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L'ex-trader français Kerviel interpellé en France à son retour d'Italie

L'ex-trader français Kerviel interpellé en France à son retour d'Italie

L'ex-trader français Jérôme Kerviel a été interpellé dimanche soir à Menton (sud de la France) à son retour d'Italie, après avoir vainement tenté d'impliquer le président François Hollande dans sa défense.

A minuit pile, l'ex-trader de la Société Générale a été approché par deux policiers en civil, qui l'ont emmené très rapidement, en voiture. Jérôme Kerviel n'a opposé aucune résistance, ainsi qu'il l'avait annoncé dimanche soir alors qu'il se trouvait encore en Italie.

Juste avant de rentrer en France, Jérôme Kerviel, convoqué par la police française, avait annoncé son intention de se présenter au premier policier qu'il rencontrerait.

"Aujourd'hui je n'ai pas perdu, j'ai passé une magnifique journée auprès des miens, aujourd'hui je suis heureux, je suis libre, je me rends à la police et à la justice", avait-il dit.

"Je n'ai jamais été en fuite, j'ai toujours assumé ma responsabilité", avait-il ajouté.

L'interpellation s'est déroulée très vite, laissant dans un premier temps les soutiens de Jérôme Kerviel désemparés, certains en pleurs.

"C'est violent", a commenté, très ému, le père Patrice Gourrier, compagnon de route de Kerviel, après cette opération éclair, avant d'annoncer "un sit-in silencieux devant le commissariat de Menton".

Jérôme Kerviel était à Vintimille, dans le nord-ouest de l'Italie, depuis samedi.

Plus tôt dimanche, l'ancien trader de la Société générale, condamné à cinq ans de prison dont trois ferme pour des malversations estimées à 4,9 milliards d'euros, avait dit vouloir rester en Italie en attendant une réponse de l'Elysée à sa demande de protection de témoins dans son dossier.

Mais le Parquet général de la cour d'appel de Paris avait indiqué qu'"un mandat d'arrêt européen serait délivré à son encontre" s'il ne se rendait à la convocation du commissariat de Menton, près de la frontière italienne, d'ici à dimanche minuit (22H00 GMT).

Quant au président français, son entourage a fait savoir que "aucune rencontre n'est à l'ordre du jour" avec les avocats de Kerviel et que le chef de l'Etat était "attaché au respect" des décisions de justice.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a pour sa part conseillé à Jérôme Kerviel de "rentrer en France pour purger sa peine", au lieu "d'inspirer des polémiques qui n'ont pas lieu d'être".

M. Kerviel avait demandé dans un communiqué à ce que ses avocats puissent rencontrer François Hollande "afin de lui exposer l'ensemble des dysfonctionnements graves" qui ont, selon lui, marqué son procès.

Jérôme Kerviel, condamné de manière définitive à cinq ans de prison dont trois ferme pour des malversations estimées à 4,9 milliards d'euros découvertes en 2008 - qui avait dissimulé ses prises de risques sur des produits financiers dérivés en introduisant de fausses données dans un système automatisé - avait aussi demandé que l'exécution de sa peine soit suspendue. "Il n'y a aucune urgence à l'emprisonner, sinon à le faire taire", ont avancé ses avocats dans le même texte.

L'ex-trader, seul condamné dans le dossier, et qui continue à accuser son ancienne banque d'avoir couvert ses agissements avant de se retourner contre lui, a demandé samedi au président français de garantir "l'immunité" aux personnes pouvant témoigner en sa faveur.

L'Elysée n'a pas répondu à cette demande, se contentant d'indiquer que si Kerviel sollicitait la grâce présidentielle "sa demande serait examinée selon la procédure habituelle, c'est-à-dire après une instruction et un avis de la chancellerie".

Mais Kerviel avait alors exclu de faire ce recours en grâce.

"Je ne suis pas coupable. Je ne me mettrai jamais à genou face à une décision qui a été inique", a-t-il martelé dimanche au côté de son avocat, David Koubbi.

L'ancien courtier, entré à la Société Générale à 23 ans et aujourd'hui âgé de 37 ans, symbole des dérives qui ont mis à terre le système bancaire mondial comme avant lui le banquier escroc américain Bernard Madoff, s'est métamorphosé en repenti et en pourfendeur d'un système financier "amoral".

Il a achevé à Vintimille plus de deux mois de marche à pied commencée le 5 mars à Rome, après avoir le 19 février échangé quelques mots avec le pape François lors d'une audience générale.

Le pape s'est prononcé à maintes reprises pour une régulation des marchés financiers, contre la corruption et le capitalisme sauvage.

C'est lors de sa marche que Kerviel a appris la validation de sa condamnation à cinq ans de prison par la Cour de cassation. Celle-ci a cependant annulé sa condamnation à rembourser la Société Générale, ouvrant la voie à un procès civil.

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