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Des "selfies" avec l'armée en Thaïlande, malgré la loi martiale

Des "selfies" avec l'armée en Thaïlande, malgré la loi martiale

Certains prennent des "selfies" d'eux avec des soldats dans le centre de Bangkok. Mais dans leur ensemble, les habitants ne prêtent guère attention aux quelques jeeps surmontées d'une mitrailleuse et vaquent à leurs occupations, sans se préoccuper de la loi martiale.

Des mois de manifestations interrompant la circulation, la construction de bunkers protégés de sacs de sable et des jets de grenade réguliers ont immunisé la majorité des habitants de la capitale thaïlandaise contre le stress de la crise.

Trois soldats portant des gilets pare-balles manient mardi la mitrailleuse de leur jeep à une intersection du centre de Bangkok. Ils posent poliment pour des autoportraits, ou "selfies", avec les passants.

Quelques touristes étonnés regardent les militaires postés à ce carrefour de Ratchaprasong, dans un quartier du centre de la mégalopole où se trouvent nombre de grands centres commerciaux et d'hôtels de standing.

C'est dans cette zone, il y a presque quatre ans jour pour jour qu'étaient tombées nombre des quelque 90 personnes tuées lors du mouvement des Chemises rouges -- partisans du gouvernement aujourd'hui au pouvoir. Cette crise s'était terminée par un assaut de l'armée.

"Au combat, au combat!", crie un homme passant à scooter, signe d'un accueil favorable d'une partie de la population à l'entrée de l'armée sur scène.

Des petits groupes de militaires sont montrés à la télévision le long des principales artères de la capitale de cette monarchie constitutionnelle qui a connu de nombreux coups d'Etat à travers son histoire et où l'armée est largement perçue comme un facteur de stabilité.

Le dernier putsch a chassé du pouvoir le Premier ministre Thaksin Shinawatra en 2006, entraînant des crises politiques à répétition depuis.

Mais le sentiment prévalant à Bangkok est celui d'un jour ordinaire, les habitants se pressant pour aller au travail ou au lycée.

"Mes parents m'ont dit de vivre ma vie comme à l'accoutumée", explique à l'AFP Pongtawat Lanlerdphonboon, adolescent de 17 ans.

Plusieurs des personnes interrogées par l'AFP ne sont même pas au courant de la loi martiale, qui donne pourtant de très larges pouvoirs à l'armée pour disperser des manifestations ou censurer les médias. Plusieurs chaînes de télévision ont ainsi cessé d'émettre, sur ordre de l'armée, qui assure que la loi martiale n'est pas synonyme de coup d'Etat.

Les habitants de Bangkok ont eu l'habitude ces dernières semaines de voir des campements militaires aux coins des rues, déployés en raison des risques de violences lors des manifestations.

Ils se sont aussi accoutumés aux jets de grenades et autres tirs d'origine inconnue venant rompre la bruyante ambiance de carnaval des manifestations de l'opposition, avec un bilan d'au moins 28 morts et de centaines de blessés en près de sept mois.

Si les masses rurales et urbaines défavorisées du nord et du nord-est du pays soutiennent largement le gouvernement, les classes moyennes supérieures de Bangkok et les élites proches du palais royal veulent se débarrasser de Thaksin et de ses partisans.

Win, manager dans une entreprise de Bangkok, rencontré dans le centre de la capitale, a appris la nouvelle de la loi martiale en regardant la télévision à son réveil. Et n'a rien changé à son programme de la journée.

"Je ne suis pas inquiet, mais attendons de voir", dit-il. "Maintenant, nous sommes dans une impasse. Je n'ai pas de problème avec la loi martiale, c'est une façon de contrôler les deux parties. Dans quelques jours, la situation sera plus claire", dit-il.

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