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L'ex-trader français Kerviel menacé d'un mandat d'arrêt européen

L'ex-trader français Kerviel menacé d'un mandat d'arrêt européen

L'ex-trader Jérôme Kerviel, attendu en France pour y purger une peine de prison, est menacé d'un mandat d'arrêt européen s'il reste en Italie, et ses tentatives d'impliquer François Hollande dans sa défense se heurtent à une fin de non-recevoir.

Alors que Kerviel a annoncé dimanche rester en Italie, en attendant une réponse de l'Elysée à sa demande de protection de témoins dans son dossier, la justice française a indiqué qu'"un mandat d'arrêt européen serait délivré à son encontre" s'il ne se rendait pas d'ici à minuit (22H00 GMT).

"A l'expiration du délai de convocation au commissariat de Menton (sud-est de la France) ce soir à minuit, Jérôme Kerviel sera considéré en fuite et un mandat d'arrêt européen sera délivré à son encontre dans le respect de la décision de justice le concernant", a souligné dans un communiqué le parquet général de la cour d'appel de Paris.

Quant au président français, son entourage a fait savoir que "aucune rencontre n'est à l'ordre du jour" avec les avocats de Kerviel et que le chef de l'Etat était "attaché au respect" des décisions de justice.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a pour sa part conseillé à Jérôme Kerviel de "rentrer en France pour purger sa peine", au lieu "d'inspirer des polémiques qui n'ont pas lieu d'être".

L'ex-trader de la Société Générale avait demandé dans un communiqué à ce que ses avocats puissent rencontrer François Hollande "afin de lui exposer l'ensemble des dysfonctionnements graves" qui ont, selon lui, marqué son procès.

Jérôme Kerviel, condamné de manière définitive à cinq ans de prison dont trois ferme pour des malversations estimées à 4,9 milliards d'euros découvertes en 2008 - qui avait dissimulé ses prises de risques sur des produits financiers dérivés en introduisant de fausses données dans un système automatisé - a aussi demandé que l'exécution de sa peine soit suspendue. "Il n'y a aucune urgence à l'emprisonner, sinon à le faire taire", ont avancé ses avocats dans le même texte.

"J'attends côté italien la réponse du président de la République, sur l'immunité que je demande pour protéger les personnes qui sont prêtes à parler", a écrit Kerviel, réitérant sa position de la veille, quand il avait arrêté sa marche à Vintimille (Italie), juste avant la frontière et la France.

L'ex-trader, seul condamné dans le dossier, et qui continue à accuser son ancienne banque d'avoir couvert ses agissements avant de se retourner contre lui, a demandé samedi au président français de garantir "l'immunité" aux personnes pouvant témoigner en sa faveur.

L'Elysée n'a pas répondu à cette demande, se contentant d'indiquer que si Kerviel sollicitait la grâce présidentielle "sa demande serait examinée selon la procédure habituelle, c'est-à-dire après une instruction et un avis de la chancellerie".

Mais Kerviel a exclu de faire ce recours en grâce.

"Je ne suis pas coupable. Je ne me mettrai jamais à genou face à une décision qui a été inique", a -t-il martelé dimanche au côté de son avocat, David Koubbi.

L'ancien courtier entré à la Société Générale à 23 ans et aujourd'hui âgé de 37 ans, symbole des dérives qui ont mis à terre le système bancaire mondial comme avant lui le banquier escroc américain Bernard Madoff, s'est métamorphosé en repenti et en pourfendeur d'un système financier "amoral".

Il a achevé à Vintimille plus de deux mois de marche à pied commencée le 5 mars à Rome, après avoir le 19 février échangé quelques mots avec le pape François lors d'une audience générale.

Le pape s'est prononcé à maintes reprises pour une régulation des marchés financiers, contre la corruption et le capitalisme sauvage.

C'est lors de sa marche que Kerviel a appris la validation de sa condamnation à cinq ans de prison par la Cour de cassation. Celle-ci a cependant annulé sa condamnation à rembourser la Société Générale, ouvrant la voie à un procès civil.

Le comité de soutien de l'ex-trader compte des religieux catholiques, dont l'évêque de Gap et Embrun Jean-Michel di Falco et un prêtre, Patrice Gourrier. Ce dernier a annoncé dimanche qu'il entamait un jeûne "qui se poursuivra tant que l'incarcération de Jérôme ne sera pas différée".

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