dollars, a réussi à s'imposer comme l'homme fort de l'Est du pays malgré l'instabilité politique qui a secoué l'Ukraine depuis la chute de l'URSS en 1991.

D'origine tatare, le milliardaire a longtemps été le moteur du régime corrompu de l'ancien président Ianoukovitch, un allié de Moscou dont la trop grande proximité avec les oligarques était violemment critiquée par de nombreux Ukrainiens.

Après des semaines de louvoiement, ménageant séparatistes et membres du gouvernement, M. Akhmetov semble avoir fait son choix : ce sont les autorités de Kiev qui tentent de maintenir l'intégrité de leur pays, alors que l'Est est en proie à de violents combats entre l'armée ukrainienne et les séparatistes prorusses.

Magnat industriel, premier employeur du pays avec ses activités dans la métallurgie, le charbon, l'immobilier, la banque et les médias, propriétaire du club de football ukrainien le Shakhtar Donetsk, il compare désormais les rebelles à des bandits et avertit que leur insurrection pourrait mener à un "génocide".

"Qu'ont fait les (séparatistes) pour nos régions? Qu'ont-ils créé?", s'est interrogé dans un communiqué M. Akhmetov, dont les prises de position dans l'Est sont très écoutées.

L'oligarque a ensuite appelé à un rassemblement pour la paix avant l'élection présidentielle qui aura lieu dimanche, et a accusé la rébellion -dont certains membres sont des Russes- de "mener un combat contre les citoyens de notre région". Son appel a été presque instantanément salué par le ministre ukrainien de l'Intérieur, Arsen Avakov.

"Enfin - de l'énergie de la part de Rinat Akhmetov!", a lancé le ministre, à l'origine d'une opération militaire dans l'Est, pour l'instant peu concluante.

L'intervention d'Akhmetov "va aider (les Ukrainiens) à régler nos désaccords et à faire prendre la poussière à nos fusils", a-t-il poursuivi sur sa page Facebook.

En réponse à l'appel d'Akhmetov à se rassembler pour la paix, le chef autoproclamé de la "République populaire de Donetsk" a annoncé mardi "le début de la nationalisation" des sociétés et usines, que possède Rinat Akhmetov dans la région.

Pour l'Atlantic Council, un groupe de réflexion américain qui a qualifié M. Akhmetov d'"oligarque en chef" de l'Ukraine, le milliardaire tente "d'adapter sa position politique" au résultat du scrutin de dimanche qui a de grandes chances d'être remporté par le candidat pro-européen.

Selon Atlantic Council, M. Akhmetov est préoccupé par la perspective de sanctions occidentales dévastatrices, imposées non seulement à ses partenaires russes, mais aussi à ses producteurs de charbon et d'acier des régions de Donetsk et de Lougansk.

Mais beaucoup se demandent si le magnat a toujours autant d'influence sur la population locale, désormais sous l'emprise des Prorusses, prêts à défier non seulement l'armée ukrainienne mais aussi l'élite politique du pays.

Aux premiers jours des troubles dans l'Est, Rinat Akhmetov a joué en coulisse le rôle de médiateur et a tenté de convaincre les séparatistes de quitter la dizaine de bâtiments gouvernementaux occupés dès le début avril.

Mais ses efforts n'ont pas porté leurs fruits et le magnat a décidé de mettre en place des milices non armées, recrutées parmi ses employés, pour aider à rétablir l'ordre à Marioupol après des violences ayant fait plusieurs morts.

Une décision qui a mis en lumière le peu d'espoir que place le milliardaire dans l'opération lancée par l'armée ukrainienne le 13 avril.

Sans verser une goutte de sang, ses ouvriers armés ont repris le contrôle de la ville d'un demi-million d'habitants, ce qui constitue l'un des revers les plus humiliants jusqu'à présent pour les forces séparatistes.

Le milliardaire n'aime pas raconter ses débuts à Donetsk. Dans un câble diplomatique révélé par WikiLeaks, l'ancien ambassadeur des Etats-Unis John Herbst avait mentionné que M. Akhmetov avait fondé "un refuge pour les truands et les oligarques de Donetsk", un clan dont il était le "parrain".

Des "calomnies", selon le porte-parole du magnat, qui n'ont eu d'ailleurs que peu d'effet sur ses affaires, ou sur ses relations ommerciales avec l'Occident.

zak-all/kat/sym

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.