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Le redressement de l'économie indienne, tâche herculéenne pour Modi

Le redressement de l'économie indienne, tâche herculéenne pour Modi

Les espoirs placés dans la capacité de Narendra Modi de redresser l'économie indienne profitent déjà depuis plusieurs semaines à la Bourse de Bombay mais la tache s'annonce herculéenne pour le nouvel homme fort de l'Inde, préviennent les analystes.

Le dirigeant du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) va prendre les commandes du pays dans une période délicate puisque la croissance est au creux de la vague.

Le chef de l'exécutif de l'Etat prospère du Gujarat, qu'il dirige depuis 2001, a concentré sa campagne sur la relance de l'économie, promettant de nouvelles infrastructures et des emplois pour des millions de jeunes.

Mais ces promesses suscitent le scepticisme chez certains analystes, en dépit des milliards de dollars placés récemment par des investisseurs étrangers redevenus plus confiants dans les capacités de l'Inde.

"Les politiques indiens promettent la lune pour être élus", relève l'économiste Rajeev Malik, de la banque d'investissement CLSA.

Croire que Modi pourra rapidement transformer l'Inde est simpliste, selon ces économistes.

"La baguette magique n'existe pas", souligne D.K. Joshi, chef économiste de l'agence de notation Crisil.

L'Inde est confrontée à une économie au ralenti, avec une croissance de 4,9% sur 2013/14 contre 9% il y a deux ans et une inflation qui frôle les 9%.

Le manque criant d'infrastructures freine l'industrialisation et une loi a récemment rendu plus compliquée l'acquisition de terrains pour y construire des usines. Les entreprises déplorent en outre un code du travail rigide qui rend difficile l'embauche de nouveaux salariés.

Arun Jaitley, pressenti pour devenir ministre des Finances d'un gouvernement Modi, a prévenu les mois dernier qu'il y avait peu de perspective de réforme rapide du marché du travail.

Pour ces réformes, Modi devra vaincre les réticences nombreuses au changement, y compris au sein du BJP où existe un fort courant protectionniste, peu enclin à l'ouverture de l'économie indienne.

Le parti a promis que les investisseurs étrangers seraient les bienvenus dans la défense et les infrastructures mais il s'oppose à l'ouverture de la grande distribution aux étrangers, voulue par le précédent gouvernement du Congrès.

S'il a réussi à centraliser le pouvoir dans le Gujarat et à brider la bureaucratie locale, la tache s'annonce plus compliquée au niveau national où il devra gouverner par le consensus, les Etats indiens gardant de nombreuses prérogatives.

L'économiste de JP Morgan Sajjid Chinoy relève ainsi que "75% à 80% des problèmes rencontrés sur le terrain sont en dehors de la compétence directe du gouvernement central".

"Certains projets prêts à être mis en place pourraient donner un coup de pouce à la croissance sur un ou deux trimestre. Mais une reprise plus durable sera bien plus compliquée et longue à obtenir", ajoute-t-il.

La plupart des analystes tablent sur une croissance de 5,5% en 2014/15 et une accélération à 6,5% l'année suivante.

Le bilan économique de Modi dans le Gujarat, si souvent mis en avant par son leader, prête en outre à discussion, selon les économistes, cet Etat étant une terre traditionnelle d'entrepreneurs où la croissance a toujours été supérieure à celle du pays.

Le mot d'ordre du Premier ministre élu de l'Inde "gouvernement minimum, gouvernance maximum" le distingue nettement de l'orientation socialiste imprimée par Jawaharlal Nehru après l'indépendance, le secteur public conservant une place importante dans l'économie.

Jagdish Bhagwati, professeur à la Columbia University de New York, loue la volonté du leader du BJP de réduire la place du gouvernement dans l'économie, y voyant "une bouffée d'air frais".

"Pour le moment, nous sommes dans l'euphorie de l'élection", relève Miguel Chanco, économiste de Capital Economics.

Mais les marchés perdront rapidement patience si les promesses ne se concrétisent pas: "l'optimisme des investisseurs peut rapidement se transformer en désillusion", privant le pays de capitaux étrangers, prévient-t-il.

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